Résumés
Résumé
Peut-on raisonnablement penser qu’un même phénomène naturel, comme l’esprit par exemple, puisse en même temps être continu et discontinu avec les processus physico-chimiques qui conditionnent son advenue au monde ? Autrement dit, est-il possible de construire une philosophie de la nature qui rejette simultanément la dichotomie métaphysique et la pure identité, c’est-à-dire qui se situe sans contradiction sur la ligne de séparation entre le dualisme et le matérialisme ? En y répondant par l’affirmative, John Dewey et Lloyd Morgan, deux pionniers respectifs du pragmatisme et de l’émergentisme au siècle dernier, ouvrirent la voie d’un nouveau naturalisme antiréductionniste. L’objectif de cet article est, d’une part, de montrer comment ces deux auteurs cherchèrent à relever ce défi en mobilisant le concept d’émergence ; d’autre part de préciser la nature des divergences d’interprétation et d’usage du concept chez Morgan et Dewey.
Abstract
Can we reasonably conceive of a given natural phenomenon, say, the mind, that can at the same time be continuous and discontinuous with the physico-chemical processes that give rise to it ? In other words, is it possible to vindicate a philosophy of nature that simultaneously rejects the metaphysical dichotomy and the pure identity, or that consistently stands on the line that separates dualism and materialism ? By answering these questions positively, John Dewey and Lloyd Morgan, respectively pioneers of 20th century pragmatism and emergentism, have opened a path towards a new antireductionist naturalism. The purpose of this paper is, on the one hand, to show how both authors have met this challenge through the use of the concept of emergence and, on the other hand, to explicate the different ways in which both authors have construed and used the concept of emergence.