FR :
Comment publier ses écrits lorsqu’on est une femme française du dix-huitième siècle ? C’est une question que les femmes philosophes engagées de l’époque de la Révolution sont forcées de se poser : contribuer aux débats politiques aura peut-être un effet salutaire sur la place de la femme dans la société à venir.
Mais qui voudra dépenser de l’argent pour promulguer les écrits de celles qui ne pourront pas les défendre à l’Assemblée, puisqu’elles ne sont pas citoyennes ?
Je proposerai trois modèles : celui de Madame Roland qui se présenta longtemps comme la compagne et secrétaire de son mari, et qui pourtant écrivit ses discours les plus importants ; celui de Sophie de Grouchy, qui collabora avec son mari Condorcet mais ne put publier ses propres écrits qu’après la Révolution ; enfin celui d’Olympe de Gouges, qui paya elle-même l’impression et la diffusion de ses nombreux écrits. Malgré leurs efforts, ces femmes furent remises à leur place plus ou moins violemment par une société révolutionnaire qui n’acceptait pas qu’elles puissent participer à ses réformes.
EN :
What can a woman from 18th Century in France do to get published ? That is a question which women philosophers who were involved in politics in the revolutionary era were obliged to ask themselves. Contributing to political debates might have a beneficial effect on the status of women in the society of the future. But who would want to invest money to promulgate the work of those who could not defend it in the Assembly, because, as women, they were not citizens ? I propose three models : that of Madame Roland, who represented herself for many years as the companion and secretary of her husband, and who nonetheless wrote his most important discourses ; that of Sophie de Grouchy, who collaborated with her husband, Condorcet, but was only able to publish her own writing after the revolution ; finally, that of Olympe de Gouges, who paid herself for the printing and distribution of her numerous works. Despite their efforts, these women were put in their place more or less violently by a revolutionary society that did not accept that they could participate in its reforms.