Sélection des rédacteurs[Notice]

  • Jaeho Eun et
  • Pierre-Charles Pupion

L’ouvrage s’intéresse aux rôles des algorithmes dans le champ de la décision publique. Le terme est utilisé pour « désigner couramment le traitement de données, induisant le recours à un programme informatique pour une série d’opérations plus ou moins impossibles ou fastidieuses à réaliser autrement et nécessitant une grande quantité d’informations ». Les différentes contributions présentent les possibles applications des algorithmes dans les décisions publiques avec leurs enjeux et les risques associés. Les contributions montrent la diversité des champs d’application des décisions qu’il s’agisse des domaines de la santé avec la contribution d’Emmanuel Chazard, de la justice (cf. analyse de Boris Barraud), de la police (cf. article de Bilel Benbouzid) ou encore de la sécurité routière (cf. étude de Laurent Carnis). L’exemple du dispositif APB (Admission Post-Bac), remplacé désormais par Parcoursup et destiné à réguler l’orientation des lycéens vers l’enseignement supérieur, illustre les difficultés d’application et d’acceptation par les usagers/citoyens d’une démarche décisionnelle algorithmique. La difficulté est d’autant plus grande que les agents chargés de mettre en oeuvre ces décisions ignorent très souvent le fonctionnement de ces boîtes noires et ne peuvent donc les expliquer aux usagers. Mais l’ouvrage va bien au-delà d’une analyse de la diffusion de ce type de décisions, il pose la question centrale de la responsabilité des décideurs publics et des citoyens, avec l’extension des outils algorithmiques. Il interroge tout d’abord sur le risque de déresponsabilisation dans cette nouvelle culture décisionnelle où des décideurs publics n’obéiraient qu’à des choix définis par des algorithmes, dans le cadre d’une « action publique algorithmique ». Il pointe les risques liés au déploiement des algorithmes au sein des modes de gouvernance valorisant l’implication citoyenne (cf. l’analyse Stéphane Magne et Thierry Côme ou de Clément Mabi). Ces travaux nous sensibilisent dans la ligne des travaux de Morozov (2014) sur les risques liés aux décisions algorithmiques et à son « solutionnisme » (le fait de tout résoudre en un clic en ligne) qui peut conduire à des décisions aux antipodes de l’intérêt public Les auteurs juristes, gestionnaires, spécialistes en sciences de l’information et de la communication, praticiens hospitaliers, enseignants-chercheurs en innovation, chercheurs et président d’une autorité dans le domaine du numérique, tous reconnus dans leur domaine, apportent par leurs regards croisés des analyses très riches sur le rôle des algorithmes dans la prise de décision publique. Cet ouvrage collectif fruit du travail de recherche de 15 chercheurs et praticiens s’intéresse à la question des paradoxes du management dans le secteur public. Les paradoxes sont co-substantiels du management des organisations publiques ou privées. Toutefois la diffusion, lors de ses 30 dernières années, de nouvelles méthodes de gestion issues du privé, ainsi que leur sédimentation progressive au sein de structures bureaucratiques ont à la multiplication des paradoxes dans le secteur public. Confrontant les exigences du New Public Management avec les pratiques des services, ces organisations publiques sont porteuses de paradoxes, c’est-à-dire de contradictions persistantes. Dépassant le constat des injonctions paradoxales, ils montrent que celles-ci sont à la fois une source d’inconfort, de souffrance, voire de paralysie cognitive et comportementale, pour les managers, tout autant qu’un élément moteur des dynamiques organisationnelles, vecteur d’apprentissage, de créativité et d’innovation. L’ouvrage procède en deux temps. Dans une première partie, il présente les différentes injonctions auxquelles sont confrontés les managers et leurs enjeux. Dans une deuxième partie, il procède à une compréhension fine de paradoxes à travers des exemples puisés dans des contextes multiples de management (hôpitaux, collectivités, etc.). Dans cet ouvrage, les managers des organisations du secteur public sont en tension en raison de changements sans cesse résultant de perpétuelles réformes, elles n’ont pas le temps de digérer …