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Déficit immunitaire combiné sévère : une susceptibilité aux HPV ?Severe combined immunodeficiency : susceptibility to HPV ?[Notice]

  • Françoise Le Deist,
  • Caroline Laffort,
  • Gérard Orth,
  • Christine Bodemer et
  • Alain Fischer

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  • Françoise Le Deist
    Centre d’étude des déficits immunitaires.
    francoise.ledeist@nck.ap-hop-paris.fr

  • Caroline Laffort
    Unité d’immunologie, d’hématologie et de rhumatologie pédiatrique.

  • Gérard Orth
    Département de Virologie Institut Pasteur,
    25-28, rue du Docteur Roux,
    75015 Paris, France.

  • Christine Bodemer
    Service de dermatologie pédiatrique.
    Hôpital Necker-Enfants malades,
    149, rue de Sèvres,
    75015 Paris, France.

  • Alain Fischer
    Unité d’immunologie, d’hématologie et de rhumatologie pédiatrique.

Le déficit immunitaire combiné sévère (DICS) est une maladie rare, caractérisée par l’absence de lymphocytes T, associée, dans certains cas, à l’absence de cellules NK (natural killer) et/ou de lymphocytes B. Le déficit immunitaire peut être corrigé par une transplantation de cellules souches hématopoïétiques (TCSH) allogénique [1, 2] ou par thérapie génique [3]. L’observation, après greffe, d’une maladie cutanée grave et chronique liée à une infection par papillomavirus humains (HPV, human papillomavirus) chez certains patients greffés pour DICS pose un problème intrigant. Les HPV ont un tropisme spécifique pour les kératinocytes. Ils sont la cause des verrues planes ou vulgaires, des condylomes génitaux et des papillomes laryngés. Habituellement, les lésions régressent spontanément ou après traitement. Une susceptibilité génétique élective au développement d’une maladie chronique et sévère à HPV a été mise en évidence chez des patients qui développent un tableau clinique particulier, l’épidermodysplasie verruciforme (EV) (Figure 1). Ce syndrome grave, de transmission autosomique récessive, est génétiquement hétérogène. Il est caractérisé par la survenue de verrues disséminées, associées à des lésions mimant le pityriasis versicolor. La progression vers la malignité se produit dans 30 % à 50 % des cas [4]. Deux locus de susceptibilité ont été décrits sur le chromosome 2p21-p24 et sur le chromosome 17q25 et des mutations ont été récemment identifiées dans deux gènes adjacents, EVER1 et EVER2 [5]. Nous avons observé une incidence élevée (9/41) de maladie à HPV chez des patients greffés pour traiter un DICS [6]. Chez ces patients, la maladie à HPV apparaît entre 3 et 15 ans après la TCSH (médiane : 8 ans), en l’absence de traitement immunosuppresseur (Figure 2). Elle est sévère, progressive et réfractaire aux thérapeutiques usuelles. En outre, on ne peut exclure le développement de cette maladie sévère à HPV chez d’autres patients dans les années à venir. Cette maladie à HPV provoque non seulement un préjudice esthétique, mais aussi un handicap fonctionnel important. De plus, les lésions mimant l’EV, associées à HPV-5 ou HPV-14, telles qu’elles sont observées chez quatre patients, pourraient évoluer vers la malignité. Le traitement de cette maladie est décevant, inefficace ou suivi de récidives. Néanmoins, on a observé une rémission complète chez deux des neuf patients après une seconde TCSH chez un patient ou un traitement local chez le second. Nous avons donc recherché quel(s) pourrai(en)t être le(s) facteur(s) de risque de survenue de maladie grave à HPV dans ce groupe de patients. Le seul facteur de risque identifié est le type moléculaire à l’origine du DICS. Seuls les patients présentant un DICS avec lymphocytes B présents et cellules NK absentes (DICS B+ NK-) développent une maladie à HPV. Les caractéristiques de la TCSH (compatibilité entre le donneur et le receveur, type de conditionnement) et les événements secondaires à la TCSH (réaction du greffon contre l’hôte, infections) ne semblent pas intervenir sur le risque de survenue de la maladie à HPV. Par ailleurs, à distance de la greffe, ni le type de chimérisme ni la qualité de la reconstitution des immunités T et B ne diffèrent chez les patients atteints de DICS B+ NK-, avec ou sans maladie à HPV. Plusieurs patients présentent une lymphopénie T, affectant en particulier les lymphocytes T CD4+, en particulier les lymphocytes T CD4 naïfs, témoin d’une disparition de la thymopoïèse. Cependant, les infections associées ne sont pas plus fréquentes ou plus sévères dans le groupe présentant une maladie à HPV. Ce résultat est étonnant compte tenu du fait que les lymphocytes T CD4 sont décrits comme étant les principaux effecteurs de l’immunité anti-HPV [7]. Cependant, …

Parties annexes