CréationsPoèmes à creuser avec les mains et la bouche

Autour de l’image noire[Notice]

  • Younes Belouchi

Le matin chaque fois une seule fois je me circoncis Je me coupe Je me suce J’avale ce que tu dis avoir avalé Maman le vin de mon sexe coule de mes lèvres là sur mes pieds Je pense rapidement à Miranda July À celle-là et à son ceci de film à cet échange entre l’horreur et le rire Je pense au rire I’ll poop in your butt hole and then you will poop it back into my butt hole and we will keep doing it back and forth with the same poop Forever Je nous vois dans son croquis de fesse dans la nativité d’un désir Me dire qu’à leurs trous il y a nos bouches et qu’à leur merde ma chair Qu’importe Me dire Tout le monde nous dévisage Tous ceux qu’on connaît toi et moi Toujours Pour toujours Je dis me dire Entends faire dire Entends Jacques me dit Entends Me met ça dans la tête Toi qui me demandes souvent deux fois qui me met ça dans la tête ô qui me met ça dans la tête Je ne sais pas (mais je sais que c’est toujours lui) Lui qui veut que tu tiennes et tires étires et sépares ce que jadis j’avais de peau sur mon sexe Lui qui veut que dans ta bouche Et lui qui veut qu’au-dessus de moi ou que me regardant tu me laisses là espermer en cette étrange condition Maman il est question de mon sperme Très noir et très bas dans mon ventre Chose pâte qui me mène impunément à la dérive Chose tache dont je suis gros De la boue Maman tache pâte boue Je te le dis Jamais vu blanc sur mes cuisses ni sur les tiennes d’ailleurs ni sur celles de personne Fermement rose de nos lèvres là sur nos pieds Seul mon sang nous unit Socialement Économiquement Philosophiquement À chaque matin seul matin je te dis je me coupe par soif par compassion Je me soucie me triturant de ce qui nous lie Maman ma chair mon sang Maman ma plaie tout ouverte En larmes j’entends mon coeur palpiter dans mon gland trop nu et très propre Là mon secret là mon amour plus fort que mes souffrances limitées là ton goût immodéré pour ma chair à moi fraiche Là l’alliance là l’agneau doux l’obéissant que tu avales Et tu viens auprès de moi t’étends même dans mon lit À l’instant tu me dis Tu vois il n’y a rien Je te regarde l’âme en tempête et te dis Oui Alors je suce le grain de l’os suce l’enfant le bègue Alors je me fourre dans l’eau de ton bain J’y laisse couler tout ce que je tiens en coeur L’eau est basse crasse Et l’eau est rose Il faudrait m’essuyer Ne sais pas Renfiler mon caleçon Il faudrait me couvrir Maman couvrir le trou recoudre ma face Il faudrait un bout de pomme je ne sais pas une chaise il faudrait mourir sucer oublier les jeux obscènes et les bulles et les bougies J’ai envie envie de manger une orange Il faudrait t’attendre je t’attends dans le vaste et sauter je vais sauter Grand dégoût et parallèlement désir de flotter On me rappelle une sainte à qui manger ne disait rien Quasi fumerole je veux dire anorexique divine je veux dire elfe peut-être et abreuvée de sang Âme fissible rendue abouchée à ses blessures Je nous vois un peu comme ça toi et moi comme cette sainte bêler dans nos paumes brailler l’effondrement rire les yeux ouverts particulièrement fous À chaque matin seul matin …

Parties annexes