Les promesses et les défis de la confianceThe Promise and Challenges of TrustLas promesas y los desafíos de la confianza

Mot des rédacteurs invitésLes promesses et les défis de la confianceWord from the Guest EditorsThe Promise and Challenges of TrustPalabras de los redactores invitadosLas promesas y los desafíos de la confianza[Notice]

  • Maria Giuseppina Bruna,
  • Jean-François Chanlat et
  • Mustafa Özbilgin

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  • Maria Giuseppina Bruna
    IPAG Business School, France

  • Jean-François Chanlat
    Université Paris-Dauphine PSL, France

  • Mustafa Özbilgin
    Brunel Business School, Londo

Par ces mots d’alerte, sans fard ni euphémismes, M. António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, s’était ému en 2018, dans son discours d’ouverture de l’Assemblée Générale des Nations Unies, de l’aggravation du déficit de confiance à l’échelle mondiale, touchant tant les institutions internationales et les systèmes politiques nationaux que les organisations qui régissent la vie sociale dans son ensemble. Nombre d’enquêtes corroborent le faible niveau de confiance que nous accordons aux institutions à l’échelle internationale (Edelman Trust Barometer Report, 2021). Force est de constater le bienfondé des conclusions de Stanley et Dawler (2019) : pour que le monde parvienne à surmonter tout à la fois le déficit (structurel) de confiance dont souffrent les institutions dans bien des secteurs et les crises de confiance qui en ponctuent le fonctionnement, des réformes radicales s’imposent. Et ce, tant au niveau international qu’aux échelles nationale et organisationnelle. Ces refontes systémiques profondes sont appelées à revigorer le pacte social en redéfinissant les systèmes de relations entre les individus et les Institutions. À l’heure où sévit une crise de confiance, alimentée par les contre-coups politiques et socio-économiques de la crise sanitaire et dévalent des vagues populistes, anti-scientifiques et nouvel-obscurantistes, il convient de consentir à des réformes structurelles à même de redéfinir la trame même du social. Omniprésente des controverses politiques et des débats économiques autant que des diatribes médiatiques, a fortiori par temps de crise, la confiance se configure comme un concept polysémique et pluridimensionnel, à la définition incertaine, variable et contextuelle. Sa qualification demeure sensible au champ théorique (disciplinaire et doctrinaire) mobilisé autant qu’au niveau d’analyse privilégié (individuel : confiance en soi, intersubjectif : confiance dans l’autre; collectif : confiance groupale; organisationnel/institutionnel : confiance sociale). L’hétérogénéité des conclusions empiriques tirées de travaux scientifiques consacrés aux impacts micro/macro-économiques de la confiance reflète aussi des incohérences dans la qualification de l’objet d’étude (formes de confiance investiguées, à commencer par le dualisme confiance objective vs confiance subjective) et l’identification de son périmètre (micro, méso, macro). Elle dévoile aussi une disparité dans les options théoriques adoptées (relations sociales étudiées comme conditions de confiance et/ou courroies de confiance et/ou révélateurs approximés du lien de confiance) et la robustesse des hypothèses et des modèles retenus. Or, dans une perspective anthropologique (Chanlat, 1990, 1998), la confiance se place au fondement de l’ordre social. « Donnée élémentaire de toute vie en société » (Schnapper, 2015 : 61), elle est conditio sine qua non du vivre-ensemble, tant dans l’espace privé que dans la sphère publique ou dans l’enceinte professionnelle. En son absence, la vie courante serait impossible (Luhmann, 2006). Et cela, plus encore à l’ère post-moderne (Maffesoli, 1996, 2014; Bauman, 2007, 2008) où « l’existence de tout homme est […] dépendante de « cent liaisons » […] tissant entre tous ces liens objectifs que suscite la division du travail » (Schnapper, 2015 : 62). Propriété relationnelle à la force performative mais à « l’effectivité paradoxale » (Cornu, 2003 : 21), elle relie des sujets « opérant par des actes de reconnaissance » (Cornu, 2003 : 21). Gage de dépassement des monadismes identitaires, elle permet un décentrement du Soi et l’ouverture à l’altérité. Favorisant la socialité, elle crée les conditions de l’échange et permet la vie en Société. Ressource sociale ambivalente, la confiance se configure, tour à tour, comme un facilitateur de socialisation et un produit de l’échange social. « Lien entre des êtres de pensée, établi au travers de tout un patrimoine de comportements normés, de signes et de renvois symboliques » (Bruna & Deluzet, 2014 : 61), la « confiance sociale » est, en effet, définie à la manière simmelienne comme une …

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