Dans la région de l’Estrie, la réforme est plus avancée étant donné que les fusions d’établissements avaient été faites. On sait qu’au Québec il y avait 40 centres de santé qui étaient déjà fusionnés – les missions CLSC, CHSLD et la composante hospitalière – donc pour nous, il n’y a que dans la ville de Sherbrooke qu’il y a eu une autre fusion dans la présente réforme. Nous pouvons dire que nous avions une longueur d’avance dans l’intégration des services. Une meilleure intégration des services n’est jamais garantie et ce n’est pas parce qu’on fusionne des structures que nous aurons une meilleure intégration des services. Il faut se rappeler que dans les territoires qui n’avaient pas d’intégration de structures, il y avait déjà des projets intégrateurs ; on parle de guichets uniques de services, de mécanismes de concertation, de tables de concertation pour les différents types de clientèle et de programmes. Nous pensons que le pari que fait le ministre en s’inspirant justement des modèles des centres de santé c’est que lorsqu’on retrouve dans un même établissement l’ensemble des missions, qu’il n’y a qu’un seul répondant par territoire donné, les décisions devraient se prendre avec une approche plus globale et intégrée. Les gestionnaires peuvent ensuite mettre en place les mécanismes pour développer une réelle pratique intégrée selon les différents programmes, favoriser une meilleure accessibilité et continuité de services et, par le fait même, relever le défi de la qualité. Mais il faut être conscient que ce n’est pas parce nous mettons des gens dans la même bâtisse ou dans le même programme, avec le même directeur, que nous aurons nécessairement une meilleure intégration des services. Il faut avoir une vision à court, moyen et long terme et mettre à contribution les professionnels pour s’assurer d’une réelle pratique intégrée. Un autre élément intéressant de la présente réforme, sur lequel je reviendrai, est le fait d’asseoir les différents professionnels ensemble afin qu’ils puissent travailler sur la redéfinition de l’offre de services en fonction des besoins entendus au préalable. Cela devrait assurer une meilleure intégration des services. Quel sens donnez-vous à « vie démocratique » ? En ce qui me concerne, pour les territoires fusionnés depuis cinq ou six ans, nous avons vu que l’ensemble des usagers et des représentants, tant aux conseils d’administration que dans les différentes instances, ne reviendraient pas en arrière. Ils ont pris conscience que le fait d’être intégrés apportait une meilleure organisation et une meilleure offre de services. Le défi que posent la présente réforme et certaines notions dont on parle beaucoup comme la décentralisation, c’est qu’il n’est pas assuré que le territoire ou l’instance locale ait tous les leviers pour pouvoir fonctionner. En même temps, l’avantage est que si nous avons une instance accessible à laquelle la population peut se référer, connaître l’offre et la qualité des services disponibles, cela favorisera un rapprochement avec la population. Aussi, je l’ai mentionné, il faut impliquer les professionnels et travailler avec les différents partenaires qui représentent la communauté ; le modèle de la réforme actuelle nous dit d’aller un peu plus loin que dans le passé en termes de partenariats et de réseautage avec les divers partenaires du milieu. Pour revenir à votre question, ce n’est évidemment pas une équation magique, mais la responsabilité populationnelle peut nous amener à revoir nos pratiques tant pour les décideurs et les gestionnaires que pour les praticiens et les intervenants. Cela va nous obliger à nous connecter à notre population et surtout à nos clientèles vulnérables. Nous devons veiller à l’amélioration de la santé et au bien-être de notre population. C’est un défi ; …
La réforme Couillard : défis et enjeux pour les CSSSEntrevue avec François Therrien, directeur général du Centre de santé et de services sociaux du Granit[Notice]
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Annie Larouche
Étudiante à la maîtrise
École de travail social
Université du Québec à Montréal