Comptes rendus

Dix ans de luttes pour la reconnaissanceMadeleine Lacombe et Éliana Sotomayor, Montréal, Comité aviseur de l’action communautaire autonome 2006, 175 p.[Notice]

  • Vincent Greason

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  • Vincent Greason
    Membre fondateur du Comité aviseur, Travailleur à la Table ronde des OVEP de l’Outaouais, Dissident à la rencontre nationale de mai 2001

Les événements de cette histoire sont relativement bien connus. Alors que le milieu communautaire réclame une politique de reconnaissance depuis le début des années 1980, le gouvernement du Québec ne daigne pas y répondre avant la prise du pouvoir du gouvernement péquiste de Jacques Parizeau. À partir de 1995, de longs et ardus travaux se réalisent tantôt avec des représentants d’un mouvement communautaire revendicateur, plus tard avec un mouvement communautaire en mode de négociation. Du côté gouvernemental, outre l’intérêt péquiste partisan et préréférendaire, on ressent un besoin de mettre fin à la cacophonie occasionnée par la multitude de programmes et de pratiques étatiques s’adressant au communautaire. Au cours de la période dont il est question dans cet ouvrage, le milieu communautaire autonome s’est structuré, s’est réuni, s’est donné une stratégie commune de négociation et s’est entendu sur des revendications financières. Voici donc le contexte dans lequel est né le CAACA, un organisme parfois boiteux dans sa structure, mais souvent articulé dans ses positions. Lacombe et Sotomayor arrivent généralement à bien documenter les grands moments de cette histoire. Cependant, trois mises au point s’imposent. D’abord, un point mineur : suggérer que les carrefours jeunesse emploi (CJE ; p. 25) sont à la base de la création du SAC est contestable, même s’il est vrai que M. Parizeau voit les CJE en « mur à mur » au Québec et qu’un document descriptif des CJE fait référence aux députés comme étant « des organisateurs communautaires ». La proposition qui a particulièrement agacé le milieu communautaire est celle voulant que les nouveaux CJE (qu’aucun milieu n’a revendiqué) soient financés à même le nouveau Fonds d’aide à l’action communautaire autonome. Cela dit, le mandat principal du SACA a toujours été de travailler à l’élaboration de la politique de reconnaissance. Deuxièmement, à en croire ce livre, la naissance et l’évolution du Comité aviseur se sont faites dans l’harmonie et sans conflit, ce qui est faux. Deux petits exemples : d’abord, le livre ne discute pas du boycottage de l’annonce officielle de la création du SAC au Salon rouge de l’Assemblée nationale. Décision solidaire des membres du « comité aviseur provisoire », seule la Table nationale des CDC fait bande à part en s’y présentant. Or, les CDC venaient de recevoir un financement important des mains de monsieur Parizeau, celui-là même qu’elles avaient négocié sans que les autres composants du mouvement d’ACA soient mis au courant. Ensuite, la relation de solidarité entre les deux vieux alliés en éducation populaire autonome, le MÉPACQ et la Table des fédérations et organismes nationaux en éducation populaire autonome, a définitivement été ébranlée à cause d’analyses différentes des enjeux autour de la PRAC. Plus irritante encore est l’affirmation voulant que le ministre André Boisclair ait soumis, le 20 décembre 1999, une politique de reconnaissance de l’ACA (p. 61). C’est tout le contraire ; alors que le mandat d’origine du SACA préconisait l’élaboration d’une politique de reconnaissance et de financement de l’action communautaire autonome, la première fois qu’une politique d’AC arrive dans le décor est justement ce fameux 20 décembre alors que le ministre Boisclair dépose le premier brouillon au Comité aviseur. Toutes les discussions antérieures entre le Comité aviseur (d’abord provisoire, ensuite dûment mandaté) et Jacques Parizeau, Lisette Lapointe et Louise Harel portent sur une reconnaissance de l’ACA. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un projet de reconnaissance de l’AC comme premier fruit « écrit » de nos travaux. Que voulez-vous ? Comme Lorraine Guay résume bien l’attitude gouvernementale dans son entrevue au sujet du SAC devenu le SACA : « L’autonome, somme tout, c’est juste un mot …

Parties annexes