Résumés
Résumé
Notre recherche se propose d’explorer la relation entre la croissance internationale de l’entreprise et l’intra-régionalisation vs l’inter-régionalisation. Nous développons un cadre théorique fondé essentiellement sur les avantages et les handicaps des contextes géographiques intra- et inter-régionaux. Ce cadre théorique permet d’expliquer non seulement la supériorité en matière de croissance internationale de l’intra-régionalisation par rapport à l’inter-régionalisation, mais aussi les mécanismes par lesquels les similitudes intra-régionales, les différences inter-régionales et le degré d’engagements internationaux s’interagissent pour faire évoluer la croissance des entreprises intra- et inter-régionales. Nos résultats apportent plusieurs contributions et implications de recherche à la littérature émergente de la régionalisation.
Mots-clés :
- Intra-régionalisation,
- Inter-régionalisation,
- Degré d’engagements internationaux,
- Croissance internationale,
- Différences inter-régionales et Similitudes intra-régionales
Abstract
Our research proposes to explore the relationship between the international firm growth and intra- regionalization vs inter-regionalization. We are developing a theoretical framework based primarily on the advantages and the liabilities of intra- and inter-regional geographic contexts. This theoretical framework helps to explain the international growth superiority of intra-regionalization over inter-regionalization, and furthermore, the mechanisms by which intra-regional similarities, inter-regional differences, and the degree of international commitments interact to drive the growth of intra- and inter-regional firms. Our findings provide several research contributions and implications for the emerging literature of regionalization.
Keywords:
- Intra-regionalization,
- Inter-regionalization,
- Degree of international commitments,
- International growth,
- Inter-regional differences and Intra-regional similarities
Resumen
Nuestra investigación explora la relación entre el crecimiento internacional de las empresas y la intrarregionalización versus la interregionalización. Desarrollamos un marco teórico basado principalmente en las ventajas y desventajas de los contextos geográficos intrarregionales e interregionales. Este marco teórico ayuda a explicar no sólo la superioridad en crecimiento internacional de la intrarregionalización sobre la interregionalización, sino también los mecanismos por los que las similitudes intrarregionales, las diferencias interregionales y el grado de compromisos internacionales interactúan para impulsar el crecimiento de las empresas intrarregionales e interregionales. Nuestros resultados aportan varias contribuciones e implicaciones de investigación a la emergente literatura sobre regionalización.
Palabras clave:
- Intrarregionalización,
- Interregionalización,
- Grado de compromisos internacionales,
- Crecimiento internacional,
- Diferencias interregionales y Similitudes intrarregionales
Corps de l’article
Se focalisant sur deux niveaux d’analyse, global et local, les travaux classiques mais toujours influents (Bartlett et Ghoshal, 1989; Prahalad et Doz, 1987) nous ont renseigné clairement sur diverses stratégies internationales. A cette dichotomie, entre global et local, Rugman et Verbeke (2004) ont introduit un niveau d’analyse intermédiaire, à savoir la région, en observant que les entreprises les plus grandes au monde n’étaient pas globales, mais plutôt régionales, réalisant en moyenne 80 % de leurs chiffres d’affaires dans leurs régions d’origine. De cette observation et des autres recherches qui en découlent (tels Rosa, Gugler et Verbeke, 2020; Verbeke et Asmussen, 2016) se développe la théorie de la régionalisation qui vise à explorer la dimension régionale dans les décisions clés des stratégies internationales : où et comment s’internationaliser ?
S’appuyant sur les avantages des similitudes intra-régionales (SI) et les handicaps des différences inter-régionales (DI), les fondateurs de cette théorie argumentent avec force la supériorité en matière de performance de l’intra-régionalisation (INTRAR), qui consiste à étaler des activités et actifs internationaux de l’entreprise au sein de sa région d’origine, par rapport à l’inter-régionalisation (INTER), définie comme la dispersion des activités et actifs à travers diverses régions du monde (Rugman et Verbeke, 2004; 2005). Néanmoins, sur le plan empirique, l’existence ou non d’une telle supériorité, sujet débattu depuis des années, demeure loin d’être complètement éclairée et concluante. Les travaux précédents apportent des réponses différentes. Par exemple, alors que Delios et Beamish (2005) confirment que les entreprises intra-régionales enregistrent une rentabilité des actifs plus faible que les entreprises inter-régionales, Ral-Trebacz et Eckert (2016), Kim, Wu, Schuller et Hoskisson (2020) démontrent le contraire. En développant un modèle à trois phases, Oh et Contractor (2014) démontrent eux aussi que par rapport à l’INTER, l’INTRAR apporte une meilleure performance financière.
Engagés dans ce débat, nous observons quatre limites principales des travaux empiriques précédents. Premièrement, nous constatons que ces derniers se focalisent essentiellement sur l’impact sur la performance des diverses configurations de l’internationalisation (INTRAR vs INTER), mais pas assez sur celui des possibles interactions entre les deux dimensions de l’internationalisation, à savoir, la configuration et le degré. Ce manque d’attention est surprenant étant donné qu’au plan conceptuel, la configuration et le degré sont considérés comme deux facettes, distinctes mais inséparables, de l’internationalisation. Si le degré se définit comme le niveau d’engagement international de l’entreprise dans les activités productives/commerciales et peut être représenté par son niveau de pénétration dans des marchés étrangers et/ou son niveau de production internationale (Contractor, Kundu et Hsu, 2003), la configuration reflète quant à elle la manière de disperser ces engagements dans des pays (régions) d’accueil et détermine si l’entreprise étale de manière équilibrée ses activités et actifs dans un grand nombre de pays (régions) d’accueil ou au contraire les concentre dans quelques pays (régions) hôtes principaux (Asmussen et Goerzen, 2013). Dans ce sens, ce manque d’attention peut conduire à des observations biaisées et partielles.
Deuxièmement, nous constatons l’absence de la croissance de l’entreprise, définie comme une augmentation des ventes résultant d’un processus de développement (Penrose, 1959), dans la conceptualisation et la mesure de la variable performance dans tous les travaux précédents, lesquels ont uniquement utilisé les indicateurs financiers. Cette absence conduit inévitablement à un état de connaissance incomplet, étant donné que la croissance est considérée comme une mesure majeure de la performance (Penrose, 1959), mais aussi et surtout comme un critère de jugement principal sur lequel les fondateurs de la théorie de la régionalisation comparent théoriquement la performance de l’INTRAR avec celle de l’INTER (Rugman et Verbeke, 2004, 2005; Verbeke et Asmussen, 2016). Troisièmement, il manque de mesure objective et théoriquement dérivée des stratégies (intra)inter-régionales (Asmussen, 2009). La quatrième limite réside dans le caractère partiel des fondements théoriques des travaux empiriques : aucune recherche ne tient compte à la fois des avantages et des handicaps des SI et des DI susceptibles de façonner les choix des stratégies (intra)inter-régionales ainsi que les niveaux de performance associés (Verbeke et Asmussen, 2016).
Pour remédier à ces limites, notre recherche se propose d’étudier deux questions inexplorées : (i) quel est l’impact sur la croissance internationale de l’INTRAR par rapport à l’INTER ? et (ii) si et comment l’INTRAR, l’INTER et le degré d’engagements internationaux (DEI) dans chaque configuration s’interagissent pour faire évoluer la croissance internationale (CI). Nous développons un fondement théorique articulé autour de trois éléments. Premièrement, dans la perspective de la régionalisation, nous construisons un cadre théorique tenant compte des avantages et handicaps des SI et des DI. Ce cadre permettra de comparer les impacts de l’INTRAR et de l’INTER. Deuxièmement, nous retenons de la théorie de l’internationalisation fondée sur la connaissance la proposition : accroître le DEI constitue un levier d’apprentissage pour l’entreprise. Troisièmement, bien que nous adoptions cette proposition, nous développons dans le même temps l’idée qu’accroître le DEI dans diverses contextes géographiques (intra vs inter-régionaux) stimule des leviers d’apprentissage de natures distinctes, susceptibles d’accentuer les avantages des DI, d’une part, et les handicaps des SI, d’autre part. Cet élément permettra plus tard de comprendre les mécanismes par lesquels le DEI exerce divers impacts modérateurs sur les relations entre la CI, l’INTRAR et l’INTER. Afin de tester nos hypothèses, nous avons construit une base de données de 40 distributeurs alimentaires internationaux de 24 différentes nationalités durant les deux périodes 2002-2011 (tests principaux) et 2001-2012 (test d’endogénéité).
Nos résultats apportent plusieurs contributions à la littérature de la régionalisation. A l’égard du débat en question, notre première contribution consiste à démontrer pour la première fois que l’INTRAR conduit à une CI supérieure à celle de l’INTER. Nos résultats révèlent aussi que cette supériorité devient moins prononcée à mesure qu’un DEI plus élevé modère négativement l’impact sur la CI de l’INTRAR et positivement celui de l’INTER. Cette révélation suggère fortement que la croissance n’est pas seulement déterminée par les configurations intra-et inter-régionales, mais aussi par le DEI que l’entreprise atteint dans chaque configuration. Sur le plan théorique, notre recherche apporte à la littérature de la régionalisation une synthèse sur les avantages et les handicaps des SI et des DI. Elle met d’ailleurs en lumière les mécanismes par lesquels les SI et les DI façonnent la croissance, contribuant ainsi à améliorer la connaissance sur l’importance des caractéristiques des environnements des pays d’accueil dans l’explication des conséquences des stratégies d’internationalisation.
Recherche empirique précédente
Le débat sur l’impact sur la performance de l’INTRAR vs l’INTER s’enrichit des résultats différents. Se basant sur un échantillon de multinationales japonaises, Delios et Beamish (2005) confirment que les entreprises intra-régionales enregistrent les Tobin’s Q, les rentabilités des actifs et des ventes plus faibles que les inter-régionales. Au contraire, sur un échantillon d’entreprises américaines de service, Li (2005) démontre qu’une stratégie intra-régionale génère une meilleure rentabilité des ventes qu’une stratégie globale. De même, Ruigrok, Georgakakis et Greve (2013), Kudina (2012), Qian, Khoury, Peng et Qian (2010), Banalieva et Santoro (2009) constatent eux aussi une performance financière supérieure des intra-régionales. Ce constat est également confirmé par le modèle à trois phases (S horizontal) d’Oh et Contractor (2014) : Dans la phase initiale de l’expansion internationale, l’entreprise connait une performance négative, notamment en raison des coûts de transaction et d’apprentissage. Durant la deuxième phase avec une dispersion intra-régionale, elle enregistre une performance positive, grâce aux avantages des similitudes régionales. Néanmoins, dans la troisième phase où l’entreprise étend sa présence au-delà de sa région d’origine, elle connaît une performance négative, en raison de la complexité managériale et organisationnelle et des coûts de transaction trop importants. Plus récemment, Kim et al. (2020), Ral-Trebacz et Eckert (2016), Oh, Sohl et Rugman (2015) corroborent de nouveau la thèse de supériorité en matière de performance financière de l’INTRAR par rapport à l’INTER.
Tel que spécifié plus haut, la lacune importante de la recherche antérieure est notre double méconnaissance de l’impact sur la croissance de l’INTRAR vs l’INTER et de celui des interactions entre ces deux configurations et le degré d’engagement dans chaque configuration. L’existence d’un tel gap est d’autant plus surprenante que, dès 2004, dans leur article fondateur de la théorie de la régionalisation, Rugman et Verbeke s’étaient déjà interrogés sur l’intérêt et la nécessité d’explorer le lien entre le DEI, les configurations intra/inter régionales et la croissance, et avaient en conséquence explicitement invité les chercheurs à le faire (Rugman et Verbeke, 2004, p. 15).
Le caractère partiel des fondements théoriques de ces travaux constitue une autre lacune importante. Bien que la théorie de la régionalisation se fonde essentiellement sur l’idée que les SI et les DI génèrent divers avantages et handicaps susceptibles de façonner les choix des stratégies intra- et inter-régionales ainsi que les niveaux de performance associés (Verbeke et Asmussen, 2016), aucune recherche empirique ne tient compte à la fois de tous ces avantages et handicaps. La plupart des travaux (Kim et al., 2020; Li, 2005; Qian et al., 2010; Ruigrok et al., 2013) fondent leurs arguments principalement sur les avantages des SI et les handicaps des DI. D’autres les assoient sur les handicaps des SI (Oh et Contractor, 2014) ou les avantages des DI (Delios et Beamish, 2005). Dans la section qui suit, nous développons, après avoir défini le concept de région, un cadre théorique fondé sur les avantages et les handicaps des SI et des DI.
Fondement théorique
Le concept région peut être défini de différentes manières dans diverses perspectives géographique, économique et culturel (Aguilera, Flores et Vaaler, 2007). Dans notre recherche, nous conceptualisons la région dans une perspective géographique, dans laquelle nous mettons l’accent sur la proximité et la continuité physiques (Aguilera et al., 2007; Arrègle, Beamish et Hébert, 2009). Ce choix parce que la géographie est un élément fondamental de la définition de la région internationale (Arrègle, Miller, Hitt et Beamish, 2013). De plus, les régions géographiques jouent un rôle central dans l’organisation des stratégies internationales (Buckley et Ghauri, 2004). Cette conceptualisation convient d’ailleurs au coeur de notre recherche axé sur la distribution géographique des activités commerciales internationales des entreprises (Amussen, 2009). En outre, définir les régions par le critère géographique permet d’arrimer notre cadre conceptuel, fondé sur les SI et les DI, autour du concept de région[1], parce que la proximité géographique entre les pays d’une région implique souvent d’autres similitudes (Flores et al., 2013), et qu’il existe des discontinuités substantielles de la distance institutionnelle, économique et culturelle à la frontière régionale (Verbeke et Asmussen, 2016).
Précisément, nous définissons la région comme un groupement des pays avec une proximité et une continuité physiques (Arrègle et al., 2009), caractérisé par des valeurs partagées, une meilleure cohésion interne et des similitudes institutionnelle, économique et culturelle (Aguilera et al., 2007; Rugman et Verbeke, 2007). En même temps, nous sommes pleinement conscients que malgré ces similitudes, il existe des différences intra-régionales entre les pays d’une même région, et que ces différences intra-régionales sont pourtant moins importantes que des différences inter-régionales (Rugman et Verbeke, 2007). En effet, dans cette recherche, nous adoptons comme postulat l’observation de Verbeke et Asmussen (2016; p. 1054) : « la région est généralement considérée comme un groupement des pays qui sont relativement similaires les uns aux autres et relativement différents des pays d’autres régions ».
Avantages et handicaps des similitudes intra-régionales
De relatives SI, fruit des efforts d’intégration des pays membres d’une même région (Verbeke et Asmussen, 2016), stimulent l’apprentissage par exploitation (Kim et Aguilera, 2015) et la genèse des bénéfices d’exploitation (Lu et Beamish, 2004) et d’agrégation (Ghemawat, 2003). Elles génèrent d’immenses opportunités commerciales régionales (Verbeke et Asmussen, 2016). Elles réduisent substantiellement les hasards contractuels (Rugman et Verbeke, 2005) et évitent à l’entreprise d’importants investissements à caractère exclusif (Buckley et Ghauri, 2004). Elles favorisent le partage des connaissances et des routines entre les filiales intra-régionales (Arregle et al., 2009). De même, des SI stimulent l’élaboration des ressources et compétences stratégiques à portée régionale de l’entreprise (Region-bound FSAs) (Rugman et Verbeke, 2005). Elles font ainsi de la région une étendue géographique optimale à l’alignement efficient des ressources et des connaissances de l’entreprise sur celles disponibles dans les marchés d’accueil, condition sine qua non pour assurer la réussite commerciale (Verbeke et Asmussen, 2016).
Néanmoins, les SI exposent en même temps l’entreprise aux handicaps des mécanismes de création de valeur par agrégation (Ghemawat, 2003) et par exploitation (March, 1991). Pendant qu’elles favorisent la genèse de l’efficience par le transfert et l’exploitation des ressources et routines de l’entreprise à l’intérieur de toute la région, elles encastrent progressivement celle-ci dans un processus de dépendance de sentier (Pierson, 2000), dans l’exploitation aux dépens de l’exploration (March, 1991). De même, pendant qu’elles favorisent la co-implantation des filiales régionales en quête des bénéfices d’agglomération, elles stimulent l’homogénéité et la duplication entre celles-ci, réduisent l’exploration et l’exposition à des connaissances nouvelles et hétérogènes (Arregle et al., 2009; Sorenson et Baum, 2003).
Handicaps et avantages des différences inter-régionales
Les persistantes DI (Osegowitsch et Sammartino, 2008) mettent les entreprises inter-régionales face à des difficultés et des désavantages additionnels par rapport à leurs concurrents régionaux. Ces désavantages additionnels, que Qian et al. (2013) qualifient de handicaps liés à l’expansion inter-régionale (Liability of inter-regional foreignness), peuvent prendre la forme de l’affaiblissement de la valeur et de la puissance des ressources stratégiques existantes de l’entreprise en dehors de sa région d’origine (Verbeke et Asmussen, 2016). Ces handicaps peuvent prendre aussi la forme d’importants investissements d’adaptation, spécifiques à chaque région d’accueil, avec pourtant une efficacité incertaine, en raison des faibles rationalité et fiabilité inter-régionales (Verbeke et Asmussen, 2016).
En revanche, les DI apportent à l’entreprise la possibilité de réaliser l’apprentissage par exploration (Kim et Aguilera 2015) et des bénéfices d’exploration (Lu et Beamish, 2004) et d’arbitrage associés (Ghemawat, 2003), nécessaires pour innover (Hitt, Hoskisson et Kim, 1997). Spécifiquement, elles lui apportent la possibilité de capitaliser sur la dispersion géographique et la diversité des connaissances (Ghemawat, 2003; Kim et al., 2020). Elles l’exposent aux larges opportunités d’apprentissage dans la diversité (Goerzen et Beamish, 2003; Lee et Makhija, 2009). Elles lui fournissent également la flexibilité nécessaire pour créer, intégrer et reconfigurer différentes ressources et compétences internationales (Qian et al., 2010). Les DI procurent également à l’entreprise les bénéfices d’une flexibilité opérationnelle globale (Allen et Pantzalis, 1996) tels que la réduction de la dépendance d’un pays marché particulier (Kim et al., 1993) ou la possibilité de faire un arbitrage sur des outputs en choisissant des meilleurs canaux de distribution et de vente (Hennart, 1982).
Engagement international comme un levier d’apprentissage organisationnel
Le modèle Uppsala décrit le processus d’internationalisation comme un cercle vertueux entre quatre éléments - engagement sur les marchés étrangers, connaissance des marchés étrangers, décisions d’engagement et activités courantes (Johanson et Vahlne, 1977). Ce modèle original a été par la suite développé pour tenir compte des changements des pratiques managériales et des avancées théoriques depuis 1977. La version 2009 du modèle a été élaborée pour prendre en compte l’importance des relations et du réseau commercial (Johanson et Vahlne, 2009). Celle de 2017 se fonde quant à elle sur un cercle vertueux entre les quatre variables - engagements, processus de développement des connaissances, processus d’engagement et capacités (Vahlne et Johanson, 2017). Malgré ces mises à jour, les mécanismes de changement et le rôle des décisions d’engagement restent fidèles à la version originale : l’accroissement du degré d’engagement des ressources et des activités de l’entreprise est toujours considéré comme un levier d’apprentissage permettant de développer des connaissances expérientielles et des capacités.
Engagement international dans les contextes intra-et inter-régionaux : Apprentissage dans la similitude vs apprentissage dans la diversité
Nous appuyant sur ce constat, nous considérons l’accroissement du DEI comme un levier d’apprentissage. En même temps, nous développons l’idée qu’accroître le DEI dans divers contextes géographiques stimule des leviers d’apprentissage de natures distinctes, susceptibles d’accentuer les avantages de l’INTER, d’une part, et les handicaps de l’INTRAR, d’autre part.
Accroître le DEI dans le contexte inter-régional peut, à notre avis, intensifier les activités d’apprentissage dans la diversité de l’entreprise (Hitt et al., 1997), car l’espace inter-régional se caractérise par l’hétérogénéité des connaissances (Kim et Aguilera, 2015; Kim et al., 2020) et les différences institutionnelle, économique et culturelle (Verbeke et Asmussen, 2016). Cet accroissement renforce l’encastrement de l’entreprise dans des environnements divers et variés, et expose de plus en plus celle-ci aux larges opportunités d’apprentissage (Goerzen et Beamish, 2003; Lee et Makhija, 2009) et aux connaissances hétérogènes (Ghemawat, 2003) - un composant nécessaire pour l’invention (Schumpeter, 1939). Dans ce sens, accroître le DEI dans l’INTER et, à travers lui, une intensification de l’apprentissage dans la diversité devraient stimuler les activités d’exploration (March, 1991), et conduire plus particulièrement à une meilleure performance inventive (Kim et al., 2020) et à l’innovation (Hitt et al., 1997) - ce qui est primordial pour créer et maintenir la dynamique du marché et la croissance de l’entreprise (Miller, 1986; Zahra, Ireland et Hitt, 2000).
Au contraire, accroître le DEI dans le contexte intra-régional peut intensifier les activités d’apprentissage dans la similitude (Johanson et Vahlne, 1977), car l’espace intra-régional se caractérise par des valeurs partagées et des similitudes régionales (Verbeke et Asmussen, 2016) incluant des connaissances communes et une relative homogénéité des connaissances (Arrègle et al., 2009; Kim et Aguilera, 2015; Kim et al., 2020)[2]. Accroitre le DEI dans l’INTRAR et, à travers lui, une intensification de l’apprentissage dans la similitude peuvent stimuler l’homogénéité et la duplication entre les filiales régionales, d’une part, et réduire l’exploration et l’exposition à des connaissances nouvelles et hétérogènes, d’autre part (Arregle et al., 2009; Sorenson et Baum, 2003) - ce qui réduit la capacité inventive de l’entreprise (Kim et al., 2020), laquelle est pourtant nécessaire pour innover, créer et maintenir la dynamique du marché (Miller, 1986; Hitt et al., 1997).
Hypothèses
Impact sur la croissance internationale de l’INTRAR vs l’INTER
Les persistantes DI rendent les stratégies inter-régionales plus compliquées et moins viables que la stratégie intra-régionale (Kim et al., 2020; Qian et al., 2010), et ce pour deux raisons : d’abord, les DI créent des barrières administratives, réglementaires et normatives à l’exploitation des opportunités commerciales régionales par les entreprises externes (Verbeke et Asmussen, 2016). Puis, elles mettent les entreprises inter-régionales face aux désavantages additionnels par rapport à leurs concurrents régionaux (Qian et al., 2013) tels que l’affaiblissement de la valeur et de la puissance, voire l’impossible exploitation, de leurs ressources, routines et produits stratégiques existants (Verbeke et Asmussen, 2016), l’interaction compliquée et inefficace avec la clientèle locale (Daamen, Hennart, Kim et Park, 2007). Ce qui fait que les inter-régionales ne peuvent pas exploiter avec efficience les marchés des régions d’accueil.
Les SI impliquent quant à elles le handicap lié aux activités d’exploration. Néanmoins, la répercussion sur la croissance de ce handicap serait généralement moins importante que celle des défis des DI, car le handicap lié aux activités d’exploration ne restreint pas les activités d’exploitation des ressources et produits stratégiques existants des intra-régionales, ni l’élaboration de leurs Region-bound FSAs, nécessaires pour exploiter avec efficience leur marché régional (Rugman et Verbeke, 2005; 2007).
Les SI stimulent d’ailleurs la perspective régionale des opérations de l’entreprise et sa croissance par différents mécanismes. Sur le plan institutionnel et économique, les pays membres d’une même région s’efforcent très souvent de mener communément des actions d’intégration afin de créer une meilleure cohésion interne (Rugman et Verbeke, 2007), sous forme, par exemple, d’un bloc économique régional comme l’ANASE ou l’ALENA. Ce qui génère d’immenses marchés régionaux communs et favorise en même temps l’implantation intra-régionale des acteurs économiques internes (Rosa et al., 2020; Rugman et Verbeke, 2004).
Au niveau organisationnel et managérial, les SI facilitent l’implémentation de l’entreprise en simplifiant la communication, la coordination et le traitement de l’information. Elles lui évitent d’importants investissements à caractère exclusif (Buckley et Ghauri, 2004). Elles favorisent au contraire l’élaboration de ses Region-bound FSAs (Rugman et Verbeke, 2005). Elles stimulent d’ailleurs le partage des connaissances et routines entre les filiales intra-régionales (Arregle et al., 2009), nécessaire pour assurer une pénétration régionale efficiente.
Sur le plan commercial, la relative homogénéité des comportements, préférences et besoins de la clientèle régionale permet à l’entreprise de transférer et d’exploiter, à l’échelle régionale et sans grande adaptation, ses ressources, technologies et produits stratégiques précédemment développés dans son pays d’origine ou d’autres pays de la région. En d’autres termes, les SI rendent possible l’alignement des savoir-faire et produits existants de l’entreprise sur les besoins des marchés régionaux, et, à ce titre, font de la région un espace optimal à sa croissance (Rugman et Verbeke, 2005; Verbeke et Asmussen, 2016).
Hypothèse 1 : L’intra-régionalisation génère une croissance internationale supérieure à celle de l’inter-régionalisation
Impacts interactifs entre le DEI et les configurations intra-et inter-régionales
L’expansion inter-régionale met certes l’entreprise en difficultés liées aux DI. En même temps, elle lui permet de poursuivre l’exploration inter-régionale (Kim et Aguilera, 2015)[3] et de générer ainsi les bénéfices d’exploration (Lu et Beamish, 2004) et d’arbitrage (Ghemawat, 2003), indispensables au progrès technologique, à l’innovation et à la croissance (Miller, 1986; Zahra et al., 2000). Pour générer ces bénéfices et améliorer ainsi la croissance, l’un des leviers possibles consiste, tel qu’argumenté plus haut, à intensifier les activités d’apprentissage dans la diversité par un accroissement du DEI dans la trajectoire d’inter-régionalisation, plus précisément, par une augmentation du nombre de filiales inter-régionales et de leurs activités.
Une telle intensification de l’apprentissage dans la diversité peut accentuer l’acquisition des connaissances expérientielles nécessaires pour réduire la méconnaissance des spécificités locales, évaluer et saisir de nouvelles opportunités commerciales (Johanson et Vahlne, 1977; Vahlne et Johanson, 2017). De plus, elle peut accentuer la construction des nouvelles compétences spécifiques à chaque région d’accueil, la capitalisation des connaissances hétérogènes ainsi que l’exploration des nouvelles possibilités (Kim et Aguilera, 2015) - ce qui améliore la performance inventive, la capacité d’innovation et donc la croissance de l’entreprise (Hitt et al., 1997; Kim et al., 2020; Miller, 1986; Zahra et al., 2000).
Accroître le DEI dans l’INTER et, à travers lui, une présence physique plus profonde et large procure aussi à l’entreprise les bénéfices d’une flexibilité opérationnelle globale (Allen et Pantzalis, 1996), nécessaires pour améliorer la croissance. L’entreprise peut réduire sa dépendance à l’égard d’un marché particulier et d’éventuelles fluctuations de revenus (Kim et al., 1993) grâce à un portefeuille d’investissements plus conséquents, mais dispersés à travers des régions. Elle a aussi la possibilité de faire un arbitrage sur des outputs en choisissant des meilleurs canaux de distribution et de vente (Hennart, 1982). Sur cette base de discussion, nous proposons que :
Hypothèse 2a : Un degré d’engagements internationaux plus élevé modère positivement l’impact de l’inter-régionalisation sur la croissance internationale.
L’INTRAR vise essentiellement à exploiter avec efficience des opportunités commerciales régionales au moyen du transfert, de l’extension et de l’exploitation des ressources et routines précédemment développées dans le pays d’origine de l’entreprise ou d’autres pays de la région (Verbeke et Asmussen, 2016). L’accroissement du DEI dans l’INTRAR, par une augmentation du nombre de filiales régionales et de leurs activités par exemple, intensifie mécaniquement le redéploiement et l’exploitation de ces ressources et routines maitrisées dans l’environnement régional relativement homogène - Ce qui conduit l’entreprise dans les pièges posés par son apprentissage dans la similitude.
Spécifiquement, l’exploitation réussie des routines conduit à la répétition (March, 1988; 1991). L’entreprise risque en conséquence de finir par s’encastrer toujours davantage dans son activité d’exploitation (March 1991), exclure en revanche progressivement son activité d’exploration (March, 1991). Ainsi, elle minimise de plus en plus le temps, les efforts et les risques liés à l’innovation (Denis, 2007), impliquant inévitablement un affaiblissement de sa capacité d’innovation. Cet affaiblissement est d’autant plus grave qu’avec un nombre de filiales régionales plus important, la co-implantation augmente l’homogénéité et la duplication entre elles et réduit par ailleurs l’exploration et l’exposition à des connaissances nouvelles et hétérogènes (Arregle et al., 2009; Sorenson et Baum, 2003). De même, augmenter le DEI dans un groupe de pays de proximité afin de tirer profit d’une familiarité partagée peut aussi restreindre, sur la durée, la vision, les expériences accumulées, l’exploration et donc la capacité d’innovation des managers, car ces derniers n’affrontent qu’un nombre relativement limité de défis, concurrents et clients, dans des conditions commerciales et culturelles peu diversifiées (Barkema et Vermeulen, 1998).
Un tel affaiblissement de la capacité d’innovation aux triples niveaux - entreprise, filiale et manager - diminue la croissance, surtout que l’innovation est nécessaire pour renouveler les besoins de la clientèle et maintenir la dynamique du marché (Miller, 1986). Cette diminution de la croissance peut d’ailleurs s’aggraver par diverses sources de déséconomies d’agglomération telles que la disponibilité limitée des opportunités de marché (Nachum et Wymbs, 2005), la réduction des ressources locales, la compétition intensifiée et inefficiente entre les entreprises (Chan, Makino et Isobe, 2006) ou entre les filiales régionales d’une même entreprise (Arregle et al., 2009). Sur cette base de discussion, nous proposons que :
Hypothèse 2b : Un degré d’engagements internationaux plus élevé modère négativement l’impact de l’intra-régionalisation sur la croissance internationale.
Sur la base de toute la discussion précédente, nous anticipons également que : l’INTRAR conduit à une CI supérieure à l’INTER en raison des avantages des SI et des handicaps des DI. Néanmoins, cette supériorité devient moins prononcée à mesure qu’un DEI plus élevé implique les handicaps d’exploitation (March, 1991) et d’agrégation (Ghemawat, 2003) des SI, d’une part, et déclenche les bénéfices d’exploration (Lu et Beamish, 2004) et d’arbitrage (Ghemawat, 2003) des DI, d’autre part.
Hypothèse 2c : La supériorité en matière de croissance internationale de l’intra-régionalisation par rapport à l’inter-régionalisation devient moins prononcée à mesure que l’entreprise augmente son degré d’engagements internationaux.
Méthodologie
Echantillon et Variables
Nous avons choisi comme terrain empirique l’industrie de la grande distribution alimentaire, car cette industrie, caractérisée par les idiosyncrasies institutionnelles, économiques et culturelles régionales (Burt, Coe et Davies, 2019), permet l’alignement entre notre terrain empirique et notre cadre théorique fondé sur les avantages et handicaps des SI et des DI. Pour le recueil des données, nous avons retenu les deux périodes 2002-2011 et 2001-2012 où les distributeurs développent de manière intense les activités internationales tant au sein de leurs régions d’origine que vers d’autres régions d’accueil. Ceci nous permet d’avoir dans notre échantillon les entreprises à divers DEI (de faibles à extrêmement élevés) et à différents niveaux d’INTRAR et d’INTER (des entreprises intra-régionalisées à 100 % à celles presque pleinement inter-régionalisées). Toutes ces valeurs différentes de DEI, d’INTRAR et d’INTER sont nécessaires pour tester nos hypothèses. Nous avons exploité trois bases de données : (i) Planet Retail, un fournisseur d’informations sur l’activité de tous les distributeurs alimentaires dans le monde, pour collecter les données brutes telles que nombre de filiales étrangères, nombre de pays hôte, chiffre d’affaires par pays et année, nombre et type de format de magasin; (ii) la Banque Mondiale, fournissant les données liées aux taux d’inflation et aux PIB; (iii) la Division de Statistique des Nations Unies, qui fournit la classification des régions géographiques du monde. De notre base de données initiale comprenant tous les distributeurs internationaux actifs durant la période 2001-2012 (67 distributeurs), nous avons retenu 40 entreprises de 24 nationalités dont les données sont disponibles pour calculer toutes les variables dans nos modèles de recherche.
Variable dépendante
En suivant Zahra et al. (2000), nous mesurons la CI de l’entreprise (CROIS) par la croissance annuelle de ses ventes internationales.
Variables indépendantes
Les mesures utilisées dans la recherche antérieure (tels le nombre de régions, la classification basée sur les ratios des ventes régionales) comportent deux limites : (i) le résultat d’une classification est souvent sensible aux choix de points d’inflexion (Osegowitsch et Sammartino, 2008); (ii) ces mesures ne tiennent pas compte des caractéristiques des environnements (intra)inter-régionaux, à savoir des SI et des DI (Asmussen, 2009). Afin d’y remédier, nous utilisons, comme recommandé par Rosa et al. (2020), l’indice Configurations d’orientation globale (Z) développé par Asmussen (2009) pour mesurer l’INTRAR et l’INTER. Cet indice se construit sur le critère objectif de globalisation de Fisch et Oesterle selon lequel, pour qu’une entreprise soit considérée comme complètement et réellement globalisée, la distribution de ses ventes globales doit correspondre à la distribution du PIB global. L’indice Z se calcule de manière suivante :
Où G est le niveau de l’INTER; R le niveau de l’INTRAR; e le ratio des ventes dans la région d’origine (mais hors du pays d’origine) sur les ventes totales de l’entreprise; w le ratio des ventes dans le reste du monde (ou hors de la région d’origine) sur les ventes totales de l’entreprise; eI le ratio du PIB du reste de la région d’origine sur le PIB global; wI le ratio du PIB du reste du monde sur le PIB global. Les valeurs de l’indice Z s’étalent sur une échelle allant de -1 à 1. Si la valeur de Z est égale à -1, l’entreprise est considérée comme intra-régionalisée à 100 %. Si la valeur de Z est égale à 1, l’entreprise est définie comme inter-régionalisée à 100 %. Plus la valeur de Z s’approche de zéro, plus l’entreprise s’approche de la globalisation complète. En suivant Arregle et al. (2009), le groupement régional de pays s’est effectué sur la base de classification de régions géographiques de la Division de Statistique des Nations Unies (https://unstats.un.org/unsd/methodology/m49/). Selon cette dernière, ont été identifiées 19 régions géographiques [4]. Cette classification qui se fonde sur le critère de distance géographique et permet d’améliorer la proximité intra-groupe (Flores et al., 2013) est cohérente avec notre conceptualisation géographique de la région. Sur une échelle allant de -1 à 1 d’Asmussen (2009), notre indice Z (CONFIGU) prend les valeurs comprises entre -1 et 0,97.
Variable modératrice
Le DEI peut être mesuré par le ratio des ventes internationales sur les ventes totales (VIVT) et/ou le ratio du nombre de filiales étrangères sur le nombre total de filiales (FETF) (Grant, 1987; Miller et al., 2016). En suivant Lu et Beamish (2004), notre recherche utilise les deux ratios pour développer notre mesure du DEI. Mesurer le DEI de cette manière répond à la question – ‘Quel est le pourcentage des activités commerciales et des constructions de filiales conduites à l’étranger par l’entreprise ?’ - et capte ainsi son niveau d’engagement des ressources et des activités à l’international. Sur une échelle allant de 0 à 1, notre DEI prend les valeurs comprises entre 0,007 et 0,994.
Variables de contrôle
Dans nos modèles de recherche, nous avons inclus plusieurs variables de contrôle qui, identifiées dans la littérature, pourraient affecter les relations suggérées. Nous incluons la croissance de l’année précédente (CROISt-1) dans nos régressions, vu que celle-ci peut permettre de prédire ou, au moins, être corrélée avec la croissance de l’année actuelle (CROISt). L’âge de l’entreprise (AGE), qui représente l’expérience accumulée et impacte la performance, est mesuré par le nombre d’années d’opération de l’entreprise depuis sa création. Etant donnée que la vitesse d’internationalisation (VITES) influence elle aussi la performance, nous incluons et mesurons cette variable par le changement annuel du ratio du nombre de filiales étrangères sur le nombre total de filiales de l’entreprise (Wagner, 2004) durant la période 2002 – 2011. Pour mesurer la diversification de service (DIVSE), nous utilisons le nombre de formats des magasins proposés par chaque entreprise. La largeur de l’internationalisation (LARGE), représentant l’étendue géographique de l’entreprise et influant sur la performance (Lu et Beamish, 2004), est mesurée par le nombre total de pays d’accueil. Nous utilisons la superficie de vente de tous les magasins confondus pour mesurer la taille de l’entreprise (TAILL). Nous contrôlons le taux d’inflation global (INFLA) car celui-ci influence le pouvoir et la décision d’achat des clients. Nous contrôlons aussi la dimension temporelle de la période de recherche 2002-2011 en utilisant dix variables binaires d’année (ANNEE). L’année 2011 a été sélectionnée comme l’année de référence.
Modèles de recherche
Pour tester nos hypothèses, nous utilisons l’analyse des données de panel (entreprise - année), plus précisément, les modèles à effets aléatoires avec robustesse de vce. Ces modèles corrigent la présence de l’autocorrélation et l’hétéroscédasticité dans les données de panel, et augmentent la fiabilité des coefficients estimés. Ils permettent d’examiner la variabilité inter-individuelle dans le temps (Sevestre, 2002). Leur limite principale est qu’ils contrôlent et mesurent l’effet d’éventuels facteurs inobservables sur la variable de croissance moins bien que les effets à effets fixes. Nous avons utilisé le test « Hausman » pour comparer nos modèles à effets aléatoires avec les modèles à effets fixes. Les résultats des tests « Hausman » confirment le rejet des modèles à effets fixes en faveur de nos modèles à effets aléatoires dans tous les cas. Pour examiner les relations en question, nous avons construit deux modèles à données de panel suivants :
Résultats
Dans le tableau 1, nous exposons les statistiques descriptives et les corrélations pour toutes les variables (Mean VIF = 1,56). Nos résultats sont présentés dans le tableau 2 : (i) dans le modèle n° 1, nous n’incluons que les variables de contrôle et la variable dépendante CROIS; (ii) le modèle n° 2 vérifie si l’INTRAR génère une CI plus élevée que l’INTER (Hypothèse 1); (iii) le modèle n° 3 vérifie simultanément si un DEI plus élevé modère positivement la relation entre l’INTER et la CI (Hypothèse 2a), si un DEI plus élevé modère négativement la relation entre l’INTRAR et la CI (Hypothèse 2b), et si un DEI plus élevé diminue la supériorité en matière de CI de l’INTRAR par rapport à l’INTER (Hypothèse 2c). Tous ces modèles, de 1 à 3, sont statistiquement significatifs, vu ce que leurs statistiques Wald chi2 (p <0,01) montrent.
Conformément à nos attentes (Hypothèse 1), l’INTRAR génère une CI plus élevée que l’INTER. Le coefficient de la variable de configurations d’orientation globale est négatif (-7,27) et significatif avec une p-valeur inférieure à 0,05 (tableau 2, modèle 2). Ce résultat signifie que plus la valeur de Z est grande, plus la CI diminue. Précisément, il signifie simultanément que plus l’entreprise est inter-régionalisée, plus sa CI décroît, et qu’en revanche, plus l’entreprise est intra-régionalisée, plus sa CI s’accroît. Les résultats ont aussi confirmé un pouvoir d’explication élevé du modèle 2 (tableau 2). L’ensemble des variables de contrôle et de la variable indépendante (configurations d’orientation globale) expliquent en effet 33,45 % de la variabilité interindividuelle de la CI (tableau 2, modèle 2, R2 = 33,45 %). Par conséquent, l’hypothèse 1 est validée.
Nos résultats ont aussi confirmé les hypothèses 2a et 2b. Le coefficient (30,91) de la variable interactive de configurations d’orientation globale et de degré d’engagements internationaux (CONFIGU x DEI) est statistiquement significatif avec une p-valeur inférieure à 0,05 (tableau 2, modèle 3). Ce coefficient positif démontre, d’une part, que lorsque l’entreprise augmente d’une unité du produit (configurations d’orientation globale x degré d’engagements internationaux) en accroissant par exemple à l’extrême son INTER (vers la valeur de 1) et son DEI (vers 1), elle enregistre une augmentation de 30,91 % de sa CI. D’autre part, il signifie aussi que lorsque l’entreprise diminue d’une unité du produit (configurations d’orientation globale x degré d’engagements internationaux) en accroissant par exemple à l’extrême son INTRAR (vers -1) et son DEI (vers 1), elle connait une diminution de 30,91 % de sa CI. En d’autres termes, ce coefficient positif (β =30,91; p < 0,05) confirme qu’un DEI plus important réduit l’impact positif de l’INTRAR sur la CI, d’une part, et amoindrit l’impact négatif de l’INTER sur la CI, d’autre part.
Interprété graphiquement, ce résultat indique, sur la figure 2, qu’une entreprise avec un DEI maximal (0,994) enregistre un taux de CI négatif à mesure qu’elle se concentre davantage dans sa région d’origine. En revanche, aux degrés minimal (0,007) et moyen (0,344) d’engagements internationaux, une entreprise intra-régionalisée connait une meilleure CI à mesure qu’elle accentue son INTRAR. Ainsi, il semble, comme anticipé dans l’hypothèse 2a, que plus une entreprise intra-régionalisée augmente son DEI au sein de sa région d’origine, moins prononcé sera l’impact positif de son INTRAR sur sa CI.
La figure 2 indique également qu’une entreprise avec un DEI maximal (0,994) connait une meilleure CI à mesure qu’elle se disperse davantage vers des régions d’accueil. En revanche, aux degrés minimal (0,007) et moyen (0,344) d’engagements internationaux, une entreprise inter-régionalisée connait un taux de CI négatif à mesure qu’elle augmente son INTER. Ainsi, il semble, comme proposé dans l’hypothèse 2b, que plus une entreprise inter-régionalisée augmente son DEI à travers diverses régions géographiques, moins prononcé sera l’impact négatif de son INTER sur sa CI. Enfin, le coefficient positif (β =30,91; p < 0,05) de la variable interactive (CONFIGU x DEGRE) et l’ensemble des interprétations graphiques associées (figure 2) démontrent également que l’accroissement du DEI diminue, voire inverse, la supériorité en matière de CI de l’INTRAR par rapport à l’INTER. L’hypothèse 2c est donc validée.
En ce qui concerne les variables de contrôle, les résultats ont montré que la CI de l’année précédente, la largeur de l’internationalisation, et les années 2003, 2007 et 2009 ont un impact significatif sur la CI. Ceci justifie a posteriori de les avoir incluses dans nos modèles de recherche. En revanche, les autres variables de contrôle ne sont pas significativement associées à la variable CI.
Tests de robustesse : Endogénéité et Causalité Inversée
Pour tester si l’endogénéité existe dans nos modèles, nous avons effectué deux analyses statistiques additionnelles. D’abord, en suivant Hillman et Keim (2001) et Kirca et al. (2016), nous avons testé une relation inversée entre la CI et les configurations d’orientation globale (l’INTRAR vs l’INTER). Précisément, dans notre modèle, nous avons utilisé les configurations d’orientation globale comme variable dépendante et la CI comme variable indépendante pour tester la supposée relation inversée. Nous n’avons pas trouvé de relation statistiquement significative entre la CI au temps t et les configurations d’orientation globale au temps t+1. Ceci indique que l’endogénéité sous forme de causalité inversée n’est pas un problème sérieux dans nos modèles.
Ensuite, en suivant Lu et Beamish (2004), nous avons décalé les données pour des régressions supplémentaires. Nous avons avancé d’un an toutes les variables indépendante, modératrice et de contrôle vers la période 2001-2010, et reporté d’un an la variable dépendante vers la période 2003-2012. Nous avons ainsi obtenu une structure de données décalées de deux ans, susceptible de diminuer considérablement d’éventuelles causalités inversées entre les variables. Les résultats des tests Hausman confirment le rejet des modèles à effets aléatoires en faveur des modèles à effets fixes pour ces données décalées. Les résultats des régressions supplémentaires convergent avec les résultats empiriques initialement obtenus, confirmant ainsi la robustesse de la validation de nos hypothèses (tableau 3).
Discussion
Dans un effort de remédier aux quatre limites de la recherche antérieure, nous avons exploré l’impact sur la CI de l’INTRAR vs l’INTER en tenant compte des rôles des contextes inter- et intra-régionaux et du DEI. Nos résultats confirment que l’INTRAR génère une CI supérieure à l’INTER (H.1), en raison des bénéfices des SI et des handicaps des DI (Verbeke et Asmussen, 2016); Néanmoins, cette supériorité est modérée par le DEI dans chaque configuration. Un DEI plus élevé modère positivement l’impact sur la CI de l’INTER (H.2a) et négativement celui de l’INTRAR (H.2b). Ces impacts modérateurs positif et négatif du DEI peuvent s’expliquer respectivement par nos deux mécanismes d’apprentissage dans la diversité et dans la similitude. Ensemble, nos résultats confirment d’ailleurs que l’accroissement du DEI diminue la supériorité en matière de CI de l’INTRAR par rapport à l’INTER (H. 2c), car un DEI plus élevé implique les handicaps d’exploitation (March, 1991) et d’agrégation (Ghemawat, 2003) des SI, d’une part, et déclenche les bénéfices d’exploration (Lu et Beamish, 2004) et d’arbitrage (Ghemawat, 2003) des DI, d’autre part.
Nos résultats ont trois implications théoriques importantes pour la littérature de la régionalisation. Premièrement, en examinant l’impact sur la croissance de l’INTRAR vs l’INTER, nous améliorons la connaissance sur la nature de la relation entre la performance et les stratégies (inter-)régionales. En effet, notre résultat (H.1) confirme pour la première fois la proposition centrale de la théorie de la régionalisation : la région d’origine constitue un espace optimal à la croissance (Rugman et Verbeke, 2005; Verbeke et Asmussen, 2016). Ce résultat suggère, en accord avec Penrose (1959), que la croissance dans les environnements marchés familiers exige moins d’efforts et implique moins de problèmes opérationnels. En outre, juxtaposer ce résultat à ceux d’autres auteurs apporte une connaissance plus complète sur la relation en question. Les travaux précédents (tels Ral-Trebacz et Eckert, 2016; Oh et al., 2015; Ruigrok et al., 2013) ont démontré une supériorité en matière de performance financière de l’INTRAR vs l’INTER. Néanmoins, une performance financière supérieure ne signifie pas toujours une performance commerciale supérieure (et inversement), surtout que la croissance des ventes et la rentabilité financière sont deux dimensions, liées mais distinctes, de la performance, et qu’une multinationale peut choisir un succès commercial par une augmentation des parts de marché au détriment de sa rentabilité financière et inversement. Par conséquent, les résultats antérieurs, à eux seuls, n’éclairent qu’une seule facette financière de la relation performance-stratégies (inter)régionales. En revanche, juxtaposer notre résultat (H.1) à ceux-ci permet d’élaborer une implication normative plus complète dans la littérature de la régionalisation : l’INTRAR génère une performance supérieure à l’INTER tant au niveau financier que commercial.
Deuxièmement, nos résultats (H.1, H.2a, H.2b, H.2c) qui, ensemble, signifient que le sens et la magnitude de la relation entre la croissance et l’INTRAR vs l’INTER sont dépendants du DEI apportent deux nouvelles idées importantes et précieuses au débat en question : (i) Toute future recherche sur le lien performance-stratégies (inter)régionales devrait prendre en compte l’impact modérateur du DEI, car ce ne sont pas seulement les configurations (inter)intra-régionales qui déterminent la performance, mais aussi le DEI atteint dans chaque configuration. Autrement, de futures recherches risqueraient de continuer de produire des résultats contradictoires et biaisés; (ii) Notre découverte de la nature ambivalente et contingente au DEI de la relation entre la CI et l’INTRAR vs l’INTER apporte une possibilité de réconcilier des résultats contradictoires des travaux précédents focalisés sur la performance financière. Une telle découverte pose la question « Une telle contradiction peut-elle être expliquée partiellement par la non prise en compte de l’impact modérateur du DEI dans les modèles de recherche ? ». Autrement dit, notre recherche, bien qu’elle emploie croissance comme mesure de la performance, suggère qu’une telle contradiction existe car la relation entre la performance financière, l’INTRAR vs l’INTER pourrait être également ambivalente et dépendante des DEI qui impactent le sens et la magnitude de la relation. De futures recherches peuvent tester cette tentative d’explication afin d’élaborer un discours plus cohérent au sein du débat.
Troisièmement, notre recherche a révélé les rôles ambivalents des SI, des DI et du DEI, ainsi que l’interdépendance entre eux. Précisément, de notre recherche s’émanent deux observations : (i) dans un même contexte géographique, divers DEIs génèrent différents niveaux de croissance; (ii) dans divers contextes géographiques, un même DEI génère différents niveaux de croissance. Cette double observation importe aussi bien au grand débat connexe sur la relation degré d’internationalisation-performance qu’à la perspective de la semi-globalisation. Par rapport à cette dernière, notre première observation, signifiant que « l’exploitation des SI (ou DI) peut constituer une source d’ajout ou, au contraire, de réduction de valeur, selon le DEI accordé à cette exploitation », pose des conditions limites à ses deux mécanismes d’ajout de valeur, à savoir, l’Agrégation impliquant essentiellement l’exploitation des similitudes à travers les pays, et l’Arbitrage l’exploitation des différences entre les pays (Ghemawat, 2003). Bien que nous soyons d’accord avec Ghemawat (2003) que l’agrégation est un mécanisme d’ajout de valeur de la régionalisation, nos résultat et mécanisme d’apprentissage dans la similitude montrent dans le même temps que celle-ci constitue aussi un mécanisme de réduction de valeur, si l’entreprise pousse trop loin l’exploitation des SI en augmentant à l’extrême le DEI dans son INTRAR (DEI > 0,804). A l’égard de l’arbitrage, cette perspective propose implicitement que les inter-régionales puissent capitaliser sur les différences entre les pays afin d’ajouter de la valeur. Bien que nous partagions cette proposition, nos résultat et mécanisme d’apprentissage dans la diversité montrent dans le même temps que l’arbitrage constitue aussi un mécanisme de réduction de valeur, tant que l’entreprise n’atteint pas la taille critique dans ses régions d’accueil (DEI < 0,804), nécessaire pour exploiter avec efficacité les DI. En résumé, nos résultats contribuent à cette perspective en expliquant et posant les conditions limites sous lesquelles l’agrégation et l’arbitrage constituent respectivement un mécanisme d’ajout de valeur pour l’INTRAR et l’INTER.
De plus, par rapport au grand et non concluant débat sur la relation degré d’internationalisation-performance[5], notre recherche constitue le premier effort d’avoir exploré l’impact interactif du degré d’internationalisation et des diversifications (inter)intra-régionales sur la croissance. En démontrant que, dans divers contextes géographiques, un même degré d’internationalisation peut générer différents niveaux de performance commerciale (la seconde observation), notre recherche envoie à ce débat une double proposition liée : l’espace (intra)inter-régional est un complément contextuel fondamental du degré d’internationalisation; par conséquent, tenir compte du contexte (intra)inter-régional permettrait d’expliquer en partie la contradiction des résultats précédents.
En outre, notre recherche a non simplement apporté à la littérature de la régionalisation une structure complète d’avantages et d’handicaps des SI et des DI. Mais aussi et surtout, une nouvelle logique théorique, substantiellement différente de celle des travaux précédents, et susceptible d’expliquer l’ambivalence de la relation en question. En effet, l’argumentation des travaux précédents se fonde essentiellement sur la logique « Handicaps des DI et Avantages des SI ». Bien que nous soyons d’accord avec leur logique, nous l’avons complétée avec une logique « Avantages des DI et Handicaps des SI » afin de développer un cadre d’analyse plus équilibré, capable de tenir simultanément compte des réels avantages et handicaps des caractéristiques des contextes (inter-)intra-régionaux. Sans ce cadre d’analyse, ou autrement dit, si nous avions adopté la logique simpliste des travaux précédents, nous n’aurions pas pu expliquer la nature ambivalente et dépendante du DEI de la relation étudiée, ni pourquoi et sous quelle condition l’INTRAR constitue la configuration préférée par rapport à l’INTER et inversement. Ceci suggère qu’à l’avenir, quelle que soit la mesure de la performance, il est nécessaire pour de futures recherches de construire une argumentation plus équilibrée prenant simultanément en compte les avantages et les handicaps des SI et des DI.
Notre recherche apporte aussi des renseignements utiles et précis aux managers. Ceux-ci peuvent s’appuyer sur notre cadre d’analyse pour expliquer comment les choix de configuration et de DEI sont effectués, et pourquoi et comment diverses combinaisons entre ces choix conduisent ou non à une CI supérieure. De plus, notre recherche leur révèle l’existence d’un seuil d’engagement (DEI = 0,804) au-delà duquel l’INTRAR conduit à une CI moins élevée que l’INTER, suggérant que pour assurer une CI positive et supérieure, il faut contenir le DEI, plus précisément, les pourcentages des ventes internationales et des filiales étrangères à moins de 80,4 % des ventes totales et du nombre total de filiales. Notre recherche leur révèle aussi l’existence d’un quantum d’INTER, laquelle signifie que l’INTER peut conduire à une CI positive et supérieure à l’INTRAR, à condition que les inter-régionales investissent massivement dans des pays d’accueil pour atteindre la taille critique (DEI = 0,804) : au moins 80,4 % de leurs ventes totales et de leur nombre total de filiales doivent être effectués et localisés à l’étranger.
La limite principale de notre recherche mérite d’être spécifiée : nos résultats peuvent être contingents aux caractéristiques d’un secteur d’activités. La distribution alimentaire se caractérise par les endurantes idiosyncrasies régionales en matière d’habitude d’achat et de goût des consommateurs, de contrôle réglementaire et de politique protectionniste (Burt et al., 2019). Par rapport à ces caractéristiques sectorielles, le choix de secteur de grande distribution permet d’assurer une symétrie et une cohérence entre notre terrain empirique et notre fondement théorique; Il implique pourtant que nous devons généraliser avec prudence nos résultats. En outre, il serait intéressant de reproduire cette recherche avec des données des autres périodes, car les distributeurs peuvent changer leur DEI, leurs niveaux d’INTRAR et d’INTER dans le temps, afin de répondre aux changements aux niveaux régional et global. Néanmoins, ces changements n’affaiblissent pas la logique directrice de ce travail ou la nature dynamique et dépendante des DEI de la supériorité en matière de CI de l’INTRAR vs l’INTER, telle qu’elle est hypothétisée ici.
Conclusion
Notre recherche contribue à la littérature émergente de la régionalisation en mettant en lumière la supériorité en matière de croissance de l’INTRAR vs l’INTER, la nature dynamique et dépendante du DEI de cette supériorité, ainsi que les rôles ambivalents des contextes inter- et intra-régionaux et du DEI. Ces résultats améliorent la connaissance sur la nature de la relation entre la performance et les stratégies inter- et intra-régionales, et révèlent le rôle de l’interdépendance entre les SI (DI) et le DEI dans l’explication de la performance de ces dernières. En démontrant l’existence des impacts interactifs entre les configurations inter- et intra-régionales et le DEI, notre recherche non seulement apporte une tentative d’explication sur la contradiction des résultats précédents, mais suggère aussi la voie à suivre pour éviter de futurs résultats partiels et biaisés dans le double débat sur le lien entre la performance et l’INTRAR vs l’INTER et sur celui entre le degré d’internationalisation et la performance.
Parties annexes
Remerciements
Nous souhaiterions remercier particulièrement les trois évaluateurs anonymes, Professeur Franck Barès, Professeur Patrick Cohendet, Professeure Chantale Mailhot et Professeur Yan Cimon de leurs accompagnements et leurs avis constructifs tout au long du processus d’évaluation et d’amélioration de notre papier. Nous remercions sincèrement Professeur Alain Verbeke, Professeur Ulrike Mayrhofer et Professeur Richard Soparnot pour leurs avis constructifs et fructueux sur les versions précédentes de notre article. Nous sommes très reconnaissants envers Professeure Anne Gougé pour son écoute profonde, ses analyses inspirantes ainsi que ses aides précieuse et subtiles tout au long de ce projet de recherche et de publication. Nous remercions chaleureusement Madame Sara Hammiche pour son accompagnement et son aide professionnels et aimables durant le processus de soumission et d’évaluation.
Notes biographiques
Pham Hoanh Son Nguyen est professeur de stratégie d’entreprise à l’ESC Clermont Business School et chercheur au laboratoire CleRMa Clermont Recherche Management de l’Université Clermont Auvergne. Ancien élève de l’Université Jean Moulin Lyon 3 et de l’EM Lyon Business School, il était membre du comité scientifique permanent de l’AIMS (mandat 2011- 2014). Il a été lauréat du Prix de la meilleure thèse de doctorat en management stratégique FNEGE-AIMS 2011. Il enseigne la stratégie d’entreprise, le management stratégique, le business game et les stratégies de développement international dans les programmes Graduate et Undergraduate. Ses recherches se conduisent actuellement dans les domaines des stratégies internationales et de la semi-globalisation de l’entreprise.
Renato Pereira : Professeur de Gestion Générale à l’Ecole de Gestion de l’ISCTE-IUL (Lisbonne, Portugal) où il enseigne l’Entrepreneuriat, l’Innovation et les Affaires Internationales, Chercheur à l’équipe de Gestion de la Business Research Unit de l’ISCTE-IUL et Coordinateur du Centre de Recherche en Marchés Emergents à l’ISCIM (Maputo, Mozambique), il est Docteur en Sciences de Gestion (Université Paris Dauphine) et Docteur en Études Africaines (ISCTE-IUL).
Notes
-
[1]
Nous remercions beaucoup l’évaluateur(trice) anonyme pour cette suggestion bien pertinente.
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[2]
Il existe d’ailleurs un corps important de travaux de recherche démontrant l’existence des connaissances relativement homogènes et communes dans l’espace intra-régional. Une telle existence peut s’émaner du développement et du re-déploiement des Region-bound FSAs de l’entreprise à travers son réseau de filiales régionales intégrées (Arrègle et al., 2009; Rugman et Verbeke, 2005), des similitudes intra-régionales et des efforts d’intégration régionale (Verbeke et Asmussen, 2016), des structures institutionnelles, associatives et savantes régionales (Kim et al., 2020), de la circulation plus libre des travailleurs qualifiés et des scientifiques détenant des brevets (Trippl, 2013), ainsi que de la collaboration de recherche entre les régions infranationales (Santoalha, 2019; Whittle, Lengyel et Kogler, 2020).
-
[3]
Kim et Aguilera (2015) a fait la distinction entre deux modes d’apprentissage - l’exploitation intra-régionale et l’exploration inter-régionale - en analysant la distance entre la base de connaissances existantes de l’entreprise et les connaissances disponibles dans les pays marchés d’accueil. Ce travail démontre que l’INTRAR est favorable à l’apprentissage par exploitation, en raison de la faible distance entre celles-ci. D’autre part, il affirme que l’INTER est propice à l’apprentissage par exploration, car il existe une grande distance entre les connaissances existantes de l’entreprise et de nouvelles connaissances requises pour concurrencer dans des pays des régions d’accueil.
-
[4]
Les 19 régions géographiques sont l’Afrique septentrionale, l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique occidentale, l’Afrique orientale, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, les Caraïbes, l’Amérique septentrionale, l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Est, l’Asie méridionale, l’Asie occidentale, l’Asie orientale, l’Europe méridionale, l’Europe occidentale, l’Europe orientale, l’Europe septentrionale et l’Océanie.
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[5]
Durant les quatre dernières décennies, les recherches empiriques ont démontré l’existence de relations entre degré de l’internationalisation et performance, linéaires (tel Kirca, Fernandez & Kundu, 2016), non linéaires à deux phases (tel Ruigrok & Wagner, 2003) ou encore sinusoïdales (tel Contractor, Kundu & Hsu, 2003).
Bibliographie
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Parties annexes
Biographical notes
Pham Hoanh Son Nguyen is professor of strategy at ESC Clermont Business School, and researcher at the CleRMa Clermont Research Management Laboratory of the University Clermont Auvergne. Alumnus of Jean Moulin Lyon 3 University and EM Lyon Business School, he was a member of the permanent scientific committee of AIMS (2011- 2014 mandate). He was awarded the 2011 FNEGE-AIMS prize for the best doctoral thesis in strategic management. He teaches corporate strategy, strategic management, business games, and international development strategies in both the graduate and undergraduate programs. His research is currently conducted in the fields of international strategies and semi-globalization of the firm.
Renato Pereira: Professor of General Management at the Business School of ISCTE-IUL (Lisbon, Portugal) where he teaches Entrepreneurship, Innovation and International Business, Researcher in the Management group of the Business Research Unit of ISCTE-IUL and Coordinator of the Emerging Markets Research Center at ISCIM (Maputo, Mozambique), he holds a PhD in Management Sciences (Paris Dauphine University) and a PhD in African Studies (ISCTE-IUL).
Parties annexes
Notas biograficas
Pham Hoanh Son Nguyen es profesor de Estrategia Empresarial en la ESC Clermont Business School. Es antiguo alumno de la Université Jean Moulin Lyon 3 y de la EM Lyon Business School. Fue miembro del Comité Científico Permanente de la AIMS (mandato 2011-2014). Recibió el premio a la mejor tesis doctoral en gestión estratégica de la FNEGE-AIMS en 2011. Imparte clases de estrategia corporativa, dirección estratégica, business games y estrategias de desarrollo internacional en los programas de Grado y de Master. Su investigación se centran actualmente en los campos de las estrategias internacionales y la semiglobalización de la empresa.
Renato Pereira - Profesor de Gestión General en la Escuela de Administración de ISCTE-IUL (Lisboa, Portugal) donde enseña Emprendimiento, Innovación y Negocios Internacionales, Investigador en el equipo de Gestión de la Business Research Unit de ISCTE-IUL y Coordinador del Centro de Investigación en Mercados Emergentes en ISCIM (Maputo, Mozambique), es Doctor en Ciencias de la Gestión (Universidad Paris Dauphine) y Doctor en Estudios Africanos (ISCTE-IUL).