FR :
Cet article interroge ce qu’intervenir veut dire aujourd’hui, dans le cadre de pratiques de première ligne visant l’autonomie d’usagers de drogues par injection. En prolongement des évolutions de la réduction des méfaits, ce travail d’intervention autour de l’autonomie des usagers de drogues par injection — chez qui la non-demande de soins et de services est fréquente et constitutive du quotidien de l’intervention —, s’inscrit dans une recherche d’une « bonne distance », à partir de techniques de gestion de la proximité physique et verbale entre l’usager et l’intervention. Prenant appui sur les résultats d’une enquête par entretiens non directifs auprès d’intervenants de première ligne, cet article étudie deux grandes stratégies de gestion de cette proximité, le « voisinage courtois » et la « suggestion légitime » ; et les rôles qu’elles jouent pour l’intervention dans la création et le maintien d’un lien d’intervention. Je souligne la pertinence analytique de cette distinction afin de mieux comprendre les contextes d’énonciation des demandes de soins et de services par les usagers et, plus généralement, de leurs trajectoires de soins et de services.
EN :
Based upon twenty unstructured interviews of social workers from Montreal surroundings, this paper analyzes the personalization of social intervention dealing with drug addiction, especially from a harm reduction point of view. Seeking to enable the individuals’ autonomy by establishing a relationship of trust, personalization is built on personal rhythms and goals. However in most cases, the obligation to support people in distress has to be tactfully balanced with the rejection of any kind of intrusion in personal lives. Thus, it becomes essential for social workers to distinguish timeframes when they have to intervene form those when it is better to hang back. Keeping the right distance is necessary not to break the relationship, and works as a two-way channel: physical proximity (where to stand and where not to), and verbal proximity (what to say and how to). This article discusses how this relationship is both created and maintained, what influence it has on the objectives of daily intervention, and the definition of its purposes by social workers.