Revue des revues

Jeu, nos 169, 170 (2018-2019)Études théâtrales, no 66 (2017)Thaêtre, no 4 (2019)[Notice]

  • Karolann St-Amand

De 2017 à 2019, les dossiers thématiques de plusieurs revues, en France comme au Québec, ont témoigné de préoccupations sociales. On souhaite donner la parole aux femmes, et rendre compte de la situation planétaire et des conditions actuelles de la pratique théâtrale. Alors que la revue Jeu a traité consécutivement de la formation de l’acteur·trice et des métiers de la scène, Études théâtrales s’est penchée sur les mutations contemporaines du corps. De son côté, la revue numérique Thaêtre a consacré son chantier aux climats du théâtre au temps des catastrophes, particulièrement celle de Fukushima. Raymond Bertin dédie le numéro 169 de Jeu aux regretté·es de la scène théâtrale, Albert Millaire, Gilles Pelletier et Johanne Fontaine, qui ont joué un rôle important dans la transmission de la formation de l’acteur·trice. L’objectif du dossier thématique est de témoigner de certains enjeux actuels des arts vivants, en mettant l’accent sur la diversité de la formation. Il porte sur l’enseignement du jeu et ses différentes approches, et sur l’offre des écoles de théâtre. François Jardon-Gomez a rencontré les porte-paroles des six grandes écoles pour faire un bilan de leurs programmes de formation en interprétation. Il les a notamment interrogé·es sur l’adaptation des cours aux réalités actuelles de la scène théâtrale, sur les manières utilisées pour préparer les étudiant·es à intégrer le milieu au sortir de l’école. Tous et toutes s’entendent pour favoriser la diversité et « pour privilégier la polyvalence des types de jeu enseignés ». Les écoles partagent une même perspective : elles insistent sur la pratique, sur l’importance de la répétition dans l’apprentissage du jeu. Suivant le même filon, Sara Thibault s’est penchée sur les réponses des écoles de théâtre face aux demandes grandissantes de l’industrie envers les jeunes professionnel·les. L’industrie a connu une transformation importante au courant de la dernière décennie, notamment avec le développement des technologies numériques. Les cursus scolaires connaissent peu de modifications. Les écoles ont tout de même introduit, dans les dernières années, « des cours de gestion de carrière, d’administration et de préparation au marché du travail », mais aussi des ateliers et des conférences avec des hôtes du Conseil des arts du Canada, de l’Union des artistes (UDA) ainsi que de diverses associations professionnelles oeuvrant dans le milieu théâtral. De son côté, la comédienne Pénélope Deraîche Dallaire partage ses réflexions sur les liens entre la recherche-création dans un cadre universitaire et le milieu théâtral. Étudiante à la maîtrise en théâtre à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), elle ressent un sentiment d’imposture qui « témoigne […] d’une tension existante, […] d’un hiatus entre théorie et pratique, entre université et milieu artistique ». Selon la comédienne, un dialogue devrait être plus présent entre l’école et le théâtre, notamment par des initiatives comme celle du groupe de recherche PRint (Pratiques interartistiques et scènes contemporaines), dirigé par Marie-Christine Lesage, qui organise des rencontres où se réunissent, entre autres, des créateur·trices et des universitaires. Raymond Bertin s’est quant à lui entretenu avec Robert Dion et Frédéric Gosselin sur l’importance des approches physiques dans l’enseignement du jeu. Selon eux, « les approches du jeu en vue d’augmenter la présence en scène font l’objet de recherches stimulantes. Les notions de flow et de communitas sont des pistes à explorer en création ». Au théâtre, traditionnellement, la tendance est de traduire les émotions par les mots, le texte ayant prépondérance sur tout le reste. Des pédagogues comme Dion tentent de rectifier le tir avec l’enseignement d’une approche physique du jeu, où l’émotion passerait plutôt par le corps, par le mouvement. Gosselin travaille à partir de la notion de communitas, soit « ce …

Parties annexes