En 1967, aux États-Unis, l’État du Colorado adoptait une loi qui autorisait l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de danger physique ou émotionnel. En 1971, cette loi s’étendait à 19 autres États, et en 1973, la Cour suprême des États Unis, dans le cas Roe versus Wade, rendait un arrêt – fondé sur le « droit de vie privée » inscrit dans la constitution américaine – qui reconnaissait aux femmes le droit de décider de l’interruption de grossesse au cours des 6 premiers mois. Les États-Unis étant une fédération, la constitution s’impose à tous ; mais chaque État ayant sa propre législation, une vision d’ensemble nécessiterait de longs développements. La courbe d’évolution du nombre des IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 44 ans montre qu’après avoir connu un pic atteignant presque 30 ‰ entre 1980 et 1985, celui-ci a ensuite baissé régulièrement pour se situer à 20,9 ‰ en 2002 [1] (Figure 1). En 1992, 14 % seulement des IVG étaient pratiquées aux alentours de la 6e semaine. Mais, en 1999, les IVG précoces atteignaient 22 % [2, 3]. En septembre 2000, la FDA (food and drug administration) autorisait le RU486 aux États-Unis (alors que le méthotrexate était jusque-là préconisé, mais peu utilisé). Dans la première moitié de 2001, 37 000 avortements médicaux par miféprisone (RU486 + prostaglandines) ont été pratiqués, c’est-à-dire 6 % de l’ensemble des avortements. En général, ils ont eu lieu dans des cliniques qui réalisaient déjà des avortements chirurgicaux, mais certains établissements se limitent aux IVG médicamenteuses. Le protocole reste coûteux : 490 $ US contre 370 $ US pour une IVG chirurgicale à 10 semaines en 2001 [4]. Depuis 1990, la législation des États et du gouvernement fédéral devient plus restrictive. En 1992, la Cour suprême fait évoluer la loi avec le Planned parenhood versus Casey. Les États peuvent réduire les protections légales accordées aux femmes et aux médecins, à condition toutefois que ces restrictions n’entraînent pas un « fardeau excessif » pour les femmes souhaitant une IVG. En novembre 2003, le Federal partial birth abortion act interdit les avortements du 2e trimestre faits par dilatation puis extraction. De plus, la législation d’autorisation parentale est renforcée, ce qui peut en partie expliquer la diminution du nombre des IVG chez les mineures. En outre, de nombreux comtés, surtout en mileu rural, sont dépourvus de centres d’interruption de grossesse et 29 % des femmes voulant y avoir recours doivent faire 50 miles ou plus pour trouver un médecin ou une clinique pouvant les accueillir [4]. Enfin, la prise en charge est loin d’être systématique (excepté en cas de viol, inceste ou de mise en danger de la santé de la mère). Dix-sept États fournissent une aide aux femmes à bas revenus. Environ 14 % seulement des IVG sont payées par des fonds publics. Depuis l’adoption de la loi Veil, en 1975, les IVG sont autorisées en France sous certaines conditions. En 1982, le remboursement de l’acte par la sécurité sociale a été voté et, en 2001, la loi a été reconduite avec des assouplissements : L’interruption volontaire de grossesse restant un acte médical initialement contraire au serment d’Hippocrate, et qui soulève des problèmes éthiques, il est donné aux médecins le choix d’en refuser la pratique. Les législateurs avaient adopté cette loi en raison du grand nombre d’avortements clandestins qui représentait un véritable fléau social, mais ils escomptaient que le développement de la contraception conduirait à une diminution progressive du recours à l’avortement. Force est de constater que, 30 ans après la promulgation de la loi, le …
Parties annexes
Références
- 1. Facts in brief. The Alan Guttmacher Institute, 5 mai 2005.
- 2. Jones RK, Darroch JE, Menshaw S. Pattern in the socio economic characteristics of women obtaining abortions in 2000-2001. Perspect Sex Reprod Health 2002 ; 34 : 226-35.
- 3. Finer LB, Henshaw JK. Abortion incidence and services in the Unites States in 2000. Perspect Sex Reprod Health 2003 ; 35 : 6-15.
- 4. Henshaw SK, Finer LB. The accessibility of abortion services in the United States, 2001. Perspect Sex Reprod Health 2003 ; 35 : 16-24.
- 5. Bajos N, Moreau C, Leridon H, Ferrand M. Pourquoi le nombre d’avortements n’a-t-il pas baissé en France depuis 30 ans ? Population et Sociétés 2004 ; n°407.
- 6. Bouchard B. Grossesses et IVG chez les adolescentes : des chiffres préoccupants. Med Sci (Paris) 2001 ; 17 : 350-1.
- 7. Rossier C., Leridon H, et l’équipe COCON. Pilule et préservatif, substitution ou association ? Population 2004 ; 59 : 449-78.
- 8. Bajos N, Leridon H, Job-Spira N. La contraception en France dans les années 2000. Présentation de l’enquête COCON. Population 2004 ; 59 : 409-18.
- 9. Garel M, Ferrand M, Kaminski M. Caractéristiques psychologiques et sociales des femmes qui ont des IVG itératives : enquête dans trois centres français. Contra Fertil Sex 1996 ; 24 : 72-6.
- 10. Nisand I. L’IVG en France. Proposition pour diminuer les difficultés que rencontrent les femmes. http://www.gyneweb.fr/sources/contraception/ivg.htm
- 11. Prise en charge de l’interruption volontaire de grossesse jusqu’à 14 semaines. Paris : ANAES, mars 2001.