Avant-propos

La cohérence entre les idéaux et les pratiques existe-t-elle ? Est-elle souhaitable ?[Notice]

  • Michel Parazelli

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Les questions entourant les jeunes dits « en marge de la société » occupent encore une place importante tant dans l’actualité urbaine que dans le monde de la recherche et de l’intervention sociale, même si les étiquettes varient considérablement quand il s’agit de nommer les manifestations diversifiées de leur réalité. Codirigé par trois chercheures de l’UQAM, Annamaria Colombo, Sophie Gilbert et Véronique Lussier, le dossier intitulé Jeunesse et marginalités : faut-il intervenir ? questionne la place que prend la marge dans la vie des jeunes dans les domaines de l’itinérance, de la vie de rue, du handicap et de la précarité. Un regard pluridisciplinaire (histoire, psychanalyse, sociologie, anthropologie, etc.) sur les réalités de ces jeunes peut offrir des pistes d’intervention sociale surtout dans un contexte où les mesures politiques qui concernent la présence de ces jeunes dans l’espace public se réduisent de plus en plus à de la répression ou à une prise en charge institutionnelle de plus en plus systématisée. Depuis près de dix ans, dans les grandes villes nord-américaines notamment, on assiste au développement de politiques urbaines d’invisibilisation des manifestations des marginalités sociales telles que les populations de sans-abri (Mitchell, 1998). D’importants enjeux économiques se dessinent au centre des grandes villes ; ainsi, Montréal et Québec ambitionnent de faire disparaître les signes d’extrême pauvreté et de marginalités pour laisser place aux signes de prospérité (quartier des spectacles, économie touristique, etc.). On pense donc régler le problème de l’attractivité des centres-villes pour les populations marginalisées en appliquant des solutions simples à des problèmes complexes. C’est pourquoi il importe de souligner la complexité de ce phénomène si l’on désire intervenir d’une façon plus démocratique avec ces jeunes. Dans ce numéro, NPS vous livre une entrevue réalisée par François Huot avec Kouakou Fiendi Pira, travailleur social dans le Grand Nord. D’origine ivoirienne, et diplômé à la maîtrise de l’École de travail social de l’UQAM, monsieur Pira s’est découvert une passion pour le Grand Nord québécois et canadien en travaillant d’abord au Nunavik auprès des Inuits et ensuite dans les Territoires du Nord-Ouest. Ceux qui sont intéressés par les rapports métissés interculturels trouveront l’expérience de cet intervenant très intéressante et assez inusitée. C’est avec plaisir que nous vous présentons dans ce numéro le projet de colloque international organisé par NPS sur le thème du renouvellement démocratique des pratiques d’intervention et d’action sociales. Vous aurez l’occasion de lire le texte d’orientation du colloque ainsi que l’appel de communications qui circulent dans les milieux d’intervention intéressés par les questions démocratiques de l’intervention sociale. Nous souhaitons non seulement réfléchir sur l’idée même de renouvellement démocratique des pratiques de l’intervention sociale selon des contextes culturels et politiques différents, mais aussi analyser des pratiques concrètes d’intervention ayant des visées démocratiques. Il s’agit de partager des expériences ayant trait aux difficultés éprouvées dans la mise en pratique des idéaux et des principes d’intervention. Le texte d’orientation inclus dans ce numéro développe cette idée et propose des thématiques qui sauront rejoindre les praticiens de tous les horizons d’intervention dans leurs préoccupations actuelles. Afin de favoriser la discussion autour des questions d’insertion sociale par l’emploi, nous avons demandé à deux praticiennes de nous faire état de leurs réflexions sur leurs expériences dans deux contextes culturels différents et à chacune d’elle de réagir au texte de l’autre. Formatrice et accompagnatrice en insertion sociale en France depuis près de vingt ans, Valérie Baudot nous donne son point de vue sur le contexte français en discutant de l’influence des politiques sur les contextes d’intervention. En ce qui concerne l’expérience québécoise, Nathalie Pérusse qui travaille depuis dix ans dans une maison d’hébergement pour jeunes …

Parties annexes