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Les universités françaises à l’heure de la compétition mondiale et du Nouveau Management Public[Notice]

  • Aziz Mouline

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  • Aziz Mouline
    Univ Rennes, CNRS
    CREM, UMR 6211

«La grande course des universités », « Universités - innover ou sombrer - aucune université française dans les 100 premières mondiales », « Construire l’université au XXIe siècle », « Regards dynamiques et critiques de la gouvernance des universités », « Les transformations des universités françaises », etc. Les ouvrages n’ont pas manqué en 2017 pour analyser les transformations subies (voulues ?) notamment par les universités françaises dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler le « Nouveau Management Public » (NMP ou NPM pour New Public Management). Les universités constituent ainsi un champ d’analyse et de recherche privilégié avec des regards croisés de nombreuses disciplines comme l’économie, la gestion, la sociologie, le management public et la science politique. Il faut dire que le contexte s’y prête depuis les années 2000 sous la pression de facteurs tant exogènes qu’endogènes au système universitaire. Dans tous les cas de figure, l’objectif recherché par les pouvoirs publics, le message à diffuser est le même : la mise en concurrence des établissements universitaires. On le sait, le mouvement a été initié au niveau européen par le processus de Bologne (1998) et la stratégie de Lisbonne (2000) qui ont conduit à la création de l’espace européen de l’enseignement supérieur en 2010. Ce processus visait déjà à faire de l’Europe un espace compétitif à l’échelle mondiale de l’économie de la connaissance. La convergence des politiques universitaires (mobilité, professionnalisation, démarche qualité, autonomie) imposait des réformes au niveau des Etats membres pour un enseignement supérieur qui se veut mondialisé et en phase avec le milieu des affaires. En France par exemple, depuis la loi du 10 août 2007 relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (dite loi LRU), aux deux missions fondamentales de l’université - la recherche (production des connaissances) et l’enseignement (transmission des connaissances) - s’ajoute officiellement celle de l’insertion professionnelle et du développement des relations avec le monde socio-économique. L’environnement et le fonctionnement des universités se retrouvent donc bouleversés : contraintes gouvernementales financières, internationalisation, compétition, adaptation aux besoins économiques et sociaux, transformation des modes de financement, etc. Les universités constituent ainsi une illustration parfaite des trois facteurs d’isomorphisme de l’analyse institutionnelle (Rizza, 2008), DiMaggio et Powel (1983) : Isomorphisme coercitif : pression exercée par le Ministère qui valide ou pas l’offre de formation des universités et qui impose des indicateurs communs de formation, de recherche et de pilotage à toutes les universités permettant ainsi de comparer leurs performances (Goy, 2015). Isomorphisme mimétique : les universités basées sur la recherche sont amenées à renforcer leur orientation entrepreneuriale, leur souci d’insertion professionnelle et de relations avec les entreprises à l’instar de ce que font les grandes écoles. Isomorphisme normatif : existence d’une communauté de valeur entre tous les enseignants-chercheurs de tous les établissements. Pour les universités, l’enjeu ne se situe plus au niveau national ou européen, mais bien au niveau mondial avec notamment les publications des classements internationaux depuis 2003 (1.). Elles doivent gérer des situations qui peuvent paraître contradictoires : service public versus rentabilité; qualité des missions versus moyens limités; professionnalisation des enseignements versus reconnaissance pédagogique et scientifique. Les universités doivent se mettre à l’heure du Nouveau Management Public (2.) en devenant de plus en plus ambidextres (3.). Les vifs débats en cour constitueront des pistes précieuses pour les futures publications dans cette revue liées au management des universités (4.) L’université Jiao Tong de Shanghai publie depuis 2003 le classement académique des universités mondiales (Academic Ranking of World Universities, plus connu sous le nom de « classement de Shanghai »). A l’origine, ce classement mondial d’une liste de 500 universités avait un objectif précis : …

Parties annexes