Résumés
Résumé
Dans ce texte, je m’intéresserai à l’existence de traces archivistiques attestant de la féminisation d’un discours public sur la langue dans la région de Moncton dans la période précédant l’adoption du bilinguisme officiel par la province du Nouveau-Brunswick. En mobilisant un petit corpus d’archives de presse datant de 1947 à 1965, je propose une réflexion sur la mise en discours par les femmes d’une honte linguistique. En effet, Annette Boudreau (2021) développe amplement la notion de « honte sociale » dans son plus récent ouvrage qui s’intitule Dire le silence : insécurité linguistique en Acadie 1867-1970. Elle conçoit la honte comme participant à l’insécurité linguistique et identitaire d’un groupe, source de silence collectif (apprendre à se taire). Pour ma part, je m’appuierai sur Boudreau afin de mener une réflexion théorique sur la honte à partir de paroles de femmes. L’objectif sera d’examiner comment les archives de femmes permettent de penser la honte linguistique au-delà du silence pour s’intéresser au discours d’émancipation linguistique.
Mots-clés :
- Archives de presse,
- histoire de femmes,
- Moncton,
- Acadie,
- honte linguistique,
- discours public
Abstract
In this paper, I will examine the existence of archival evidence of the feminization of a public discourse on language in the Moncton area in the period preceding the adoption of official bilingualism by the province of New Brunswick. By mobilizing a small corpus of press archives dating from 1947 to 1965, I propose a reflection on women’s discourse on language shame. Indeed, Annette Boudreau (2021) develops the notion of “social shame” at length in her most recent book entitled Dire le silence : insécurité linguistique en Acadie 1867-1970. She conceives shame as integral to linguistic and identity insecurity, as well as a source of collective silence (learning to keep silent). For my part, I will draw on Boudreau’s work to examine how women process linguistic shame. The goal will be to reflect on how women’s archives allow us to think about linguistic shame not through the prism of silence, but through the act of speaking out as a form of language emancipation.
Keywords:
- Press archives,
- women’s history,
- Moncton,
- Acadia,
- language shame,
- public discourse
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Note biographique
Isabelle LeBlanc est professeure au Département d’études françaises à la Faculté des arts et des sciences sociales, au campus de Moncton. Ses recherches l’amènent à étudier la sociolinguistique citoyenne en Acadie ancrée dans les récits et les vécus de femmes et de minorités de genre. Isabelle s’intéresse à historiciser le croisement entre langue, genre et pouvoir en Acadie. Elle est également la directrice scientifique du groupe de recherche sur les archives et les femmes en Acadie (GRAFA). Elle a été directrice par intérim de l’Institut d’études acadiennes pendant l’année universitaire 2022-2023.