Sélection des rédacteurs[Notice]

  • Guy Parmentier,
  • Bérangère L. Szostak et
  • Charles-Clemens Rüling

Le makestorming, ou l’art de hacker l’organisation, se propose de changer la culture d’entreprise pour remettre la collaboration, l’action et la joie de bien faire, au coeur de son « système d’exploitation ». La figure du hacker, traditionnellement associé à celle du pirate informatique, est ici généralisée de façon positive à l’intrapreneur, désireux de changer les choses de l’intérieur. L’approche mise au point par les auteurs permet d’intégrer petit à petit la culture de travail qui fait le succès des start-up, avec des projets en mode sprint et des pratiques collaboratives efficaces. Elle combine le meilleur des méthodes agiles, du design, du digital, des makers. Le livre propose des cas pratiques, des conseils concrets et des fiches d’exercices, canevas et infographies pour passer à l’action. La notion de sprint, basée sur l’action et « le faire », est au centre de leur démarche. Un sprint concentre toutes les parties prenantes d’un projet sur un même lieu et sur un temps court, afin de travailler ensemble, de manière créative, et dans une ambiance joyeuse et amusante, sur des solutions à mettre en place rapidement. En droite ligne du paradigme des entreprises libérées, le livre propose plutôt de changer l’entreprise en partant de la base et non des dirigeants. On aurait apprécié, toutefois, davantage de développement sur la nature des changements auxquels pourrait aboutir cette méthode ainsi qu’une lecture critique de la possible instrumentation d’une telle méthode à des fins autre que la « libération des énergies dans l’entreprise ». A la fois manifeste et outils d’action, « Makestorming, le guide du corporate hacking » est au final un livre rafraichissant, bien illustré et bien outillé, et fondamentalement optimiste, qui donne envie de passer à l’action pour développer la créativité dans son organisation. Eu égard au développement actuel des Fab Labs, que ce soit dans la société en général, mais aussi au sein des organisations, les auteurs proposent dans leur ouvrage, d’analyser en quoi et comment les Fab Labs contribuent à redonner une place privilégiée à l’usager-innovateur, vu comme étant local et communautaire. A cette fin, ils dressent, dans un premier chapitre, un état des lieux conceptuel et empirique sur ce que sont ces espaces, en les distinguant d’autres espaces souvent considérés à tort comme synonymes (hacker space, maker space, tech shop), et en les caractérisant selon leur ancrage (dans la ville ou dans une organisation ?) et le public visé (grand public, étudiants, employés ?). L’objectif est de caractériser clairement les contours de cet objet, ce qui leur permet de souligner le rôle majeur des communautés de pratiques auto-apprenantes dans les Fab Labs, bien plus que celui de la technologie, qui reste, malgré tout, essentiel (cf. impression 3D). Dans un second chapitre, les auteurs développent le modèle économique sous-jacent à la fabrication personnelle dans les Fab Labs, en l’articulant, entre autres, à la révolution numérique, à la montée en puissance du facteur humain, mais aussi à l’artisanat. Enfin, en s’appuyant sur les travaux récents et de nombreuses illustrations, cela les amène à pointer les difficultés induites par le modèle, notamment la question de la propriété, de la subordination, et de la mesure. En substance, cet ouvrage propose de clarifier, parfois de manière trop linéaire, ce qu’est un Fab Lab, et il souligne des questionnements majeurs pour le management de la créativité. Le projet des auteurs n’est pas de proposer un n-ième livre sur les méthodes de créativité – même s’ils dédient une de leurs trois parties à présenter une méthode. Ils développent, tout d’abord, dans une première partie, une pensée critique sur ce que sont les concepts essentiels en …