Résumés
RÉSUMÉ
Dans L'illusion philosophique, son tout premier livre paru en 1936, Jeanne Hersch retrace les principales étapes de l'histoire de la philosophie occidentale selon l'hypothèse de la destruction progressive et nécessaire par la philosophie de sa propre illusion fondatrice. Je propose d'élargir cette perspective en montant que l'inhérence de l'illusion à la spéculation philosophique tient au rôle primordial qu'y joue l'imagination symbolique, dont le refoulement par la pensée directe, pour laquelle opta graduellement l'Occident, sous-tend et scande l'histoire de la destruction de l'illusion philoso- phique. Cette enquête m'achemine à la philosophie kantienne qui, en même temps qu'elle accomplit la dernière étape de cette histoire, en appelle cependant, notamment dans la Critique de la Faculté de Juger, à une réhabilitation philosophique du symbolisme, dont Kant semble avoir attendu, à la fin, une représentation de ce qui répondrait à la question : « Was darf ich hoffen ? ».
ABSTRACT
In her very first book L'Illusion philosophique, published in 1936, Jeanne Hersch outlines the different periods of the history of western philosophy from the point of view of the progressive and inevitable destruction of its own fundamental illusion. I propose to extend this view by showing that illusion is ingrained in philosophical speculation because symbolical imagination is a fundamental function therein. Repression of imagination by rational thought, for which western learned culture gradually opted, underlies the history of the undoing of philosophical illusion. The inquiry leads me into Kantian philosophy. Criticism achieves the last step of the historical process of this destruction, but it also calls for a philosophical rehabilitation of symbolism, especially in the Critique of Judgment. Finally, Kant seems to have expected symbolism to give a representation of the answer to his question : " Was darf ich hoffen ? "