Disputatio

Commentaire sur l’ouvrage de David W. Smith, Husserl[Notice]

  • Eduard Marbach

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  • Eduard Marbach
    Université de Berne

Je voudrais soumettre quelques remarques relatives au chapitre VI, « Phenomenology II. Intentionality, method, and theory », 236-314, et en particulier sur quelques passages dédiés à la notion de noème dans la discussion de la structure de l’intentionnalité. Je suis conscient du fait qu’en choisissant la problématique du noème je n’ai guère quelque chose d’original à offrir. Mais vu que cette problématique occupe une place centrale dans l’ouvrage si riche de DWS ici commenté, il peut être utile de s’y arrêter un peu et d’essayer de susciter de la part de l’auteur une réponse supplémentaire à la présentation de la matière offerte dans l’étude. Car, je l’avoue, je ne suis pas convaincu que l’interprétation proposée par DWS, qu’il appelle « the mediating-sense model », rende justice à la conception husserlienne du noème. Avant de me lancer dans mon argumentation en faveur d’une autre lecture des textes, je voudrais toutefois souligner combien, à beaucoup d’égards, je suis fort impressionné par le grand ouvrage de DWS qui réussit à présenter une idée approfondie de nombreux aspects de la vaste oeuvre de Husserl, suscitant ainsi l’intérêt d’y pénétrer davantage. La discussion de la structure de l’intentionnalité « via un noème » me fait pourtant problème. Il faut cependant tout de suite se rappeler que le concept de noème est parmi les plus controversés dans la littérature, et l’un des mérites de l’ouvrage de DWS est justement qu’il discute aussi des modèles alternatifs du noème afin de mieux mettre en relief sa propre approche qui forme la clé du modèle souvent dit « frégéen » de l’intentionnalité, ou plutôt, comme DWS l’exprime de manière frappante, de ce que l’on pourrait appeler « the “Husserlian” interpretation of Frege’s theory of reference » (263). Il est sans doute aussi sage de reconnaître avec Denis Fisette (1994) dont le traité, Lecture frégéenne de la phénoménologie, m’a beaucoup éclairé, « l’existence de contradictions dans l’oeuvre de Husserl » (p. 67). Après la lecture de DWS (2007), hélas, je continue à me rallier à l’analyse fort détaillée de la problématique concernant le concept du noème telle que l’ont proposée il y a longtemps déjà Robert Sokolowski (par ex., 1984) et, particulièrement, John J. Drummond (1990, 1992). Dans ce commentaire, je propose, non pas un résumé de cette interprétation parallèle, mais plutôt d’esquisser comment moi-même, lecteur de Husserl et relativement familiarisé avec le développement de sa pensée à la suite des Recherches logiques de 1900-1901, évalue l’introduction dans le champ phénoménologique de ce que Husserl appellera « noème » et qui lui permettra d’étudier systématiquement les « structures noético-noématiques » ainsi que « le sens noématique et la relation à l’objet » dans la « phénoménologie pure » des Ideen I de 1913. Pour le dire tout de suite, je finirai par soutenir une lecture selon laquelle le noème est en quelque manière (à préciser) lui-même l’objet visé dans tel ou tel acte intentionnel. Par contre, dans la section « Intentionality via Meaning : The Doctrine of the Noema » (257ff.), DWS décrit ce qu’il appelle « Husserl’s basic story of intentionality » comme suit : Et quand DWS discute « la constitution des objets dans le monde », il fait naturellement usage de sa présentation de la « structure of intentionality via noema (cum horizon) » (300ff.). Ainsi il écrit : Pour ma part, je ne vois pas pourquoi on aurait besoin d’introduire un « medium » de l’intentionnalité afin de comprendre comment Husserl entend élucider l’expression « conscience de quelque chose » et, partant, comment il entend traiter des « problèmes fonctionnels portant sur …

Parties annexes