Les comptes rendus

Jean-Luc Prades et les membres de l’Association de recherche et d’action psychosociologique (ADRAP), Intervention participative et travail social : un dispositif institutionnel pour le changement, Paris, L’Harmattan, 2007, 184 p.[Notice]

  • Isabelle Ruelland

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  • Isabelle Ruelland
    Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal, Professionnelle de recherche, Centre de recherche, Institut universitaire de gériatrie de Montréal

Ce second livre publié par les membres de l’Association de recherche et d’action psychosociologique (ADRAP) regroupe huit monographies écrites par un ou plusieurs membres d’un des quatre groupes de sociopsychanalyse, soit l’ADRAP de Nice, le Groupe Desgenettes/Agasp de Paris, le Groupe DéSisyphe de Montréal et le Groupe de Buenos Aires en Argentine. Ces monographies relatent des interventions sociopsychanalytiques qui ont été effectuées entre 1995 et 2005 dans des établissements médicosociaux, scolaires ainsi que dans un milieu ouvert auprès de jeunes de la rue. La contribution de Jean-Luc Prades apparaît tout au long de l’ouvrage par l’analyse de cinq présupposés fondamentaux au coeur de l’intervention sociopsychanalytique de même que par ses introductions théoriques pour chacune des monographies. Soulignons aussi la pertinence d’un lexique résumant certains concepts clés de la sociopsychanalyse ainsi que la richesse de la perspective critique qui se dégage de la postface de Gilles Amado. Cette étude pratique s’adresse aux praticiens, chercheurs, enseignants et décideurs qui s’intéressent à la fois aux méthodologies d’intervention sociale dans les groupes et à leur fragile portée participative et démocratique. Sa pertinence et son intérêt se révèlent dans les enjeux de l’intervention participative contemporaine soulevés par ses auteurs. Dès les premières pages, Jean-Luc Prades affirme que plusieurs interventions dans les groupes se préoccupent du leadership, des approches planificatrices du changement, des relations humaines, et ce, en décontextualisant ces éléments de leur cadre organisationnel et social d’origine. Foret et Prades notent de plus un déficit quant à l’utilisation des connaissances sur le fonctionnement des groupes et organisations dans certaines institutions publiques. Parazelli, Colombo et Tavlian constatent, pour leur part, un décalage entre les objectifs de développement de l’autonomie des personnes marginalisées et les interventions étatiques qui imposent une définition du problème et des moyens d’action déterminés par des experts. Comment réduire le déficit démocratique et participatif dans les institutions et dans les pratiques d’intervention sociale contemporaine ? Pour répondre à cette question, les collaborateurs de cet ouvrage proposent de revenir sur une analyse des formes d’organisation du travail ainsi que sur la place que les acteurs y occupent. Pour eux, l’intervention sociopsychanalytique avec son dispositif institutionnel traduit la nécessité de prendre en compte les divisions institutionnelles et de les modifier progressivement par des changements introduits dans les relations de groupes. Les récits d’interventions rassemblés et éclairés par Jean-Luc Prades explorent différents aspects de ce dispositif institutionnel. Nous résumerons ici les principaux aspects exposés dans ces monographies afin d’offrir un panorama général de cette intervention participative. À vocation éducative, le dispositif institutionnel de l’intervention sociopsychanalytique tend à faciliter l’apprentissage, la liberté de parole et le « vouloir de création » (soit la capacité humaine à l’invention, à la création, dans le cours même de l’acte). Il permet ainsi d’initier un processus de socialisation démocratique favorisant un mouvement d’appropriation de l’acte par lequel les individus accroîtront le pouvoir qu’ils possèdent sur leurs actes de travail quotidien. Contrairement à plusieurs modèles d’intervention psychosociologique classique, ce dispositif n’a pas été conçu dans le but de proposer des solutions toutes faites pour résoudre des problèmes ou des conflits précis ; il prétend plutôt les prévenir ou encore contribuer à leur dissolution par la consolidation d’un mécanisme démocratique de participation. L’un des présupposés fondamentaux de l’intervention sociopsychanalytique repose sur l’importance de construire préalablement un dispositif institutionnel. Sa construction s’appuie sur des invariants assurant que les objectifs de l’intervention ne seront pas oubliés durant le processus terrain. Les règles du dispositif (obligation de réponse, argumentation élaborée et rédaction collective d’un écrit, etc.) permettent de dépasser les échanges fondés sur des attaques personnelles. Le groupe homogène est un rassemblement de personnes ayant le …

Parties annexes