La question des nouvelles frontières du management publique interpelle les managers et les chercheurs en sciences de gestion, sciences juridiques et sociales. Elle s’inscrit dans un courant ancien et fécond. Dès 1936, Gaus, White et Dimock notaient dans la préface de leur ouvrage « The Frontiers of Public Administration » que « l’étudiant en administration publique est désormais confronté à un torrent littéralement écrasant de nouveaux organismes administratifs et problèmes devant être assimilés et évalués ». Ce constat reste d’actualité. Les mutations sociétales, la redéfinition des missions de l’État, la reconfiguration des institutions territoriales … sont autant de phénomènes qui invitent à s’interroger sur « les nouveaux territoires du management public ». Depuis la fin du XXe siècle, les pays du monde entier ont été les témoins de bouleversements sociaux, économiques, démographiques, politiques et techniques complexes qui ont nécessité des changements dans la gouvernance publique. Ces bouleversements ont conduit à l’avènement très largement répandu, selon des rythmes et modalités très variés des principes du New Public Management (NPM) dans la gestion publique. Après de longues années de réformes, plus ou moins inspirées des préceptes du New Public Management, il convient naturellement de s’interroger sur les nouvelles frontières de l’action et de la gestion publique, nouvelles frontières politiques, institutionnelles, technologiques mais aussi politiques et conceptuelles. La première question ayant trait à la façon de distribuer la puissance et le pouvoir entre le niveau national et infranational mais aussi entre acteurs, continue à occuper une position de premier plan dans l’agenda politique national de la plupart des pays. La décentralisation est un phénomène complexe avec la question de la répartition géographique du pouvoir et des compétences entre les entités au niveau international, national, sous-national et local de la gouvernance. Le débat sur la réforme territoriale et la question liée des effets de la décentralisation et de la déconcentration sur les politiques publiques soulèvent le problème du couple différenciation-intégration des politiques locales au sein d’une même nation. Les territoires et les politiques publiques sont-elles élaborées de la même façon ? Solange Hernandez et Camille Fiore montrent notamment dans leur étude présentée dans le numéro thématique comment et pourquoi les organisations publiques territoriales répondent différemment aux injonctions de développement durable. Le changement de paysage institutionnel modifie profondément l’autonomie et la responsabilité des organisations publiques et de leurs acteurs. En France, les établissements publics de coopération intercommunale intégrés (métropoles, communautés urbaines, d’agglomération et de communes) constituent en effet une nouvelle échelle de référence pour bon nombre de sujets (Regourd et alii, 2012; Monjal, Aubelle, 2013). Ces changements posent la question de la mise en oeuvre de cette responsabilité. La deuxième question porte sur l’après NPM suite à une sérieuse mise en cause des réformes néolibérales depuis les crises financières 2008 et 2011. Cette question comporte plusieurs interrogations. Notamment, elle interroge sur la place des acteurs sociaux dans la gouvernance publique et sur l’avènement de la société civile dans la politique publique dans une perspective dite de « New Public Governance » (Osborn, 2006), consacrée internationalement dans les prescriptions de l’agenda 21 mais aussi dans la gestion publique quotidienne par le renforcement des droits de l’usager. Elle pose la question non du partage du territoire entre organisations mais de la construction commune d’un territoire pour pouvoir agir de façon coordonnée (Chappoz, 2008). L’article de Anne Berthinier-Poncet, Simona Grama et Sana Saidi sur la gouvernance d’un technopôle met au coeur de son analyse cette question de la gouvernance et de son efficacité. Ainsi les réformes post-NPM (Klijn 2011) sont principalement orientées vers l’inter-organisationnel. Elles visent à améliorer la coordination horizontale des organisations publiques …
Parties annexes
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