Résumés
Résumé
Depuis le début du xxe siècle, les Bretons ont migré en masse vers les États-Unis et le Canada. Certains ont fait fortune dans le domaine de la restauration, notamment en ouvrant des crêperies bretonnes. En se promenant dans les rues de grandes villes comme Montréal ou de plus petites, telles que Québec, l’on peut en croiser quelques-unes dont les propriétaires sont d’origine bretonne. Par le biais de cette communication, je propose d’aller à la rencontre de ces Bretons qui confectionnent des crêpes à 6 000 km de la Bretagne. Qu’ont-ils fait de leurs traditions culinaires et de leur ethnicité au cours du processus de migration? Quelle image de leur culture ont-ils choisi de véhiculer? Qu’est-ce qui expliquerait un tel phénomène de maintien et de renouvellement de leurs traditions? Comment cet élément culturel a-t-il été adapté à la réalité économique? En m’inspirant des enquêtes ethnologiques menées sur les restaurants étrangers à Québec, j’ai privilégié la méthode par observation participante et entretien avec trois propriétaires de crêperies à Québec et à Montréal. J’ai également mangé dans les restaurants concernés afin de prendre note de leurs caractéristiques. Dans cette présentation, j’exposerai d’une part la façon dont cette tradition culinaire s’exprime à travers des lieux, des pratiques et des objets. Autrement dit, je présenterai ce qui fait l’ethnicité des crêperies bretonnes. D’autre part, je soulignerai les divergences et convergences avec les crêperies situées en Bretagne, les métissages réalisés, les représentations véhiculées par les détenteurs de ce patrimoine.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Note biographique
Linda Guidroux effectue son doctorat en ethnologie entre la Bretagne et le Québec, car elle s’intéresse au processus migratoire des Bretons vers le Québec depuis les années 1950, ainsi qu’à leur « retour au pays ». Plus précisément, elle travaille sur la transformation de l’ethnicité de cette communauté entre son territoire d’origine et son territoire d’accueil, son mode d’intégration et son ancrage territorial au Québec. Sa double recherche, réalisée sur des territoires situés en périphérie géographique s’intègre dans les axes majeurs de recherche du Centre interdisciplinaire d’études sur les lettres, les arts et traditions (Célat) de l’Université Laval, notamment celui portant sur la dynamique des espaces interculturels, et ceux du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de l’Université de Bretagne Occidentale, centrés sur l’identité des territoires en périphérie.
Notes
-
[1]
Cette communication s’inscrit dans le cadre plus général de la préparation d’une thèse de doctorat portant sur la migration des Bretons au Québec depuis 1950, l’expression de leur identité culturelle, leurs modes d’intégration et leur ancrage territorial. Cette recherche est préparée en cotutelle entre l’Université Laval à Québec et l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) à Brest, en France.
-
[2]
Costume traditionnel qui est porté jusqu’au milieu du xixe siècle en Bretagne.
-
[3]
Définition de l’Unesco dans Le patrimoine culturel immatériel, Babel, Maison des cultures du monde, 2004, p. 233.
-
[4]
Ibid.
-
[5]
Laurier Turgeon, « La cuisine : manger le monde dans les restaurants étrangers de Québec », dans Laurier Turgeon (dir.), Patrimoines métissés – Contextes coloniaux et postcoloniaux, Paris, la Maison des sciences de l’Homme, et Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2003, p. 163.
-
[6]
Claude Fischler, « Alimentation, cuisine et identité : l’identification des aliments et l’identité du mangeur », dans Pierre Centlivres et Jean-Louis Christinat (dir.), Identité alimentaire et altérité culturelle, Neuchâtel, Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel, 1985, p. 171–172.
-
[7]
Id., p. 68.
-
[8]
Manuel Calvo, « Migration et alimentation », Social Science Information, Information sur les sciences sociales, vol. 21, n˚ 3, 1982, p. 383–446.
-
[9]
Fischler, op. cit., p. 153.
-
[10]
Turgeon, op. cit., p. 163.
-
[11]
Id., p. 161–187.
-
[12]
Deux crêperies à Québec, une seule à Montréal, une à Rimouski et une à Saint-Antoine-de-Tilly.
-
[13]
Pour des questions déontologiques, je ne mentionnerai pas le nom des crêperies étudiées et nommerai leurs propriétaires par des pseudonymes.
-
[14]
Plus précisément de la région de Fouesnant, dans le département du Finistère.
-
[15]
Dans le département du Morbihan, au sud de la Bretagne.
-
[16]
Jean-Pierre Pichette, « Le Principe du limaçon, une métaphore de la résistance des marges », dans l’ouverture du colloque international La résistance des marges, Pointe-de-l’Église, Nouvelle-Écosse, Université Sainte-Anne, 15–18 août 2007.
-
[17]
La plupart des Bretons qui ont ouvert une crêperie ou un restaurant aux États-Unis exerçaient plutôt une profession en milieu agricole ou artisanal en Bretagne.
-
[18]
Fischler, op. cit., p. 32.
-
[19]
Ainsi nommées en Basse-Bretagne, à l’ouest.
-
[20]
Ainsi nommées en Haute-Bretagne, à l’est.
-
[21]
En breton pillig, dont billig est la forme lénifiée après l’article, ar billig. Le ill- de pillig se prononce comme dans le français ville.
-
[22]
Calvo, op. cit., p. 404.
-
[23]
« François-Marie Rohel, “Breton” de Saint-Brieux (Saskatchewan), ou le refus d’une “bretonitude” institutionnelle », au colloque international La résistance des marges, Pointe-de-l’Église, Nouvelle-Écosse, Université Sainte-Anne, 15–18 août 2007.
-
[24]
Ibid.
-
[25]
Calvo, op. cit., p. 405.
-
[26]
L’acculturation est l’« ensemble des phénomènes qui résultent de contacts directs et prolongés entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui sont caractérisés par une modification ou une transformation subséquente dans les types culturels originaux de l’un ou des autres groupes en présence ». Voir l’Office québécois de la langue française, site www.olf.gouv.qc.ca.
-
[27]
Lucille Guilbert et Normand Labrie, Identité ethnique et interculturalité – État de la recherche en ethnologie et en sociolinguistique, Québec, Université Laval, « Rapports et mémoires de recherche du Célat », tome I, 1990, p. 1.
-
[28]
Claude Fischler, L’Homnivore, La Flèche, Odile Jacob, 2001, p. 160.
-
[29]
Id., p. 174.
-
[30]
Id., p. 166.
-
[31]
Id., p. 161.
-
[32]
Jacques Barou, « Dis-moi que manges... », dans Ethnologie française, Paris, Musée national des arts et traditions populaires, vol. 27, n˚ 1, 1997 : « Pratiques alimentaires et identités culinaires », p. 7–8.
-
[33]
La fête de la galette de sarrasin qui se tient chaque année à Louiseville, dans la région de la Mauricie, célèbre d’ailleurs ce mets familial.
-
[34]
Anne Muxel, « Temps, mémoire, transmission », dans Mémoires, cultures et tradition, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 27.
-
[35]
Laurier Turgeon, op. cit., p. 23. L’auteur indique ici en note qu’il emprunte cette idée à James Clifford (Routes, Travel and Translation, p. 201–209).
-
[36]
Id., p. 23–24.