Résumés
Résumé
Le projet scientifique que revendique aujourd’hui l’ethnologie de la France s’est progressivement constitué au cours des deux derniers siècles. À l’examen des conditions de cette longue élaboration, il apparaît que le « terrain » breton y a joué un rôle de premier plan : depuis l’intérêt manifesté par les antiquaires de l’Académie celtique au début du xixe siècle jusqu’aux objectifs affichés par la Recherche concertée sur programme (RCP) menée à Plozévet dans les années 1960, en passant par les collectes exemplaires effectuées par les folkloristes de la fin du xixe ou encore les enquêtes diligentées par le Musée national des arts et traditions populaires dans les années 1930, l’une et l’autre démarches ayant donné en Bretagne des résultats particulièrement fructueux… Après avoir rapidement rappelé la place effectivement donnée à la Bretagne dans de nombreuses étapes de cette construction du projet scientifique d’une ethnologie de la France, le propos de ma communication sera de tenter de lui trouver des éléments d’explication, au rang desquels faut-il sans doute considérer l’idée même de marge, associée d’une part à la Bretagne « à la marge » (de l’espace national) et d’autre part à ses habitants « en marge » (de la société globale).
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Parties annexes
Note biographique
Jean-François Simon, docteur en anthropologie sociale et historique, est professeur d’ethnologie et directeur du Centre de recherche bretonne et celtique à l’Université de Bretagne Occidentale, Brest. Ses recherches portent surtout sur les modes d’occupation et d’exploitation des espaces ruraux et périurbains en Bretagne (France) — leurs variations dans le temps, leur encodage symbolique. Auteur de Tiez, le paysan breton et sa maison, tome 1 : le Léon (1982) et tome 2 : la Cornouaille (1988), il a aussi été directeur ou codirecteur de publication des collectifs suivants : L’homme et la route en Bretagne (2002), Réinventer pays et paysages (2003), Feux et foyers en Bretagne (2004) et Construire dans la diversité – Architecture, contexte et identités (2005).
Notes
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[1]
Mona Ozouf, « L’invention de l’ethnographie française : le questionnaire de l’Académie celtique », dans les Annales – Économies, sociétés, civilisations, n˚ 2, 1981, p. 210–230.
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[2]
Nicole Belmont, Aux sources de l’ethnologie française – L’Académie celtique, Paris, Éditions du CTHS, 1995.
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[3]
Dans les Mémoires de l’Académie celtique, t. ii, 1808, p. 362–374.
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[4]
Arnold Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain – Tome iii : Questionnaire – Provinces et pays – Bibliographie méthodique, Paris, Picard, 1937, p. 303.
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[5]
Dans Breiz-Izel ou vie des Bretons de l’Armorique, texte d’Alexandre Bouët, dessins d’Olivier Perrin, présentés et commentés par M. le Médecin Général Ch. Laurent, Mayenne, Joseph Floch, et Quimper, Société archéologique du Finistère, 1977, « Préface », p. vii.
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[6]
Jean Cuisenier et Martine Segalen, Ethnologie de la France, Paris, Presses universitaires de France, 1986, p. 9.
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[7]
Par M. Le Men, ancien archiviste du Finistère, avec le concours de la Société archéologique du département et du ministère de l’Instruction publique.
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[8]
C’est-à-dire 20 ans avant la création de la Société d’ethnographie nationale et d’art populaire, fondée en 1895.
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[9]
Armand Landrin, « Les musées d’ethnographie », dans la Revue des traditions populaires, 3e année, tome iii, n˚ 5, mai 1888, p. 241–242.
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[10]
Arnold Van Gennep, op. cit., p. 183.
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[11]
Armand Landrin, « Les musées d’ethnographie », op. cit., p. 244.
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[12]
Cité par Jakez Cornou et Pierre-Roland Giot, Origine et histoire des Bigoudens, Le Guilvinec, Le Signor, 1977, p. 10.
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[13]
Denis-Michel Boëll, « Du folklore à l’ethnologie de la Bretagne : le rôle des Seiz Breur – La Bretagne, terrain des enquêtes ethnographiques du Musée national des Arts et Traditions populaires (1937–1949) », dans Ar Seiz Breur 1923–1947 – La création bretonne entre tradition et modernité (Daniel Le Couédic et Jean-Yves Veillard, dir.), Rennes, Terre de Brume et Musée de Bretagne, 2000, p. 208–231.
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[14]
François Hubert, « Écomusées », dans Dictionnaire du patrimoine breton (Alain Croix et Jean-Yves Veillard, dir.), Rennes, Apogée, 2000, p. 340–341.
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[15]
Jean Cuisenier et Martine Segalen, op. cit., p. 80.
-
[16]
Sophie Chevalier, Jeannette Edwards et Sharon Macdonald, « L’Anthropologie de la Grande-Bretagne : une discipline en plein essor », dans Ethnologie française, vol. xxxvii, 2007, n˚ 2, p. 197–212, p. 199.
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[17]
Id., p. 199.
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[18]
Robert Gessain, « Préface » à André Burguière, Bretons de Plozévet, Paris, Flammarion, 1975, p. 7.
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[19]
François Laplantine, Clefs pour l’anthropologie, Paris, Seghers, 1987, p. 152.
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[20]
Mona Ozouf, « L’invention de l’ethnographie française… », op. cit., p. 210.
-
[21]
Georges Henri Rivière, « À Monsieur le Directeur des Musées de France », dans Musée national des Arts et Traditions populaires, Bretagne – Art populaire – Ethnographie régionale, Paris, Éditions des Musées nationaux, 1951, p. vi.
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[22]
Martine Segalen rapporte comment « dans les années 1970 encore, une anthropologue anglaise venue étudier les mouvements bretons, et notamment celui qui s’attachait au renouveau de l’enseignement de la langue, s’étonnait de ne pas trouver au fond du Finistère des paysans en sabots, mais des fermes modernes et des foyers de dynamisme économique et culturel », dans Ethnologie – Concepts et aires culturelles, Paris, Armand Colin, 2001, p. 260. Il s’agit de Maryon McDonald, « We are not French! » Language, culture and identity in Brittany, London and New York, Routledge, 1989.
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[23]
Gustave Flaubert, Voyage en Bretagne – Par les champs et par les grèves, Paris, Éditions Complexes, 1989, p. 197–198.
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[24]
Eugène Bérest, « Les Voyageurs français en Bretagne », dans Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne – Volume ii(Jean Balcou et Yves Le Gallo, dir.), Paris et Genève, Champion et Slatkine, 1987, p. 190.
-
[25]
A. Cojean, « Un “oui” breton massif », Le Monde, 1er octobre 1992, p. 1 et 10.
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[26]
Philippe Laburthe-Tolra et Jean-Pierre Vernier, Ethnologie – Anthropologie, Paris, Presses universitaires de France, 1993, p. 12.
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[27]
Robert Deliège, Anthropologie sociale et culturelle, Bruxelles, De Boeck-Wesmael, 1992, p. 38
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[28]
D’autres, dans des situations « marginales » comparables, se sont aussi posé la question et ont commencé à y répondre, notamment en Corse, où « une anthropologie conjointe de l’observateur et de l’acteur commence à produire quelques fruits », cf. Charlie Galibert, « L’Épistémè ethno-anthropologique corse – De l’observation distanciée à la tentation d’une ethnologie de l’acteur » dans Revue EspacesTemps.net (www.espacestemps.net/document1185), 18 mars 2005, p. 23.