Résumés
Résumé
Les mises en scène de la mort reposent originellement sur la maîtrise symbolique d’un événement « dépareillé », qui advient selon ses propres règles. À travers le fil exploratoire de la retenue, cette maîtrise est examinée sous trois de ses acceptions évolutives pouvant néanmoins convivre dans la contemporanéité : 1) l’ambivalence affective reconnue rituellement devant la personnification humaine de la mort; 2) la contenance des « endeuillés » qui, à l’excès, contribuerait aux aléas de l’émotion débridée, à travers divers déplacements telles la médiatisation des morts célèbres et la mise en spectacle de la mort violente, lesquels ne sont pas sans effet sur les modalités même du mourir; 3) au nom de la distinction de l’individu, la maîtrise technologique de l’image qui s’adonne à la rétention des morts, et ce, sous trois cas de figure. Ainsi, de glissements en retournements, la mort gagne en « style ». La question qui se pose alors tient dans ce qu’elle perd plus ou moins de son « autonomie », en étant soumise aux procédés défensifs qui la rendraient acceptable, si ce n’est agréable.
Mots-clés :
- Retenue,
- culture de l’image,
- maîtrise symbolique,
- contrôle technique,
- équivalences vie-mort
Abstract
The staging of death originally based on the symbolic mastery of an “odd” event that happens on its own terms. Through the exploration of the “retaining” theme, this control is examined under three of its evolutionary meanings which can nevertheless be experienced in contemporaneity : 1) emotional ambivalence ritually recognized face up the human personification of death; 2) the phenomenon of discreet “mourning”, if in excess private form, would contribute to the vagaries of unbridled emotion, through various movements such media coverage of famous people and show the layout of violent death, which are not without effect on the modalities of dying process and currently rituals; 3) in the name of the distinction of the individual, technological mastery of the image that engages in the “retention” of the death, from three examples. Thus, slides in turns, death increases in “style”. But the question lies in what it loses more or less of its “autonomy”, being subject to defensive methods that would make it acceptable, if not pleasant.
Keywords:
- Emotional Restraint,
- Symbolic Control,
- Show Culture,
- Technical Control,
- Death as if Life
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Parties annexes
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