EN :
The adoption of Bill 21, which bans religious symbols for civil servants in Quebec, has stirred considerable debate politically and constitutionally in the province and in the rest of Canada. Neglected, however, has been a more in-depth analysis of how international human rights law often serves as an implicit frame of reference for many of the debates surrounding Bill 21. This essay focuses, in particular, on the invocation of the case law of the European Court of Human Rights, which seems to have validated bans of religious symbols in various contexts. It gives an overview of that jurisprudence and specifies the parameters within which it operates, emphasizing the complexity of translating a supranational case law into a domestic debate. It argues that whilst Quebec is less alone in banning religious symbols than is sometimes argued, the European case law needs to be handled carefully. In particular, the essay emphasizes the importance of the so-called “margin of appreciation” as heavily impacting the outcome in those cases. Although the margin suggests that there is national leeway in adopting bans based on certain national traditions and specificities, it hardly opens the door to all bans. Rather, the margin emphasizes the significance of divergences between states parties on an issue and respect for procedural safeguards. The essay concludes with some thoughts on how importing human rights arguments out of context can be perilous, but also about how the margin itself may be problematic.
FR :
L’adoption de la Loi 21 interdisant le port de symboles religieux pour les fonctionnaires du service public au Québec a créé une controverse politique et constitutionnelle considérable dans la province et dans le reste du Canada. Néanmoins, la manière dont la dimension internationale, notamment en droits humains, a souvent agi comme schème de référence implicite dans les débats, a été négligée. Cet essai étudie notamment l’invocation de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, laquelle a validé des interdictions du port de symboles religieux dans plusieurs contextes. En donnant un aperçu de cette jurisprudence, il s’agira d’identifier les paramètres à l’intérieur desquels elle procède et de mettre l’accent sur la difficulté à transposer des décisions supranationales dans un débat interne. Si le Québec n’est en effet pas seul à banir les symboles religieux, les décisions européennes doivent être comprises dans leur contexte spécifique. L’essai met l’accent sur l’importance de ladite « marge d’appréciation » comme ayant un effet considérable sur l’issue de ces jugements. Bien que la marge suggère un espace de manoeuvre dans l’adoption d’interdictions fondées sur certaines traditions et spécificités nationales, celle-ci n’est pas une porte ouverte à toutes les interdictions. Elle place au coeur de la réflexion l’existence de divergences entre États parties ainsi que le respect de certaines garanties procédurales. Il s’agira, en définitive, de bien évaluer les dangers d’importer des arguments tirés des droits humains hors contexte, mais aussi de souligner certains problèmes liés à la marge d’appréciation elle-même.