Avant-propos

Nouvelles pratiques sociales en ligne. Enjeux et potentialités de la diffusion des savoirs via Internet à l’heure du 2.0[Notice]

  • Audrey Gonin et
  • Sylvie Jochems

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  • Audrey Gonin
    École de travail social, Université du Québec à Montréal

  • Sylvie Jochems
    École de travail social, Université du Québec à Montréal

À l’occasion de cet avant-propos, nous souhaiterions informer le lectorat de la revue Nouvelles pratiques sociales que celle-ci s’achemine vers une édition en format numérique seulement, d’ici environ trois ans. Dans le contexte du développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les revues scientifiques opèrent en grand nombre le choix de la dématérialisation : nous nous apprêtons également à renoncer à l’objet tangible traditionnellement utilisé comme moyen de communication entre auteurs.es et lectrices, lecteurs des revues savantes. En ce qui concerne NPS, ce sont les Presses de l’Université du Québec — notre ancien éditeur, jusqu’au dernier numéro — qui, en mettant fin à leurs activités d’édition de revues scientifiques, nous poussent à opérer ce virage. Afin qu’il ne soit pas trop brutal, nous amorcerons sous peu une période de transition, que l’équipe éditoriale se plaît à nommer « phase de décroissance papier » : il s’agira de restreindre progressivement la durée d’abonnement à la version papier de la revue et d’examiner quelle pourrait être la meilleure politique de diffusion de la revue, dans les années à venir. Une mise en perspective historique permet d’observer que la communication scientifique a connu de nombreuses mutations depuis ses origines : à la suite de la structuration suscitée par l’apparition des universités, au xiiie siècle, ce champ s’est vu transformé par différentes innovations technologiques (les techniques d’imprimerie en particulier), mais aussi éditoriales, telles que la création de revues savantes sous forme périodique au xviie siècle (Beaudry, 2011). Les changements qu’amène l’ère du numérique s’inscrivent ainsi, en quelque sorte, dans une tradition de reconfigurations du champ de la diffusion des savoirs. Ces différentes transformations, comme le souligne Guylaine Beaudry, « ont changé les règles du jeu de la communication entre les chercheurs et des champs éditoriaux scientifiques [et] ont des effets réels sur les rôles [des acteurs de ce champ] » (2011 : 286). Tout en étant récurrentes, ces mutations comportent chaque fois des enjeux spécifiques : l’un de ceux liés à la « dématérialisation » de la revue est qu’elle soulève la question du libre accès aux articles publiés. Nous nous attarderons quelque peu sur cet enjeu, avant de nous pencher, en conclusion, sur les perspectives qui s’offrent à la revue. La question de l’accès libre aux contenus de NPS se pose dans le contexte de la « culture du Libre » qui s’est développée avec Internet, et qui valorise le partage des techniques, des outils et des savoirs : Sébastien Broca souligne que la culture du libre accès, initialement développée autour du partage des codes sources de logiciels, a migré vers d’autres champs : « le Libre ne concerne plus uniquement le logiciel, mais de très nombreux domaines : création culturelle (Creative Commons et Art Libre), publications scientifiques (Open Access), données (Open Data), etc. » (2013 : 254). Une contre-culture valorisant la gratuité dans la diffusion des savoirs et de la culture s’est ainsi construite à travers les usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication, que certains qualifient de « troisième révolution industrielle ». Avec ces principes de partage et de gratuité, des pratiques axées sur la coopération, la générosité, la créativité et l’autonomie sont mises en avant (Couture et al., 2010). Historiquement, cette contre-culture plonge ses racines dans celles des années 1960, aspirant à construire la société par le bas et valorisant l’individu et son autonomie : « Internet est surtout né de la rencontre entre la contre-culture nord-américaine et la méritocratie de la recherche. Les informaticiens l’ont nourri de leurs pratiques de collaboration, de co-conception et de …

Parties annexes