Cette entrevue a été réalisée en avril 2019, par Audrey Rousseau, professeure au département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais, dans les bureaux du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec avec l’aimable participation de Geneviève Ashini, conseillère en santé et services sociaux : Et celle d’Audrey Pinsonneault, coordonnatrice de la recherche et de l’amélioration continue : La mission du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ) est d’améliorer les conditions de vie des Autochtones en milieu urbain et de favoriser le rapprochement entre les peuples. Lorsqu’on parle des « Autochtones en milieu urbain », on parle des Autochtones qui vivent en dehors des communautés territoriales, mais également ceux qui sont de passage en milieu urbain ou ceux qui sont établis de manière temporaire dans de petites ou grandes villes. Il n’y a pas de données officielles qui permettent de saisir l’ampleur de la présence des Premières Nations et des Inuit en milieu urbain, mais on peut l’observer sur le terrain, dans les Centres d’amitié, les besoins augmentent. Au cours des cinq dernières années, il y a quatre nouveaux Centres d’amitié qui ont été créés à la suite de mobilisations citoyennes autochtones dans les villes de Roberval, Maniwaki, Trois-Rivières et Québec. Sur le terrain, on voit aussi que les besoins sont de plus en plus complexes. Dans une même ville, on retrouve des Autochtones de différentes nations et qui vivent différentes réalités. Par exemple, il peut y avoir des gens qui viennent tout juste d’arriver en milieu urbain, tandis que d’autres ont grandi en ville et plusieurs conservent un lien fort avec leur communauté. Le Mouvement des Centres d’amitié autochtones est une structure qui offre une voix à tous les Autochtones en milieu urbain. On voit de plus en plus émerger un leadership et une mobilisation citoyenne autochtones dans les villes au Québec. Cette mobilisation s’exprime entre autres à travers le Mouvement des Centres d’amitié et elle est évidemment soutenue par le Regroupement. Les Centres d’amitié sont des milieux de vie ouverts que les gens peuvent fréquenter au quotidien. Pour certaines familles, ça peut être un endroit pour aller recevoir des enseignements ou approfondir leur culture ou leur fierté identitaire. Un Centre d’amitié, c’est aussi un lieu, en milieu urbain, où les Autochtones peuvent avoir accès à certains services de santé, du support psychosocial, de l’aide pour trouver un emploi, du soutien scolaire, etc., tout ça dans un contexte culturellement sécurisant et pertinent. Dans un Centre d’amitié, tout se passe beaucoup dans l’informel, c’est vraiment à partir de la relation humaine que se développe et se bâtit une relation de confiance envers les intervenants et les services. Ça se passe dans le rire et dans le silence partagé ensemble. Ce n’est pas comme dans le réseau québécois par exemple, où tu vas voir l’intervenant psychosocial au CLSC et puis ensuite tu es référé à un autre professionnel avec qui tu dois prendre rendez-vous, où tout fonctionne en silo. Au sein des Centres d’amitié, tout est pas mal décompartimenté et selon les différents besoins, on va guider la personne vers les services appropriés. Quand c’est nécessaire, il y a aussi de l’accompagnement qui se fait vers les ressources externes, le Centre peut donc faire le pont vers les services du réseau québécois. Les Centres d’amitié ont une approche globale où on considère qu’un individu n’est pas tout seul, qu’il se rattache à une famille, à une communauté. Donc le mieux-être de chacun passe aussi par le mieux-être collectif. Enfin, ce qui est différent dans un Centre d’amitié, c’est qu’il peut y avoir des gens de différentes nations …
Sortir de la méconnaissance pour améliorer les relations entre Autochtones et non-Autochtones en milieu urbainEntrevue avec Geneviève Ashini et Audrey Pinsonneault du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ)[Notice]
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Audrey Rousseau
Professeure, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais