Résumés
Résumé
Le répertoire ancien de tradition orale en langue bretonne — se rapportant à des faits antérieurs au xixe siècle — reflète un discours issu d’une source orale, bretonnante, partiellement populaire et massivement rurale, soit l’inverse des sources écrites, urbaines, lettrées et francophones qui constituent les bases de la documentation historique. Or, en qui concerne le regard porté sur les héros politiques, le propos de la chanson s’avère souvent différent de celui des archives écrites, reflet du discours officiel. Il s’agit donc de s’interroger sur la subjectivité de cette expression de la marge afin d’apprécier en quoi elle constitue une forme de résistance face au discours du centre. Le choix des héros retenus par la tradition pose la question d’une mémoire sélective et longue, qui perpétue le souvenir de personnages dont l’identification et les références historiques ont souvent perdu de leur sens. Le traitement des épisodes retenus invite à s’interroger sur les processus de mythification des héros, la question de la réécriture de l’histoire officielle ou encore la capacité de conservation de la réalité historique au fil de la transmission. La question de l’origine des chansons à contenu politique se pose également : celles-ci sont-elles toujours d’inspiration plus ou moins lettrée? Quelle place existe-t-il pour un discours de création plus proprement populaire? De même, l’interrogation porte sur les destinataires des chansons et sur l’utilisation de la chanson comme arme de propagande, mais également sur le réinvestissement de la marge par le centre lorsque le politique estime pouvoir en tirer profit, ou sur la question de l’assimilation d’un discours lettré dans la tradition populaire.