Note de lectureCritical ReviewNota de lectura

Power and Progress – Our Thousand-Year Struggle Over Technology and Prosperity, Daron Acemoglu, Simon Johnson, PublicAffairs, New York, 2023, 560p.

  • Thierry Burger Helmchen

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  • Thierry Burger Helmchen
    Université de Strasbourg, Université de Lorraine, CNRS, BETA, 67000, Strasbourg, France
    burger@unistra.fr

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Couverture de La production des innovations sociales à l’ère de la créativité et du numérique, Volume 28, numéro 4, 2024, p. 4-125, Management international / International Management / Gestiòn Internacional

Power and Progress (PP) de Acemoglu et Johnson (2023), présente une exploration de la relation complexe entre la technologie et le développement des économies. C’est le cinquième ouvrage auquel Acemoglu contribue après “Economic Origins of Dictatorship and Democracy” (Acemoglu & Robinson, 2009), “Introduction to Modern Economic Growth” (Acemoglu, 2009),”Why Nations Fail : The Origins of Power, Prosperity, and Poverty” (Acemoglu & Robinson, 2012) et “The Narrow Corridor : States, Societies, and the Fate of Liberty” (Acemoglu & Robinson, 2019). Si l’angle d’analyse change par rapport à ses ouvrages préalables, puisque cette fois-ci il prend en compte la technologie, ce nouveau volume reste dans la continuité des précédents, livrant avant tout une analyse des institutions et de leurs impacts sur la prospérité des sociétés. L’ouvrage, décliné, en 11 chapitres, propose aux lecteurs un voyage historique à travers la révolution industrielle jusqu’à l’ère numérique actuelle. Les auteurs examinent les impacts des percées technologiques sur les structures sociétales, les marchés du travail et la répartition économique. Au coeur de leurs arguments se trouve l’idée selon laquelle les progrès technologiques ont historiquement profité à certains groupes, souvent aux dépens d’autres, créant ainsi des défis sociétaux et des disparités économiques. Les auteurs remettent en question l’optimisme technologique prédominant. Ils affirment que le progrès véritable n’est pas garanti par la technologie seule, mais par l’orientation de cette technologie vers le bien commun. Ils appellent à un changement dans la manière dont nous concevons et utilisons la technologie, pour qu’elle serve l’intérêt général et non une élite restreinte. Le lecteur ne peut qu’être déçu par cette introduction à l’ouvrage puisque la notion centrale n’est finalement définie que de manière très vague. Le lecteur se référera plutôt à l’ouvrage de Brian Arthur (2010) pour une approche plus solide du progrès technologique. Ce n’est malheureusement pas le seul moment ou les auteurs choisissent de suivre leurs propres définitions plutôt que d’utiliser des références plus généralement admises en économie et en management de l’innovation. Un thème central du livre est l’interaction entre l’intervention de l’État et les forces du marché dans l’orientation du progrès technologique. Les auteurs soutiennent qu’une approche de laissez-faire conduit souvent à des avancées technologiques qui donnent la priorité aux profits plutôt qu’au bien-être de la société. Ils plaident pour une approche plus équilibrée dans laquelle les politiques et réglementations de l’État guident le développement technologique afin de garantir qu’il s’aligne sur les valeurs et les objectifs de la société. Ce en quoi ils ne sont pas vraiment novateurs, nous retrouvons la même argumentation dans les travaux de Mazzucato (2018). Toutefois, Acemoglu et Johnson n’abordent pas la mise en pratique et restent au niveau des principes généraux mais démontrent comment les progrès technologiques, s’ils ne sont pas contrôlés, peuvent exacerber les disparités de richesse et conduire à une concentration accrue du pouvoir économique. Une partie de leurs propos se concentre sur les défis posés par l’automatisation et l’IA, discutant de leur potentiel à intensifier les inégalités économiques et à saper les valeurs démocratiques. Les auteurs appellent à une réorientation vers des technologies plus conviviales pour les travailleurs et remettent en question la trajectoire actuelle du développement de l’IA. Acemoglu et Johnson évaluent de manière critique les implications de ces technologies sur la main-d’oeuvre, soulignant le potentiel de suppression d’emplois et d’augmentation des inégalités économiques (pour une approche davantage technique de la relation entre productivité et travail, le lecteur se tournera par exemple vers Borsato et Lorentz, 2023). Pourtant, ils ne laissent aucun doute au fait que la croissance économique soit liée de manière indiscutable au progrès technologique. Toutefois ils ont du mal à clarifier les notions d’innovations …

Parties annexes