Comptes rendus

Velleman, David, Foundations for Moral Relativism, Cambridge, Open Book Publishers, 2013, 108 p.[Notice]

  • Hugo Tremblay

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  • Hugo Tremblay
    Université Laval

Le relativisme moral n’est pas la position métaéthique ayant la meilleure presse. Outre les critiques visant la cohérence de la position, plusieurs auteurs sont d’emblée réticents à l’idée de défendre le relativisme en raison des conséquences morales qu’il impliquerait (nous ne pourrions par exemple pas critiquer les jugements moraux d’autrui). Contre ces arguments et ces craintes, David Velleman nous propose The Foundations of Moral Relativism, un bref ouvrage divisé en six chapitres présentés par l’auteur comme des essais indépendants. Mais, une fois mis en commun, ces essais offriraient une explication relativiste acceptable. Pour ce faire, l’auteur adopte une stratégie fort pertinente. Plutôt que de consacrer l’ouvrage uniquement à la réfutation d’arguments contre le relativisme, Velleman soutient une théorie de l’agentivité ayant comme conséquence de mener au relativisme moral. Il ne s’agit donc pas de reformuler des arguments déjà connus, mais plutôt de donner de nouveaux fondements à ces derniers. Dès le début du chapitre I, Velleman se dissocie de certaines erreurs connues du relativisme. Il note que l’observation empirique de pratiques morales divergentes et incompatibles n’est pas suffisante pour justifier philosophiquement le relativisme moral — ce serait passer de l’être au devoir être — et qu’il nous faut donc aller au-delà de ce constat pour déterminer les fondements du relativisme moral. Il admet que les normes morales ne doivent pas simplement être réduites aux moeurs des cultures. Les normes morales ont en effet une force normative que les moeurs n’ont pas. Il reconnaît que le relativisme ne peut impliquer des obligations du type « nous devons nous conformer aux normes morales de nos communautés », car un tel énoncé exprime une norme absolue et universelle. Et il soutient que le relativisme qu’il défend ne suppose pas qu’il y ait des questions morales universelles auxquelles les communautés donneraient des réponses particulières et contextuelles. Le chapitre II, Virtual Selves, s’articule autour de l’un des piliers de la théorie de l’agentivité de Velleman : un agent cherche à comprendre autrui et à être compris par celui-ci. Pour en venir à cette conclusion, l’auteur adopte un angle d’attaque original : il fait appel à l’idée d’agent virtuel en s’inspirant du jeu Second Life. Dans un univers virtuel, l’agent virtuel ne peut se dérober aux lois et règles prédéfinies de cet univers. Il doit agir et interagir avec les autres personnages en fonction de normes qui limitent et orientent son comportement. Pour qu’un agent virtuel puisse être compris par autrui, celui qui contrôle le personnage doit s’assurer que les autres puissent interpréter ses différentes actions à la lumière des normes qui régissent son univers. Mais au-delà de l’interprétation des actions ponctuelles du personnage, pour avoir affaire à un agent, la « personnalité » du personnage doit demeurer cohérente et unifiée, compte tenu de l’ensemble des possibilités offertes dans son monde. Et ce n’est pas tout, un agent doit aussi être apte à reconnaître que les autres agents font de même. Les interactions dans lesquelles un agent s’engage ont toujours pour objectif à la fois de partager un message qui a du sens pour l’agent, mais aussi de démontrer qu’il saisit le sens de ce que les autres agents cherchent à partager avec lui. En tant qu’agents, nous sommes continuellement engagés dans des projets de compréhension mutuelle. Une fois cette thèse posée, Velleman définit plus précisément dans le chapitre III en quoi consiste une action qui a du sens. Le concept central est celui d’action « ordinaire ». Peu importe ce que nous faisons, nos actions peuvent toujours être considérées comme « ordinaires » relativement à un cadre d’interprétation donné : les …

Parties annexes