Résumés
Résumé
Basé sur une recherche qualitative partenariale menée avec le Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en CISSS et en CIUSSS (RQIIAC), cet article documente les impacts de la pandémie de COVID-19 sur les pratiques des organisatrices et organisateurs communautaires (OC) du réseau québécois de santé et de services sociaux. L’analyse des entretiens réalisés auprès de 42 OC provenant de 12 établissements révèle d’importantes disparités dans la reconnaissance accordée à cette pratique professionnelle lors de cette crise. Les récits d’expérience indiquent également que certain.e.s ont été en mesure d’apporter une contribution spécifique et originale lors de la pandémie.
Mots-clés :
- pandémie COVID-19,
- organisation communautaire,
- santé et services sociaux,
- intervention collective,
- Québec
Abstract
Based on a qualitative partnership research conducted with the Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en CISSS et en CIUSSS (RQIIAC), this article documents the impacts of the COVID-19 pandemic on the practices of community organizers (CO) in the Quebec health and social services network. The analysis of the interviews carried out with 42 COs from 12 establishments reveals significant disparities in the recognition granted to this professional practice during this crisis. The stories of experience also indicates that some of them were able to make a specific and original contribution during the pandemic.
Keywords:
- COVID-19 pandemic,
- community organization,
- health and social services,
- collective intervention,
- Quebec
Corps de l’article
Introduction[1]
L’organisation communautaire en CISSS et en CIUSSS[2] se définit comme une pratique d’intervention de « changement social planifié dans et avec les communautés locales » ayant pour but de « susciter l’organisation et la mobilisation des populations », afin de leur permettre d’acquérir un plus grand pouvoir sur leurs conditions et milieux de vie (Bourque et al., 2007, p. 13). Puisant son inspiration dans différentes pratiques dont celles de la « community organizing » aux États-Unis et celles de l’animation sociale des années 1960 au Québec (Comeau et al., 2018), ce soutien professionnel s’adresse prioritairement aux collectivités les plus affectées par des situations d’inégalités, d’appauvrissement et d’exclusion (RQIIAC, 2020a). Les organisateurs et organisatrices communautaires (OC) occupent un rôle particulier au sein du système de santé et de services sociaux[3] puisque leurs interventions visent à agir sur les déterminants sociaux de la santé à travers la transformation des conditions de vie selon une perspective de réduction des inégalités sociales (RQIIAC, 2020a). À travers les liens étroits tissés avec les différents milieux, les OC facilitent la collaboration entre les organismes publics et communautaires, les établissements de santé et services sociaux et les partenaires socioéconomiques, tout en apportant une contribution notable à la mission de responsabilité populationnelle des établissements (CIUSSS de la Capitale-Nationale, 2018).
La pandémie de COVID-19 n’a pas épargné la pratique professionnelle de l’organisation communautaire. Dès la déclaration de l’état d’urgence sanitaire en mars 2020, les activités des CISSS et des CIUSSS ont été divisées en deux, soit celles devant se poursuivre (par exemple, les services de protection de la jeunesse et les services de crise) et celles pouvant faire l’objet d’un délestage, afin que les établissements puissent réorienter les ressources vers des tâches jugées urgentes et essentielles (Bourque et Avenel, 2020). Relevant de la seconde catégorie, les activités d’organisation communautaire ont été catégorisées comme « non essentielles » et donc susceptibles de faire l’objet de délestage. Alors que dans certains établissements les OC s’affairaient à répondre aux urgences sociales qui se présentaient dans leurs milieux de pratique respectifs, dans d’autres établissements ils et elles étaient réaffecté.e.s à des tâches éloignées de leur pratique habituelle, telles que des activités de soutien dans les CHSLD, de prévention dans les commerces ou même de nettoyage dans les centres de dépistage (Leducq et Bourque, 2020).
Dès la fin du printemps 2020, l’ampleur de la crise laisse présager des conséquences à plus long terme sur le travail réalisé par les OC et sur leurs liens avec les établissements et les milieux de pratique. Le Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en action communautaire en CISSS et CIUSSS (RQIIAC)[4] se donne alors comme objectif d’assurer une vigie de la situation de la pratique professionnelle des OC dans les différents établissements du Québec. Rapidement, une rencontre entre chercheur.e.s et représentant.e.s du RQIIAC permet d’esquisser les contours d’un projet de recherche visant à documenter l’expérience des OC en contexte de pandémie. Plus précisément, il s’agit, d’une part, de rendre compte des impacts concrets de la pandémie sur les pratiques de l’organisation communautaire en CISSS et en CIUSSS et, d’autre part, de comprendre comment la pandémie transforme le regard que les OC portent sur leurs pratiques et plus précisément sur le rôle qu’ils et elles peuvent jouer en contexte de crise. En d’autres termes, de quelles façons l’expérience de la pandémie a-t-elle changé celle dont les OC pratiquent et conçoivent leur métier ?
Cet article présente les résultats de cette démarche de recherche. Dans un premier temps, nous présentons brièvement notre cadre d’analyse, inspiré des théories de l’organisation communautaire et du concept d’ethos professionnel de Fusulier (2011). Dans un deuxième temps, nous décrivons les différentes étapes de ce projet de recherche partenarial qui s’est déployé sur près de deux années. Finalement, nous présentons les principaux résultats de recherche et nous proposons quelques pistes de réflexion sur l’impact de la pandémie, notamment quant à la contribution particulière des OC en temps de crise et aux conditions nécessaires à un tel exercice.
PrÉcisions thÉoriques et mÉthodologiques
Un cadre de référence comme manifestation de l’ethos professionnel des OC en CISSS et en CIUSSS
Pratique singulière et originale au sein du réseau de la santé et des services sociaux, l’organisation communautaire québécoise s’appuie sur un cadre de référence dont les principes sont largement partagés par les OC du Québec oeuvrant au sein des CISSS et des CIUSSS (RQIIAC, 2020a). Issu de plus de cinquante ans de pratique au sein des établissements de santé et de services sociaux québécois[5], d’une réflexion collective de ses praticien.ne.s regroupé.e.s au sein du RQIIAC et alimenté par la recherche scientifique, ce cadre de référence témoigne d’une identité professionnelle forte chez les OC québécois.
Plus spécifiquement, quatre axes forment le coeur de la pratique de l’OC, selon le cadre de référence : le développement des communautés locales, l’action sur les déterminants sociaux de la santé, le soutien aux organismes du milieu et la contribution à la responsabilité populationnelle des établissements (RQIIAC, 2020a). En tant que pratique professionnelle, l’organisation communautaire s’appuie sur une stratégie de liaison qui se décline en cinq grandes dimensions : 1) connaître le milieu ; 2) mobiliser les acteurs ; 3) garantir la cohésion ; 4) démocratiser les rapports au pouvoir ; 5) rendre les ressources accessibles (Lachapelle, 2017). En développement des communautés locales, ce travail de liaison s’actualise au sein d’un ou de plusieurs systèmes locaux d’action (SLA) dans lesquels se croisent différents types de leadership, soit ceux associés aux logiques descendantes des programmes, des experts et des institutions, ainsi que ceux associés aux logiques ascendantes des initiatives locales, des organismes communautaires et des citoyen.ne.s (Bourque, 2008, 2012 ; Lachapelle, 2014, 2017 ; Mercier et Bourque, 2012). Les OC y assument un leadership de processus permettant d’assurer « la construction d’un point de vue collectif » sur la situation ou le problème en cause (Beuret, 2010, p. 46) et le développement d’une « définition autonome et partagée du territoire d’intervention, des problématiques ciblées et de la vision de développement recherché » (Mercier et Bourque, 2012, p. 7). La fonction de liaison est également présente dans le soutien que les OC apportent aux actions transversales visant à agir sur les déterminants sociaux de la santé (RQIIAC, 2010). Il s’agit ici pour les OC de soutenir les organismes et les processus d’action communautaire agissant sur des enjeux tels que l’accès au logement, la lutte à la pauvreté ou la sécurité alimentaire selon un objectif de réduction des inégalités sociales de santé (Bourque et Lachapelle, 2010b).
L’ensemble de ces principes constitue la base d’un ethos professionnel qui agit comme un « dénominateur commun » à travers lequel les OC « se reconnaissent et sont reconnus comme membres d’un groupe professionnel » (Fusulier, 2011, par. 33). À la fois produit et producteur de « significations collectives partagées », l’ethos professionnel influence les représentations que les OC partagent de ce qui apparaît « possible », « normal » et « désirable » dans la pratique de l’organisation communautaire (Fusulier, 2011, par. 36).
Le contexte extraordinaire de la pandémie, bouleversant en profondeur les conditions de pratique, a compromis d’une manière inédite la capacité des OC de mettre en oeuvre les principes au coeur de leur modèle d’intervention. Comment les OC ont-ils recomposé leur ethos professionnel pendant la crise ? Leur expérience de la pandémie a-t-elle transformé de façon durable leur vision de leur pratique ?
Une méthodologie fondée sur les récits de l’expérience des OC en temps de pandémie
Dès le départ, les représentant.e.s du RQIIAC et les chercheur.e.s associé.e.s au projet ont convenu des modalités d’un « espace partenarial de recherche », permettant de reconnaître les expertises respectives et de négocier les termes de la collaboration menant à la réalisation du projet (Fontan et al., 2013). Toutes les étapes de la recherche, de la préparation du devis à la diffusion des résultats, ont ainsi été l’objet de discussions au sein de l’équipe de recherche et tous et toutes ont été mis.es à contribution.
La recherche a reposé sur un devis qualitatif en deux phases. Dans un premier temps, 28 entretiens individuels[6] ont été menés avec des OC au sein de 4 établissements, selon un principe de diversification interne[7] (Poupart et al., 1997). Le recrutement a été effectué par l’envoi par les gestionnaires d’un courriel aux OC, afin de les inviter à contacter l’équipe de recherche pour participer aux entretiens individuels. Ces entretiens ont été réalisés entre le 7 juin et le 15 novembre 2021 (troisième et quatrième vague de la pandémie) et ont duré une à deux heures. Cette première phase avait pour but de recueillir des données portant sur la réorganisation du travail d’organisation communautaire depuis les débuts de la pandémie, des modalités de réaffectation et des impacts sur la pratique professionnelle. Tout en s’intéressant à la narration descriptive des tâches effectuées durant la pandémie, le caractère intime des entretiens individuels a aussi été propice à l’expression des affects des participant.e.s en lien avec le sens accordé au travail. Ces éléments ont alimenté la préparation de la seconde phase de la recherche.
Pour cette seconde phase, nous avons recruté, par le biais du RQIIAC, des volontaires oeuvrant dans d’autres établissements que ceux déjà visés par les entretiens individuels. Deux groupes de discussion ont eu lieu en juin 2022, au moment de la sixième vague. Le premier était formé de sept OC provenant de six établissements différents, alors que le second groupe était composé de sept OC issu.e.s de trois établissements différents. Les groupes de discussion ont duré environ deux heures. Le but de ces entretiens de groupe était de susciter chez les OC une réflexion collective autour de l’impact de la pandémie sur leur travail. Ainsi, les participant.e.s ont été invité.e.s à échanger et à réfléchir aux transformations de leurs pratiques après plus de deux ans de pandémie à partir des premières analyses tirées des entretiens individuels.
Au total, ce sont ainsi 42 OC (34 femmes/8 hommes) provenant de 12 des 17 établissements du réseau, dans différents types de milieux (rural, semi-rural, urbain) et possédant un profil diversifié (d’un à plus de dix ans d’expérience de pratique en établissement), qui ont participé aux entretiens individuels et collectifs, par le biais de l’application Zoom (Tableau 1). Les enregistrements audio ont ensuite été retranscrits et anonymisés. Les verbatims ont fait l’objet d’une analyse thématique de données (Paillé et Mucchielli, 2012) à l’aide du logiciel NVivo, selon six grandes rubriques : 1) Contexte général des équipes ; 2) Impacts de la COVID sur la communauté ; 3) Récit des pratiques d’OC pendant la pandémie ; 4) Impacts de la pandémie sur les pratiques d’OC ; 5) Apports particuliers de l’OC pendant la pandémie ; 6) Comment la pandémie a-t-elle changé l’OC. Les quatre dernières catégories ont été l’objet d’une analyse approfondie ayant généré une quarantaine de thèmes. Tous les membres de l’équipe ont participé à l’analyse approfondie des entretiens en regard des questions de recherche, et ce travail collectif a permis de dégager les grands constats présentés dans la section suivante.
RÉsultats
Les récits des participant.e.s nous ont permis de constater qu’il existait une grande diversité de pratique dans les trajectoires suivies par les équipes d’organisation communautaire au sein des différents établissements pendant la pandémie. Certaines équipes n’ont pas été, ou très peu, réaffecté.e.s à des activités autres que l’organisation communautaire pendant la pandémie. Ces OC ont pu poursuivre leur travail tout en adaptant leurs interventions au contexte particulier et changeant de la pandémie. D’autres équipes ont plutôt vécu des périodes d’alternance au sein de leur équipe entre travail d’organisation communautaire et tâches liées à l’urgence pandémique tout en conservant, dans certains cas, une possibilité d’influencer, du moins partiellement, les modalités de réaffectation. Enfin, dans certains établissements, les équipes d’OC ont vu la quasi-totalité de leurs membres être réaffecté.e.s à des activités sanitaires liées à l’urgence pandémique (enquêtes, contrôle de l’épidémie, nettoyage, soutien à la vaccination, etc.), et ce, pour des périodes prolongées. Cette diversité de trajectoires se traduit par des perceptions très contrastées entre les participant.e.s quant à leurs capacités à apporter une contribution significative pendant la crise et à exercer leur profession selon les principes auxquels ils et elles adhèrent.
Avoir fait une « différence » pendant la pandémie en tant qu’OC
Malgré les difficultés vécues et les défis rencontrés, des OC ayant participé aux entretiens ont le sentiment d’avoir apporté une contribution significative pendant la pandémie et d’avoir exercé un leadership important au sein de leur communauté. Ces OC estiment avoir eu un impact important dans leur milieu bien que cette contribution n’ait pas toujours bénéficié d’une grande visibilité dans le contexte de l’urgence sanitaire.
Les modalités de contribution ont été diversifiées et se sont transformées au fur et à mesure que le contexte pandémique évoluait. L’une des premières tâches assumées par plusieurs OC en début de pandémie a été d’assurer la continuité de certains services jugés essentiels. Ce travail de maintien et de coordination des urgences sociales s’est notamment matérialisé sur le plan de l’aide alimentaire et des services offerts aux personnes itinérantes.
Les OC ont également joué un rôle d’information et de soutien important à l’égard des organismes communautaires, alors que ceux-ci faisaient face à un accroissement des demandes d’aide et que les consignes sanitaires étaient en constante transformation. Alexia[8] a été interpellée par plusieurs groupes communautaires avec qui elle était déjà en lien : « T’sais : “est-ce que tu peux nous aider pour qu’on puisse ajuster nos services, les adapter ?” ou encore “Ça peut être quoi les services ? Comment on les met en place ?” .» Selon plusieurs, la contribution de l’organisation communautaire a permis à des CISSS et CIUSSS de mieux comprendre le contexte des organismes communautaires, des autres partenaires et des personnes en situation de vulnérabilité et, dans certains cas, d’adapter leurs pratiques aux réalités concrètes vécues sur le terrain. En quelque sorte, comme le souligne Charles, de « rester groundé pis connecté sur les défis, les enjeux pis les besoins du milieu ». Gabriel mentionne, pour sa part, que des rencontres régulières avec la direction régionale de la santé publique pendant la pandémie ont permis de faire remonter les préoccupations des milieux vers les décideurs.
Innover en pleine tourmente
Dans ce contexte de crise, les OC ont mis en place « d’autres façons de faire de l’organisation communautaire » et ont ainsi fait preuve de créativité, d’innovation et de débrouillardise pour adapter leurs pratiques professionnelles. La crise sociale et sanitaire a ouvert des opportunités de créer des liens avec de nouveaux partenaires, par exemple des municipalités, ou même de reprendre contact avec certains milieux délaissés dans les dernières années. Des OC rapportent la mise en place de projets qui pourraient se poursuivre au-delà de la pandémie :
Ça a activé certains besoins qui étaient plus dans le background avant, mais mis en avant-plan. Par exemple, la santé mentale. On a créé une nouvelle table de concertation en santé mentale. Ensuite, on est en train de bâtir le plan d’action local en santé mentale. Donc, ça a activé certains enjeux ou accéléré, mettons certaines démarches en lien avec les impacts du confinement, l’isolement des gens.
Gabriel
Les OC ont fait des gestes et des actions qu’ils et elles étaient les seul.e.s à pouvoir réaliser au sein de leur établissement, en raison des caractéristiques de leur pratique professionnelle. Cette contribution singulière a été rendue possible par leur connaissance fine et approfondie des caractéristiques des milieux et des réseaux d’acteurs sur le terrain, leur proximité relationnelle et les liens de confiance déjà établis avec les partenaires ainsi que par leur capacité à concilier des intérêts divers :
L’avantage qu’on a comme OC, c’est que nous on est connus, on a des contacts aussi soit les municipalités, soit les écoles, les organismes communautaires évidemment. Ça a aidé beaucoup, beaucoup à ce niveau-là. […] C’est nous qui connaissons le milieu de la communauté. On travaille sur le terrain. Fait qu’ils nous ont utilisés par rapport à ça. Pis ça été correct de le faire pour pas faire des affaires un peu tout croche pis d’aller plus rapidement. Je pense que ça été un avantage.
Oscar
Une place renouvelée au sein de l’établissement
Dans ce contexte, des OC témoignent d’une transformation des liens avec leur établissement et pour certain.e.s, d’une meilleure connaissance et reconnaissance de l’organisation communautaire par les différentes directions au sein de leur CISSS ou CIUSSS. Mathilde le mentionne en discutant du travail des OC au sein des cellules de crise mises en place par la sécurité civile : « […] on dirait que notre travail était beaucoup plus concret pis reconnu. C’est ça, validé. » Elle poursuit en discutant de la capacité des OC d’amorcer des projets et de proposer des alternatives pour faire face aux difficultés : « Pendant la pandémie, on a développé beaucoup d’initiatives, ce qui a fait connaître notre rôle. » La pandémie a été une occasion pour certaines équipes de prendre une plus grande place au sein de l’établissement :
Tu sais, avant on était un peu dans une situation de laisser-aller par rapport à ça. On se mêlait de nos affaires. On faisait notre job dans la communauté. Puis on ne se souciait pas vraiment de ce que notre employeur pensait de nous, mais avec tout ce qui s’est passé dans cette année-là, je pense que ça nous a permis un peu de prendre notre place. Puis on n’est pas encore rendu là, mais on est en chemin vers une plus grande reconnaissance, je pense.
Valérie
Des fondements de la pratique mis en péril
Alors que certain.e.s OC ont eu le sentiment d’avoir pu contribuer de la « bonne façon » à cette crise sociale et sanitaire et, parfois même, d’avoir acquis une plus grande reconnaissance de l’organisation communautaire au sein de leur établissement, d’autres ressortent de cette période avec un sentiment amer à l’égard des choix qui ont été faits par leur établissement. Tout en reconnaissant la nécessité d’une certaine forme de contribution des OC à l’« effort de guerre » dans ce contexte particulier, plusieurs soulignent que les périodes de réaffectation ont été trop longues et trop intenses et qu’elles ont eu des effets importants sur les pratiques d’organisation communautaire mais surtout sur les communautés. Gaëlle soutient que son apport aurait été beaucoup plus utile en temps de crise si elle avait pu soutenir les organismes de son milieu, afin d’éviter des interruptions de services et ainsi contribuer à limiter la détérioration de la santé mentale des populations. Cécile estime pour sa part que l’organisation communautaire aurait pu être davantage contributive en situation d’urgence à partir des forces qui sont les siennes, soit de « mobiliser, accompagner, réfléchir, analyser ».
Selon plusieurs, la crise pandémique a été révélatrice de difficultés préexistantes dans le positionnement de l’organisation communautaire au sein de leur établissement. Là où la reconnaissance professionnelle des équipes était plus faible, les OC ont plus souvent été réaffecté.e.s à des tâches qui ne relevaient pas de l’organisation communautaire :
Ça fait 10 ans que je suis au CISSS/CIUSSS. Il y a une incompréhension sur c’est quoi un organisateur communautaire pis qu’est-ce que ça fait. […] On n’avait pas le luxe ou l’avantage d’avoir un gestionnaire qui nous connaissait pis qui connaissait ce qu’on faisait. Donc, on a été un peu barouetté comme on dit en bon français. On a nettoyé, on a désinfecté des chaises pendant longtemps dans les cliniques de vaccination pis des choses comme ça. […] On n’a pas eu quelqu’un justement qui a défendu notre raison d’être dans le CISSS/CIUSSS. Donc, ça a été, je pense, une grosse perte pour le milieu pendant au moins la première année.
Myriam
Ces OC ont le sentiment d’avoir été utilisé.e.s pour combler le manque de main-d’oeuvre en contexte de crise : « On avait exprimé clairement qu’on ne voulait pas être aux enquêtes, qu’on était plus essentiel et plus nécessaire dans le milieu à supporter les organismes qu’à être aux enquêtes. Oui, j’ai contribué, mais non, je n’ai pas contribué comme OC, mais comme main-d’oeuvre. » (Roger). Dans ce contexte difficile, plusieurs ont tenté, même au plus fort de la crise, de maintenir leurs liens avec leurs partenaires, tout en ressentant un important sentiment de frustration à l’idée de ne pas avoir pu soutenir les organismes communautaires et les milieux comme ils auraient dû l’être :
Nous, dans notre grande période de délestage, on était délestés trois jours aux mesures populationnelles, deux jours comme OC. Fait que la consigne c’était « délester des dossiers » tu sais. Faites un choix : priorisez des dossiers. Rares sont les OC qui ont vraiment respecté cette consigne-là. La majorité d’entre nous n’ont à peu près rien laissé. On n’a juste pas été à fond dans aucun dossier. D’un côté c’était plate à mort, mais c’était des petites cases Excel à cocher. […]. Puis l’autre c’était notre job, mais on ne sentait pas qu’on pouvait les aider à fond […] Tu sais, c’était frustrant aussi.
Amélie
Des liens fragilisés avec les partenaires
Les conséquences de cette non-reconnaissance de l’apport particulier de l’organisation communautaire en temps de crise ont été multiples, tant sur le plan de la gestion de la pandémie en elle-même que sur la qualité des liens avec les partenaires et le sentiment d’identité professionnelle des OC. Ainsi, plusieurs répondant.e.s estiment ne pas avoir eu la capacité de faire remonter les besoins et préoccupations des populations et des organismes vers les autorités de santé publique : « […] normalement, on a une approche ascendante, bottom-up dans notre travail qui est importante. C’est notre fondement, mais là avec la COVID, c’était tout à fait opposé. » (Gabriel) La capacité d’influencer les décisions en fonction des réalités du terrain a ainsi été limitée voire impossible selon plusieurs. Des répondant.e.s mentionnent avoir eu le sentiment de servir de courroie de transmission les positionnant parfois en porte-à-faux à l’égard de leur communauté d’ancrage :
[…] l’enjeu, c’était qu’on soit perçues comme étant des personnes vraiment rattachées à la Santé publique strictement. Puis que l’aspect de l’intervention collective et du rôle d’intervenant collectif au sein d’un CLSC, qui n’a pas rapport directement avec la Santé publique en soi […] c’était ça vraiment dans le discours aussi de notre coordinatrice […] parce qu’elle voulait appliquer les protocoles de Santé publique. Puis que nous, on soit les exécutants de ce protocole-là. […] Notre rôle, elle le voyait vraiment comme une surveillance de la communauté. On devait analyser, surveiller, notifier, quantifier.
Kim
En raison des périodes prolongées de réaffectation qui leur ont été imposées, des OC constatent une fragilisation de leurs liens avec les milieux et les partenaires. Certain.e.s estiment que plusieurs années seront nécessaires pour retrouver la qualité des liens qui prévalait avant la pandémie. D’autres évoquent l’idée que le sentiment de confiance des organismes communautaires à l’égard de l’établissement est affaibli et que certains partenaires ont perdu le réflexe de se référer aux OC lorsque surviennent des situations difficiles :
Puis moi, ce qui m’a frappée c’est […] un départ à la retraite d’une personne qui est là depuis des années auprès d’une certaine communauté. Elle quitte. La pandémie arrive, avec le délestage, pas de remplacement. Puis deux ans plus tard, un organisme que l’OC a fondé, on a travaillé pendant 10 ans à mettre cet organisme-là en place, vit une crise pis il n’a pas le réflexe de venir vers nous. Ça m’a jetée à terre. Tu sais, ça m’a fait comme « oh my god […]. Deux ans pis les liens sont comme dissous, tu sais ».
Fannie
Pour plusieurs, le sentiment d’identité professionnelle a été ébranlé par ces longues périodes de réaffectation. Des OC font état de départs à la retraite anticipés et de plusieurs congés de maladie au sein de leur équipe. D’autres mentionnent avoir perdu leurs repères et avoir vécu des périodes importantes de découragement. Le sentiment de ne pas « avoir été présent.e pour les milieux » au plus fort de la crise a été difficile à vivre.
Discussion et conclusion
Pour certain.e.s OC, la crise sociale et sanitaire de la COVID-19 a été sources d’apprentissages, de développements et d’innovations, comme en témoignent notamment les liens créés avec de nouveaux partenaires ou la mise en place de concertations inédites dans les milieux. Alors que les organismes communautaires étaient confrontés à une augmentation fulgurante des besoins et des demandes en raison de l’accroissement des inégalités et des problèmes sociaux (Bastien et al., 2022 ; Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, 2021), dans certains contextes, les OC ont pu leur apporter un soutien important, notamment à travers leurs capacités à effectuer un travail de liaison entre différents acteurs (Lachapelle, 2017). Bien que nos résultats de recherche fondés sur des récits d’expérience ne nous permettent pas d’identifier de façon systématique les facteurs structurels et organisationnels ayant permis aux OC de certains établissements d’exercer cette autonomie professionnelle en contexte d’urgence sanitaire, il semble que la reconnaissance et l’appui des gestionnaires de première ligne aient pu jouer un rôle fondamental dans la capacité qu’ont eue ces OC d’apporter une contribution significative dans cette période trouble.
Mais pour d’autres, les obstacles ont été nombreux, particulièrement pour celles et ceux oeuvrant au sein d’équipes n’ayant pu assumer, en contexte pandémique, le rôle dévolu à l’organisation communautaire soit celui de soutenir et d’accompagner les communautés. Des OC ont été réaffecté.e.s intensivement et longuement à des tâches liées à l’urgence pandémique et n’ont pu mobiliser leurs compétences et leurs forces au service de leur communauté. Ainsi, la crise sociale et sanitaire de la COVID-19 est venue peser lourdement sur plusieurs des fondements et des conditions de pratique de l’organisation communautaire, notamment sur les plans de l’ancrage territorial et local, de l’approche ascendante, de l’identité et de l’autonomie professionnelle et de la reconnaissance de la pratique au sein des CISSS et des CIUSSS. Dans certains cas, il y a eu là reculs, contraintes et pertes pour la pratique de l’organisation communautaire au Québec. Ainsi, pour plusieurs, l’expression de l’ethos professionnel (Fusulier, 2011) propre à l’organisation communautaire s’est heurtée aux conditions objectives de travail imposées pendant la pandémie. Des OC ont tenté d’exprimer leur inconfort « à l’égard d’un cadre organisationnel ou situationnel » en dissonance avec l’ethos dont ils et elles sont porteurs (Fusulier, 2011, par. 35). D’autres ont choisi de quitter la pratique de l’organisation communautaire ou de devancer un projet de retraite. Une trop grande proximité organisationnelle entre l’organisation communautaire et les directions de santé publique a été évoquée par certain.e.s comme l’une des causes de l’instrumentalisation de l’organisation communautaire en contexte de COVID-19. Nos résultats tendent toutefois à nuancer cette affirmation puisque d’autres OC ont mentionné avoir bénéficié de l’autonomie professionnelle souhaitée pendant la pandémie, malgré le rattachement de leur équipe à la santé publique. Sur ce point, beaucoup de questions demeurent et nécessiteraient d’être explorées.
Par ailleurs, les bouleversements associés à la crise sanitaire ont surgi dans un contexte organisationnel déjà sous tension. Depuis l’institutionnalisation de la pratique d’organisation communautaire développée avec la création des CLSC (Bourque et al., 2007 ; RQIIAC, 2020a), le réseau de la santé et des services sociaux a subi de nombreuses réformes. Celles-ci se sont traduites par un important mouvement de centralisation, l’adoption d’un virage managérial avec la mise en place de la Nouvelle gestion publique et une emprise accrue de la perspective sanitaire sur l’organisation des services sociaux (Grenier et Bourque, 2018 ; Maltais et al., 2022). La pratique de l’organisation communautaire a ainsi été confrontée à une logique gestionnaire et d’optimisation des performances en contradiction avec l’un de ses fondements, l’approche ascendante, soit de partir des besoins et préoccupations des communautés et de développer une vision globale des enjeux sociaux (Leclercq, 2019). C’est dans ce contexte difficile, parfois hostile, que les OC ont cherché, en période pandémique, à préserver le caractère unique et spécifique de leur pratique et à dégager, là où c’était possible, certaines marges de manoeuvre pour offrir un soutien adéquat aux communautés et ainsi s’inscrire en cohérence avec leur ethos professionnel.
Alors que les catastrophes environnementales et sociales se multiplient ici et ailleurs, et bien que leurs pratiques s’inscrivent généralement dans un temps plus long qui est celui des processus visant la réduction des inégalités sociales, les OC que nous avons rencontré.e.s dans le cadre de cette recherche ont acquis la conviction forte que l’organisation communautaire a une contribution spécifique à apporter en temps de crise. Ainsi, au-delà des disparités de reconnaissance de l’organisation communautaire pendant la pandémie, l’expérience intime de cette crise par chacun des OC tout comme les réflexions collectives menées au sein du RQIIAC les ont amené.e.s à repenser leur pratique professionnelle et à y intégrer de nouvelles « définitions du possible, du normal et du désirable » (Fusulier, 2011, par. 39). Les situations et contextes nouveaux viennent ainsi enrichir l’ethos professionnel des OC, tout en s’appuyant sur ses principes fondateurs dont la connaissance fine et approfondie des milieux, la capacité à mettre différents acteurs en relation et l’approche ascendante. Ces propos font d’ailleurs écho à différents travaux qui insistent sur l’importance de la pratique de l’organisation communautaire, et plus largement de l’intervention collective, lorsque survient une situation de crise afin de favoriser l’expression des besoins par les communautés elles-mêmes et l’organisation d’une réponse de proximité adaptée aux réalités des différents milieux (Courtemanche et al., 2022 ; Gosselin et Lefebvre, 2016 ; Leducq et Bourque, 2020).
Rien n’apparaissait cependant acquis aux OC au lendemain de la pandémie quant à la reconnaissance de leur contribution en situation de crise (RQIIAC, 2021). Au moment des entretiens de groupe, les OC se sont montré.e.s fortement préoccupé.e.s sur les effets à plus long terme de la pandémie sur les pratiques d’organisation communautaire dans le contexte d’un renouvellement accéléré des équipes d’OC, d’une transformation des liens avec les établissements respectifs et d’une expansion du télétravail. Comment maintenir et renforcer les liens avec les milieux et l’ancrage territorial au coeur de l’organisation communautaire ? Comment assurer la transmission des fondements de l’organisation communautaire ? Comment répondre aux demandes nouvelles des établissements à l’égard des OC, tout en conservant l’approche ascendante caractéristique de l’organisation communautaire ? Et surtout, comment s’assurer que dans chacun des établissements des leçons soient tirées et retenues en rapport avec la contribution de l’organisation communautaire en temps de crise ? La pratique professionnelle de l’organisation communautaire s’exerce dans un contexte organisationnel caractérisé par « la complexité, la polyvalence et l’imprévisibilité » (Mercier et al., 2021, p. 114-115) qui a été amplifié par la pandémie. En ce sens, la crise sanitaire aura été un puissant révélateur/catalyseur des défis associés à la reconnaissance accordée à la pratique professionnelle de l’organisation communautaire au sein du réseau de la santé et des services sociaux québécois mais aussi, de l’attachement des OC aux principes qui fondent leurs pratiques professionnelles.
Parties annexes
Notes biographiques
Marie-Hélène Deshaies est professeure adjointe à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. Détentrice d’un doctorat de sociologie, elle possède une expérience diversifiée d’intervention collective au sein d’organismes communautaires. Ses intérêts de recherche portent tout particulièrement sur l’organisation communautaire, l’action collective et les mouvements sociaux, la lutte à la pauvreté et aux inégalités, les processus participatifs et collaboratifs de recherche et les théories féministes et critiques. marie-helene.deshaies@tsc.ulaval.ca
Deshaies, M. H. (2020). Les personnes proches aidantes : de l’invisibilité à la prise de parole. Intervention, 151, 5-19. https://revueintervention.org/wp-content/uploads/2020/10/ri_151_2020.1_Deshaies.pdf
Laurie Fournier-Dufour est professionnelle de recherche à l’Université Laval depuis 2021. Elle a notamment travaillé sur différents projets de recherche touchant les impacts de la pandémie sur les groupes communautaires et sur l’organisation communautaire. Également chargée de cours à l’Université du Québec à Rimouski depuis 2022, elle s’intéresse beaucoup aux questions d’inégalités sociales, aux enjeux environnementaux et aux théories féministes et de genre. laurie.fournier-dufour.1@ulaval.ca
Fournier-Dufour, L. (2021). L’itinérance des femmes Kanaka Maoli : étude de cas empirique sur les trajectoires de (sur)vie. [mémoire de maîtrise, Université Laval]. CorpusUL. https://corpus.ulaval.ca/server/api/core/bitstreams/8f89a0d0-09f4-4ee5-b454-a306419c60bb/content
Paul Morin est professeur titulaire à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke. Le logement social et les pratiques intégrées constituent ses principaux champs d’intérêts. paul.morin@usherbrooke.ca
Morin, P. (2022). Les pratiques intégrées et le travail social à l’épreuve de la pandémie : l’exemple de l’intervention de quartier à Sherbrooke. Dans P. Lechaux (dir.), Les défis de la formation des travailleurs sociaux (p. 119‑141). Nîmes : Champ social. https://www.cairn.info/les-defis-de-la-formation-des-travailleurs-sociaux--9791034607373-p-119.htm
Jean-Yves Desgagnés est professeur en travail social à l’Université du Québec à Rimouski depuis 2010 où il a contribué à la création du Collectif de recherche participative sur la pauvreté en milieu rural. Pendant près de 25 ans, il a été engagé activement au sein du mouvement de lutte contre la pauvreté au Québec, notamment en défense collective des droits des personnes assistées sociales. jean-yves_desgagnes@uqar.ca
Ampleman, G., Desgagnés, J.-Y. et Denis, L. (2012). Théorie et pratique de conscientisation au Québec. Québec : Presses de l’Université du Québec.
Suzie Cloutier est organisatrice communautaire au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN) depuis une quinzaine d’années. Elle s’intéresse notamment aux enjeux de logement, d’aménagement du territoire et de cohabitation. Elle est membre du conseil d’administration du Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en action communautaire (RQIIAC) depuis plusieurs années et en assure la présidence depuis 2020. suzie.cloutier.ciussscn@ssss.gouv.qc.ca
Cloutier, S. (2009). La lutte contre la privatisation partielle du parc national du Mont-Orford. Centre de recherche sur les innovations sociales. https://depot-erudit-org.proxy.bibliotheques.uqam.ca/id/003681dd
Notes
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[1]
Cette recherche a bénéficié du soutien financier du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) dans le cadre d’une subvention d’Engagement partenarial.
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[2]
L’organisation communautaire, en tant que pratique professionnelle, se déploie également dans d’autres secteurs de la société dont celui de l’action communautaire autonome. Dans le cadre de cet article, nous nous intéressons exclusivement à la pratique de l’organisation au sein des CISSS et CIUSSS. Le réseau québécois de santé et de services sociaux est composé de 9 centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et de 13 centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) qui ont comme responsabilité, au sein de leur territoire sociosanitaire respectif, d’assurer la prestation de soins et de services à la population, d’assumer une responsabilité populationnelle en matière de soins et de services sociaux et de veiller à l’organisation et la complémentarité de ceux-ci. Bien qu’il existe d’autres formes d’établissements au sein du réseau de la santé et des services sociaux que les CISSS et les CIUSSS, pour la suite de cet article, lorsque nous utiliserons le terme « établissement », nous ferons référence aux CISSS et aux CIUSSS.
-
[3]
Environ 400 personnes occupaient une fonction d’organisation communautaire au sein du réseau de la santé et des services sociaux selon un recensement effectué par le Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en CISSS et en CIUSSS (RQIIAC).
-
[4]
Le Regroupement québécois des intervenantes et intervenants en action communautaire en CISSS et CIUSSS (RQIIAC) est un organisme à but non lucratif qui réunit sur une base volontaire les professionnel.le.s de l’organisation communautaire oeuvrant dans les établissements de santé et de services sociaux (https://rqiiac.qc.ca/).
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[5]
C’est en 1972, au moment de la création des Centres locaux de services communautaires (CLSC), que les OC ont fait leur entrée dans le réseau de la santé et des services sociaux.
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[6]
Préalablement à l’enquête auprès des OC, une recherche documentaire sous forme de scan environnemental (Pashiardis, 1996) a d’abord permis de situer le contexte social, organisationnel et sanitaire de chacun des établissements retenus. Ce travail préalable de contextualisation a également été complété par la réalisation d’entretiens préparatoires auprès d’informatrices clés dans chacun de ces quatre établissements. Ces informatrices occupaient une fonction de coordination professionnelle des OC (ou l’équivalent) au sein de ces établissements.
-
[7]
Ces établissements ont été choisis en fonction de critères jugés pertinents au moment de la rédaction du devis (été 2020) dont la variabilité du taux de cas de COVID-19 (critère qui s’est avéré non pertinent par la suite) ; la présence de suffisamment d’OC par établissement pour faciliter le recrutement aux entretiens individuels, tout en assurant la confidentialité ; la présence d’un réseau territorial de services comportant des milieux urbains et des zones rurales et des modalités variables de rattachement administratif des équipes d’OC à l’établissement.
-
[8]
Tous les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des participant.e.s.
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