Faits et chiffresFeatures and Figures

Les femmes dans la recherche françaiseWomen in research in France[Notice]

  • Simone Gilgenkrantz

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  • Simone Gilgenkrantz
    9, rue Basse,
    54330 Clerey-sur-Brenon,
    France.

En France, l’idée de parité a pris corps avec la Loi du 6 juin 2000 qui fait « obligation aux listes présentées lors d’un scrutin proportionnel à deux tours de comporter un nombre égal de candidats de chaque sexe ». Comme on le verra, les dispositions prises par l’Union européenne viennent renforcer cette volonté de parité, même si elle n’est pas encore devenue réalité. Dès 1998, en effet, la direction générale « Recherche » de la Commission européenne a créé une unité « Femmes et Sciences » chargée de recueillir et de diffuser des statistiques sur la représentation des femmes dans la Recherche au sein des pays membres. Un rapport souligne le manque de femmes, non seulement parmi les scientifiques, mais aussi parmi les décideurs de la politique scientifique [1]. De plus, la mise en place de « l’Espace Européen de la Recherche » a pour mission d’obtenir une représentation d’au moins 40 % de chaque sexe dans toutes les instances. En septembre 2001, le ministère de la Recherche, sous l’impulsion de Roger-Gérard Schwarzenberg, créait dans notre pays une « mission pour la parité en sciences et en technologie », afin de disposer de données sexuées qui, contrairement à ce que l’on pourrait supposer, ne sont pas toujours facilement accessibles, et de mettre en place des mesures visant à renforcer la place des femmes dans les études et carrières scientifiques. En mars 2002 était publié un Livre blanc consacré aux « Femmes dans la Recherche française » [2]. À partir de données statistiques récentes, il dresse un « état des lieux » sur la place des femmes dans la Recherche française. Réalisé avec les services de plusieurs ministères (Recherche, Éducation nationale, Agriculture), et la participation de l’OST (Observatoire des sciences et techniques), il montre, par des analyses détaillées et de nombreux graphiques, non seulement la répartition des femmes dans les différentes disciplines, mais aussi leur place dans la hiérarchie et la disparité des profils de carrière selon le sexe. À l’heure où une femme médecin astronaute vient d’être nommée ministre de la Recherche, on se prend à rêver d’un monde paritaire, facteur d’excellence pour l’ensemble de la société. Mais il reste encore beaucoup à faire, comme le montre ce Livre blanc qui révèle des inégalités criantes dans la représentation des deux sexes au sein du monde scientifique. La faible représentation des femmes dans les sciences dites « dures », l’inégalité de recrutement des femmes selon les Académies, la sous-représentation des femmes dans les instances de décision et la disparité des profils de carrière au détriment des femmes sont les quelques points que nous avons choisi de développer ici. Dans la recherche publique, et plus encore dans les entreprises privées, la part des femmes est particulièrement faible en mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur (y compris dans les technologies de l’information et de la communication) (Figure 1). Toutefois, à discipline identique, le pourcentage de femmes varie de façon significative selon l’institution considérée. Ainsi, en mathématiques, on compte 17 % de femmes au Cnrs, 21 % à l’Université, et 23 % dans les autres EPST (Établissements publics à caractère scientifique et technologique). Dans les entreprises privées, la part des femmes parmi les chercheurs, toutes spécialités confondues, est de 19 %. Mais ce pourcentage varie fortement selon les branches: alors qu’elles représentent 46 % en pharmacie, elles sont très rares dans l’industrie automobile ou l’aéronautique par exemple (Figure 2). Les préjugés sont encore si tenaces qu’il n’est pas rare d’entendre: « Dur pour une femme de faire un métier d’homme! ». De plus, si la voie d’accès à la fonction de …

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