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Claude Rochet, Les villes intelligentes, réalité ou fiction, ISTE éditions, 2018[Notice]

  • Pascal Gaudron

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  • Pascal Gaudron
    Université de Rennes 1, France, et chercheur associé à la Chaire Stratégie et société, HEC Montréal

La problématique des villes (ou métropoles) de demain intéresse les élus, les futurs candidats et des chercheurs de plusieurs disciplines. Il est vrai que de nombreux besoins sont présents et d’autres émergent et que les nouvelles technologies permettent des premières réponses concrètes pour les habitants et les futurs habitants. D’ailleurs, la concurrence entre les métropoles est à l’ordre du jour pour les élus. Le concept de ville intelligente, de « smart cities », est devenu sujet d’études via des dossiers dans des revues académiques, des conférences et des colloques. C’est une forte préoccupation pour ceux qui élaborent les politiques urbaines (transports et mobilité intelligente, environnement durable, urbanisation responsable et habitat intelligent...). Dijon, Angers, Santander, Singapour ou Boston développent cette approche. D’autres villes développent certaines dimensions de la ville intelligente : plateformes participatives, utilisation de l’éclairage public, gestion du stationnement, navettes autonomes... Ce concept n’est pas stabilisé, il répond à de nombreuses problématiques : changement climatique et gestion des ressources naturelles, sécurité, besoin de gouvernance participative (citoyens-acteurs)... Les approches développées sont évolutives d’une définition construite sur les technologies (numérisation, fibre optique), les capteurs de données, la gestion d’un système d’exploitation urbain ( situation en temps réel des réseaux de distribution public, surveillance du trafic routier, mesures des niveaux de pollution...), nous sommes passés à une définition construite sur le bien-être des habitants; la qualité de vie ne dépend pas que du système de soins mais aussi des conditions de vie. L’utilisation des nouvelles technologies ne créent pas en soi une smart city, mais elles sont un des piliers. Nous avons donc besoin d’un d’éclairage sur ce concept, c’est justement le sujet du livre du professeur de politiques publiques et de gestion de la technologie Claude Rochet : les villes intelligentes, réalité ou fiction. Comme il l’indique dans son introduction, « nous avons besoin d’une pensée de la ville qui puise ses sources dans l’histoire du développement urbain et qui intègre les composantes économiques, sociales, politiques, technologiques de la ville comme système de vie, comme système de système, un système qui intègre des systèmes hétérogènes qui ont tous les logiques et leur dynamique, leurs compétences associées et leurs enjeux spécifiques ». Le premier chapitre est consacré à comprendre l’origine et la signification du concept. Le courant dominant (« approche du développement basée sur la croissance exogène où la technologie est un apport extérieur qui, par elle-même, transforme la nature des choses ») définit ce concept comme une addition de « smarties » : smart people, technology, governance, building, transportation, économy... (théorie de l’autrichien Giffinger adoptée par l’Union européenne). Pour Claude Rochet notre auteur, il n’y a pas, à ce jour, de définition normalisée, mais il existe des prototypes (démonstrateurs de technologies) ou des expériences construites sur un aspect de la smart city (en fait peu technologiques et plus « sur une pensée de la ville et sa reconfiguration comme système de vie »). Le terme de smart city est accolé à des technologies informatiques, avec la convergence numérique; il y a amplification (internet des objets, communication entre les machines, traitement en masse de données...). Dans ce cadre, les grands vendeurs de technologie (Cisco, IBM, Siemens, Microsoft) proposent leurs produits (ou solutions) et cette situation n’est pas sans danger. C’est la dimension « solutionniste » de ces acteurs. Il se pose donc, pour notre auteur, la place et le rôle des habitants de la ville. « Dans toutes ces approches, il n’est nulle part question que les habitants puissent s’approprier les données traitées par ces systèmes d’information géants ». Il considère que c’est la finalité qui pilote la technologie, et non la technologie …