Comptes rendus

Martine Lagacé (dir.), L’âgisme : comprendre et changer le regard social sur le vieillissement, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010, 278 p.[Notice]

  • Julie Bickerstaff Charron

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  • Julie Bickerstaff Charron
    Directrice aux opérations, Société de gestion pour le soutien aux proches aidants

Cet ouvrage a le mérite d’être tout à fait d’actualité, en plus de porter un regard multidisciplinaire sur un enjeu de société important dans le contexte du vieillissement démographique québécois. Sous la direction de Martine Lagacé, professeure à l’Université d’Ottawa, près d’une vingtaine de chercheurs et de praticiens se penchent sur différentes manifestations d’âgisme au sein de notre société. L’âgisme, tel qu’il est défini par Butler en 1968, est ce processus selon lequel une personne est stéréotypée et discriminée en raison de son âge (p. 2). Cet ouvrage explore donc ce phénomène à travers 13 articles regroupés en trois parties : stéréotypes et figures de l’âgisme : médias, publicité, cinéma et recherche ; figures de l’âge et pratiques âgistes dans la relation de soins ; l’âgisme au travail et ses conséquences. Les auteurs de ce collectif, principalement originaires de la France et du Canada, se sont donc donné un objectif clair : « […] faire comprendre le phénomène de l’âgisme dans différents secteurs de l’activité humaine : le travail, les médias, les sciences, les arts, la santé, l’enseignement, etc. » (p. XV). Ils se sont également donné un second objectif, nettement plus ambitieux celui-là, soit de changer le regard social posé sur les personnes âgées. À défaut de pouvoir donner un compte rendu exhaustif de chacun des articles de cet ouvrage, nous tâcherons de donner un aperçu de la richesse et de la diversité des points de vue abordés. En premier lieu, Jérôme Pellissier, secrétaire de l’Observatoire de l’âgisme en France, s’intéresse aux stéréotypes et aux préjugés véhiculés dans les médias français. Le titre de son article « Âgisme et stéréotypes : quand l’âgisme conduit à la haine de soi et au conflit entre générations » donne tout de suite le ton de son propos. En effet, ce dernier s’attarde à démontrer comment la persistance des préjugés et stéréotypes, notamment dans la presse écrite, a des incidences sur les individus vieillissants en affectant leur estime d’eux-mêmes, participe également à l’omniprésence d’une certaine « phobie du vieillissement » et, ultimement, à une guerre des âges. En second lieu, le chercheur Luc Dupont nous amène, quant à lui, sur le terrain de la publicité et du rôle qu’elle joue dans la persistance des préjugés âgistes. Son article « Sur la représentation du vieillissement dans la publicité » nous permet d’explorer davantage « ce que la publicité raconte sur les gens âgés » (p. 41). Puis, deux articles étudient la question de l’âgisme à travers le spectre des oeuvres cinématographiques. L’article de Denis Bachand, « Au crépuscule des jours : regards sur la vieillesse dans le cinéma québécois » analyse la personnification de la vieillesse dans sept films québécois, tandis que Florian Grandena s’intéresse aux oeuvres issues du cinéma français. Le second article, « De l’âge du désir : une remise en question de l’asexualisation des aînés dans le cinéma français », en traitant d’oeuvres où des cinéastes ont notamment osé aborder la question de la sexualité des personnes âgées, nous montre qu’« un certain progrès et un changement des mentalités semblent s’effectuer lentement, mais sûrement » (p. 5). Pour conclure cette première partie sur la construction et la transmission des stéréotypes âgistes, l’article de Jean-Pierre Thouez, intitulé « L’âgisme dans la littérature scientifique : le cas des sciences sociales », nous rappelle qu’aucun domaine de la vie n’est à l’abri des attitudes âgistes et que même le regard des chercheurs sur le vieillissement est teinté des valeurs et préjugés de la société dans laquelle ceux-ci évoluent. La deuxième partie de l’ouvrage, Figures de l’âge et pratiques âgistes dans la relation de soins …

Parties annexes