Résumés
RÉSUMÉ
La philosophie de Quine n'aurait pas lieu d'être s'il y avait des propositions. L'existence de celles-ci rangerait la logique aux côtés des mathématiques ; la rupture entre, d'une part, la science et, d'autre part, le langage et le sens commun serait alors établie et le programme empiriste devrait renoncer à rendre compte du fait de la science ; ce qui était précisément son but initial. Quine a si brillamment analysé les difficultés de la notion de proposition , qu'on a peu songé à examiner la nature de ce par quoi il les remplace : les énoncés. En s'appuyant sur des considérations élémentaires ressortant à des matières scientifiques philosophiquement neutres, on tente de montrer que la notion d'énoncé n'est :
(1)ni logiquement distincte (où « logiquement » signifie conforme aux lois de la logique et non pas à un mode de raisonnement particulier) de la notion de proposition : c'est une notion confuse ;
(2)ni linguistiquement claire (où « linguistiquement » signifie conforme à la théorie générale des langages) : c'est une notion obscure.
ABSTRACT
There would be no room for Quine's philosophy if there were propositions. In that case, logic, together with mathematics, would be cut from language and common sense knowledge so that the empiricist program would not be able to account for the fact of science, whereas it was its initial aim. Quine's criticism of the notion of proposition is so bright that one often forgets to scutinize what is substituted to propositions: sentences. This paper, relying on elementary scientific considerations belonging to philosopically neutral fields of science, attempts to show that the notion of sentence is:
(1)neither logically distinct from the notion of proposition (where “logically” means in accordance with the general laws of logic): it is a confused notion,
(2)nor linguistically clear (where “linguistically” means in accordance with the principles of formal language theory): it is an obscure notion.