Résumés
Résumé
En 1855, les immigrés acadiens des Îles-de-la-Madeleine débarquent à Natashquan avec cette coutume de courir la mi-carême, déguisés, masqués. Présente partout au Québec au siècle dernier, elle s’est éteinte peu à peu dans les années 1920. Comme par magie, elle s’est enracinée dans certains milieux à caractère insulaire : Île-aux-Grues, Îles-de-la-Madeleine et Natashquan; et, en Nouvelle-Écosse, elle est vivante dans la région de Chéticamp. Bruut! bruut! bruut! Cette formule magique ouvre les portes à Natashquan aussi sûrement que le « Sésame, ouvre-toi » d’Ali Baba! Lors de la troisième semaine du carême, des personnages masqués, déguisés, se promènent dans le village et frappent aux portes. Ils entrent dans les maisons, parfois muets et immobiles, parfois gesticulant comme au théâtre. Quant aux hôtes, ils essaient de découvrir qui se cache sous le masque. C’est cela, le véritable enjeu! Qu’on soit reconnu ou non, cela mérite bien un petit verre. Et là, c’est aussi la fête de la parole qui éclate. Pour perdurer, l’accueil est l’élément essentiel à la survivance de cette coutume. On peut bien se demander ce qui fait encore courir la mi-carême en 2007… Si l’on n’a plus à défier le carême, cela reste un temps fort de la vie sociale, qui favorise la communication en apportant un peu de rêve et de merveilleux. Les jeunes y trouvent leur compte et se mêlent aux aînés. Lever son verre, lever son masque, après être passé incognito dans un milieu où tout le monde est parent, ami, voisin, c’est tout un défi qu’on ne relève qu’à la mi-carême. Ce doit être cela, la résistance des marges…
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Parties annexes
Note biographique
Native de Natashquan sur la Côte-Nord, Bérangère Landry y débute sa carrière d’enseignante. Ce village constitue son terrain d’enquête pour le baccalauréat ès arts en arts et traditions populaires, qu’elle prépare en 1981 à l’Université Laval. De même, son père sera son informateur privilégié pour son mémoire de maîtrise en ethnologie en 1990 sur « Le discours légendaire de Natashquan ». De retour dans les écoles, elle s’intéresse au domaine de la littérature orale : enseignement, recherche, conférences et publications. En 1996, elle devient coordonnatrice à l’Atelier du patrimoine vivant de Québec et travaille de concert avec les artisans des métiers traditionnels. Elle explore les diverses techniques artisanales, les fêtes calendaires et la thématique de la mi-carême en particulier. Retraitée depuis 2002, elle veut valoriser Natashquan et contribue à l’ouverture de la vieille école à l’été 2006.
Notes
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[1]
Arnold Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, tome 1, vol. 4, Paris, Éditions A. et J. Picard, 1947, p. 1064–1068.
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[2]
É.-Z. Massicotte, « La Mi-carême », dans le Bulletin des recherches historiques, Lévis, 1926, p. 136–139.
-
[3]
Mandements des évêques du golfe Saint Laurent, Hauterive, Chancellerie de l’évêché, vol. 1, 1668–1905, 1960.
-
[4]
É.-Z. Massicotte, loc. cit.
-
[5]
Denise Rodrigue, Le cycle de Pâques au Québec et dans l’ouest de la France, Québec, PUL, 1983, p. 196–204.
-
[6]
Collection Bérangère Landry, 1981, recherche personnelle dans les dossiers étudiants déposés aux Archives de folklore de l’Université Laval.
-
[7]
P.J.O. Chauveau, Charles Guérin – Roman de moeurs canadiennes, Montréal, Fides, 1978, p. 121–135.
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[8]
Jean-Charles Landry, Collection Bérangère Landry, 1982.
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[9]
John Landry, Collection Bérangère Landry, 1982.
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[10]
Édith Landry, Collection Bérangère Landry, 2007.
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[11]
Yvon Desautels, Les coutumes de nos ancêtres, Montréal, Éditions Paulines, 1984.
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[12]
Blanche Landry, Collection Bérangère Landry, 1982.
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[13]
Collection Bérangère Landry, 2007.
-
[14]
Jean-Charles Landry, Collection Bérangère Landry, 1982.
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[15]
É.-Z. Massicotte, loc. cit.