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Sandra Laugier, une des philosophes francophones à réfléchir le concept du care en philosophie, conçoit « le cinéma comme lieu privilégié de la perception morale » (Laugier, 2006, p. 323). Dans cette perspective, et afin de démontrer comment les éthiques du care sont un outil théorique important pour l’analyse cinématographique, cet article explore les films québécois Laurence Anyways (2012), de Xavier Dolan, et Le sexe des étoiles (1993), de Paule Baillargeon, dans lesquels des personnages hors normes cherchent à concilier leur besoin d’exprimer leur identité trans et leur besoin d’être acceptés par les autres. L’article souligne plus particulièrement le rapport problématique mais inévitable entre dépendance et autonomie, en regardant de près la complexité de l’interdépendance des sujets représentés. Puis, devant l’ambivalence de certaines relations mises en scène dans les deux oeuvres, il est particulièrement pertinent de mettre de l’avant les tentatives de préservation des liens affectifs entre les personnages et de voir comment s’articulent « les conflits entre responsabilité envers soi-même et envers autrui » (Gilligan, 2008, p. 64). Le propos se concentre donc sur l’espace de fiction cinématographique qui offre un regard imaginaire sur les enjeux de l’interdépendance : la revendication particulière d’une voix à soi et, par le fait même, la reconnaissance de la voix d’autrui (Laugier).