Résumés
Résumé
Dans cet article je mets en évidence quelques problèmes conceptuels importants posés par le prétendu phénomène de la génération spontanée, en montrant comment ils étaient liés historiquement à la question théorique des origines et de l’ontologie des espèces biologiques. Au XVIe et XVIIe siècle tout particulièrement, la possibilité que des formes organiques soient générées dans la matière inorganique supposait la possibilité que le hasard gouverne non seulement l’apparition d’une anguille ou d’une souris, mais qu’il gouverne l’apparition originelle de leurs espèces mêmes. En outre, dans la conception de la reproduction sexuelle que le mécanisme parvient à répandre, toute génération, des êtres humains aussi bien que des anguilles, menace de ne plus s’expliquer autrement que par ce que Descartes appelle « les causes mineures ». Ainsi, comme je tenterai de le prouver, les problèmes théoriques que la génération spontanée, telle que le début de la modernité la concevait, posaient à la compréhension de l’ontologie des espèces, n’étaient pas essentiellement différents de ceux soulevés par l’explication mécaniste de la reproduction sexuelle, et si nous n’accordons pas à ce fait l’attention nécessaire, nous perdons de vue, je pense, un facteur important dans le rejet ultime de la génération spontanée.
Abstract
In this article I shall draw out some of the important conceptual problems posed by the purported phenomenon of spontaneous generation, showing how these problems were historically connected with the theoretical question of the origins and nature of biological species, and above all with the problem of their boundaries. In the 16th- and 17th- centuries in particular, the possibility of organic forms arising from inorganic matter carried with it the possibility that chance governs not only the emergence of an individual eel or mouse, but indeed governs the original emergence of the mouse- and eel-kinds. Moreover, on the newly ascendant mechanist understanding of sexual reproduction, all generation, whether of eels or of horses and men, now threatened to be exhaustively accounted for in terms of what Descartes called ‘minor causes’. Thus, I argue, the sort of problems that spontaneous generation was perceived to bring about for the early modern understanding of the ontology of species were not in principle any different from the problems posed by the mechanist account of sexual reproduction, and if we fail to note this, I show, we overlook an important factor in the eventual demise of spontaneous-generation theory.