Nouvelles perspectives en sciences sociales
Volume 3, numéro 1, septembre 2007
Sommaire (5 articles)
Articles
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Perspectives de recherche et d’action pour la valorisation scientifique : sur quelques expériences hypermédias en archéologie
Julien Mahoudeau
p. 9–46
RésuméFR :
La communication des savoirs scientifiques est un élément essentiel de la science, participant de son ampleur et de ses justifications politiques et sociales. Centrée sur le champ de l’archéologie, la réflexion se focalise ici sur la valorisation hypermedia entendue comme processus de mise en valeur par les techniques digitales des savoirs scientifiques à destination de publics nonspécialistes. Quatre expériences de conception et réalisation d’hypermédias de valorisation du patrimoine archéologique servent de socles pour explorer différentes perspectives : complexité endogène des hypermedias, professionnalisation du médiateur hypermedia, transversalité des dispositifs, complexité exogène. Nous proposons que cette conjonction de perspectives aide à mieux comprendre comment sont définies de nouvelles conditions de recherche et d’action pour la valorisation scientifique. Nous voulons aussi montrer concrètement comment les techniques digitales participent à l’avancée de la science et à la démocratisation des connaissances par le biais d’outils de médiation.
EN :
The communication of scientific knowledge is an essential and integral element of science, taking part in its political and social justifications. Centered on the field of archaeology, the reflexion is focused here on hypermedia valorisation perceived like a process of transmission, by the digital technologies, of the scientific knowledge aimed at a non-specialized public. Four experiments of design and realization of archaeological hypermedias are used to explore various prospects: endogenous complexity of hypermedias, professionalization of hypermedia mediation, transversality of digital devices, exogenic complexity. We propose that this conjunction of prospects helps better understand of how are defined new conditions of research and action for scientific valorisation. We also want to show concretely how the digital technics take part in the progression of science and in the democratization of knowledge by using digitals tools for mediation.
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Éléments de critique des théories de l’action
Mélanie Girard
p. 47–60
RésuméFR :
Malgré de nombreux développements en sciences sociales, les théories de l’action continuent de faire usage d’un appareillage conceptuel dont les concepts apparaissent comme nécessaires les uns aux autres et liés entre eux de façon égalitaire. Ces concepts, en outre, sont compris comme étant à la fois la cause et l’expression de la liberté de l’acteur. A partir de cette structure atomique, dans laquelle aucun concept n’a d’ascendant logique sur les autres, est construite et interprétée l’action humaine. Or, une réflexion approfondie nous révèle que ces concepts — conscience, rationalité, stratégie, intérêt, intention — sont de niveaux sémantiques différents, certains représentant des catégories principielles, d’autres, des catégories analytiques. Elle nous révèle aussi que les liens entre les concepts ne sont pas nécessaires. L’exercice que voici consiste à mettre en question la valeur heuristique de l’outillage conceptuel des théories de l’action; il donne cours, pour une première fois, à la création d’indicateurs pour l’analyse.
EN :
The rational actor theory model consists of concepts which are presented as equal and necessarily interdependent. These concepts are also understood as the cause and the expression of the actor's autonomy. It is surprising that, despite all the developments in social sciences, human action continues to be constructed and interpreted from a perspective in which conscience, rationality, strategy, interest and intention constitute an atomic-like theoretical structure. An in-depth look at this structure, in fact, reveals that these five core concepts are of different semantic levels as well as not necessarily linked theoretically. Through this exercise, we discover that the model does not distinguish between principial and analytical categories. We also realize that while some of these concepts or categories are necessarily correlated, others are not and that the model's heuristic value, therefore, needs to be addressed; a series of indicators are suggested, which may allow for such a verification.
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Rites funèbres et sciences humaines : synthèse et hypothèses
Luc Bussières
p. 61–139
RésuméFR :
Les rites funèbres sont des rites de passage vieux de 100 millénaires. Ils ont différentes fonctions sociales, dont celle de se placer entre la mort et nous, entre la mort et la culture. Plusieurs auteurs de diverses sciences humaines ont écrit à propos des modifications récentes et profondes du monde de la ritualité funéraire en Occident, soit pour parler de déritualisation, soit pour parler d’invention de « nouveaux rituels ». Nous proposons ici une synthèse des savoirs sur la place des rites funèbres fondée par l’observation des sociétés de la tradition et de la modernité, de même qu’une série d’hypothèses, à vérifier empiriquement, en contexte de postmodernité.
EN :
The practice of funeral rites has existed for more than one hundred thousand years. These rites have many social functions, particularly that of erecting a social construct between death and the living, between death and society. Many authors from the social sciences have discussed the recent major changes in funeral rites throughout the Western world, and have suggested either deritualization or the creation of new funeral rites. Through an examination of writings on funeral rites in both traditional and modern societies, we propose a synthesis of the actual state of knowledge about the nature of funeral rites in these societies. We then put forward a number of hypotheses in order to verify if the changes now apparent in postmodern society suggest a change in the very nature of these rites.
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Analyses qualitatives et quantitatives : deux visions, une même science
Simon Laflamme
p. 141–149
RésuméFR :
Cet article suggère que, malgré bon nombre de plaidoiries qui affirment que les méthodes qualitatives et quantitatives sont antinomiques, ces deux types de méthode ont beaucoup en partage et ils sont tous les deux soumis aux mêmes exigences de scientificité. Non seulement jouent-ils des rôles complémentaires dans les sciences humaines, mais, en plus, 1) leurs analyses doivent toujours avoir quelque représentativité, 2) leurs résultats doivent pouvoir caractériser un ensemble étudié, 3) les caractérisations doivent être modulées par les variations individuelles, 4) leurs analyses doivent établir des liens entre les objets/sujets étudiés, et 5) ces analyses sont soumises à la tension qui s’impose entre l’obligation de regrouper les données et celle d’en respecter les particularités.
EN :
Qualitative and quantitative methods are often presented as opposed or contradictory. The present article suggests that these two types of methods have, in fact, much in common and are bound by the same scientific criteria. Not only are their roles, in human sciences, complementary, but also 1) both their analyses are defined by their representative character, 2) their results must characterize a specific group, 3) their characterizations must be adapted according to individual variations, 4) their analyses must establish links between the studied objects/subjects and 5) their analyses are subject to the necessary tension which stems from the obligation of grouping the results without disregarding the distinctive features of the data.
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Un paradigme systémique relationnel est-il possible? Proposition d’une typologie relationnelle
Rachid Bagaoui
p. 151–175
RésuméFR :
Régulièrement les sociologues s’interrogent sur l’unification de leur savoir et sur les moyens d’y parvenir. Certains croient que non seulement l’atteinte de cet objectif est possible, mais qu’ils possèdent déjà un paradigme : l’analyse relationnelle. Paradoxalement, soutiennent-ils, la sociologie, jusqu’à maintenant, n’a pas su se donner ce paradigme comme principe unificateur. Nous défendons l’idée qu’il existe des sociologies relationnelles, comme le montre la typologie que nous proposons. De plus, que la relation ne peut, pour différentes raisons, servir de principe unificateur. Nous voyons en elle plutôt un terrain de confrontation entre les tenants de l’approche relationnelle et au sein de chaque approche se réclamant de l’analyse relationnelle.
EN :
Sociologists regularly wonder about the unification of their knowledge and about the means to reach it. Some of them believe that not only is the achievement of this objective possible, but that they already possess a paradigm: the relational analysis. They support that, paradoxically, sociology, so far, did not know how to give itself this paradigm as a unifying principle. We defend the idea that there are relational sociologies, as shown by the typology which we propose. Furthermore, we defend that the relation cannot, for various reasons, serve as a unifying principle. Rather, we see in it a ground of confrontation between the upholders of the relational approach and within each approach referring to the relational analysis.