Résumés
Résumé
L’étude des variations spatiales de la langue bretonne révèle le rôle très important des centres économiques et des voies de communication et permet de mettre en valeur d’une façon originale leur évolution au fil des siècles. L’approche géolinguistique permet de voir les mots courir sur les routes ou s’arrêter aux montagnes, et de mettre en lumière des zones d’entrée de nouveautés linguistiques et des zones d’archaïsmes qui donnent l’impression de « résister » à ces poussées. Par ailleurs, les choix en matière de standardisation linguistique montrent qu’ils n’ont pas toujours été faits en fonction de ces pôles économiques et qu’il n’a pas toujours été tenu compte des variations dialectales. D’autres critères ont joué un rôle important dans ce cas. Les marges en matière de standard linguistique sont bien différentes et reposent davantage sur des pôles culturels, sur l’influence de la littérature — qui ne s’est pas développée autour d’écoles en Basse-Bretagne, mais plutôt autour de groupes sociaux et d’individus —, et de perceptions sociolinguistiques. La confrontation de la dialectologie et de la sociolinguistique permettra de voir ce qu’est une marge, comment les marges se créent, selon quels processus elles se maintiennent ou non, et montrera qu’un territoire peut constituer une marge à un moment donné et changer de statut, qu’il peut former une marge dans un domaine et être un centre dans un autre.
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Parties annexes
Note biographique
Maître de conférence en celtique, Nelly Blanchard est présidente du département de breton et celtique de l’Université de Bretagne Occidentale et membre du Centre de recherche bretonne et celtique de Brest. Ses recherches nourrissent deux axes : l’un est linguistique et concerne plus précisément la dialectologie et la géolinguistique et, pour le second, qui est littéraire, elle explore surtout les xixe et xxe siècles. Avec Jean Le Dû, elle a codirigé un collectif sur la Dialectologie et géolinguistique (n˚ 13 de la revue Bretagne linguistique), publié par le CRBC en 2004. Elle a aussi donné aux Presses Universitaires de Rennes un ouvrage de littérature élaboré à partir de sa thèse : Barzaz-Breiz – Une fiction pour s’inventer (2006).
Notes
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[1]
François Falc’hun, Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, Paris, Union Générale d’Éditions, 1981.
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[2]
Yves Le Berre,La Littérature de langue bretonne – Livres et brochures entre 1790 et 1918, Brest, Ar Skol Vrezeong/Emgleo Breiz, 1994.
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[3]
Jean-Philippe Dalbera, Des dialectes au langage : une archéologie du sens, Paris, Champion, 2006, p. 71.
-
[4]
François Falc’hun, op. cit., p. 18.
-
[5]
Christian-Joseph Guyonvarc’h, Catholicon, Brest, Armeline, 2005, p. xxxii.
-
[6]
Le Catholicon, le Mirouer de la Mort, rééd. de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ, rééd. de la Vie de Sainte Barbe, la Vie de Sainte Catherine, les Amourettes du vieillard.
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[7]
Yves Le Berre, op. cit., p. 27.
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[8]
Introduction au Sacré collège de Jésus : « mais comme le Dialecte Leonnois est dans nostre langue ce qu’estoit autrefois l’Attique parmy les Grecs, & ce qu’est a present le Toscan dans l’Italie, ie m’y arreste par-dessus les autres… »
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[9]
C’est à cette époque aussi que sont introduits un très grand nombre de mots français dans les textes bretons, mots abstraits le plus souvent, empruntés aux modèles français formant alors un puissant centre diffuseur de culture.
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[10]
Yves Le Berre, op. cit., p. 477–478.
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[11]
Id., p. 143.
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[12]
Id., p. 142.
-
[13]
Id., p. 144.