Mot de la rédactionWord from the EditorPalabras de la redacción

Gestion des Connaissances dans la Société et les OrganisationsKnowledge Management in Society and OrganizationsGestión del conocimiento en la sociedad y en las organizaciones[Notice]

  • Claude Guittard,
  • Eric Schenk,
  • Pierre-Jean Benghozi,
  • Jean-Louis Ermine et
  • Michel Kalika

Ce numéro spécial, qui fait écho à la conférence Gestion des Connaissances dans la Société et les Organisations (GeCSO) qui s’est tenue à Strasbourg en mai 2010, vise à apporter une contribution à la compréhension du poids de la connaissance comme enjeu de gestion dans nos économies. Si l’importance de la connaissance en tant que source potentielle d’avantage concurrentiel durable ne fait plus débat, la gestion des connaissances renvoie à une pluralité de pratiques qui ne sauraient être analysées sous un angle unique. Les articles présentés dans ce numéro témoignent du caractère pluridisciplinaire de la recherche en gestion des connaissances. L’article de Patrick Cohendet et Jean-Luc Gaffard intitulé « Coordination, incitation et création de connaissance » pose dans une économie du changement technologique et de la croissance, ce sont moins les conditions d’un usage optimal d’informations préexistantes quoique distribuées inégalement qui sont en jeu, que les conditions de production et de partage des connaissances. Or, quand il s’agit de produire des connaissances, les relations entre acteurs – l’interaction sociale – prime sur leurs fonctions d’utilité individuelle (Coase 1978). La connaissance procédurale l’emporte sur la connaissance déclarative (Kogut et Zander 1992). Alors que cette dernière qualifie un état subordonné à des incitations individuelles, la première est le résultat d’un mécanisme de coordination qui commande les incitations et se déroule le long d’un chemin sans retour. La difficulté de se coordonner, dans l’entreprise comme entre les entreprises, tient avant tout au délai de gestation des décisions d’innover et au coût irrévocable qui s’y rapporte. Les choix de management doivent répondre à cette difficulté. Dans leur texte intitulé « La dimension « tacite » des connaissances expérientielles individuelles : une mise en perspective théorique et méthodologique, Pascal Lièvre et Géraldine Rix-Lièvre contribuent au débat en économie et management des connaissances, qui porte sur la possibilité de transformer les connaissances tacites en un savoir explicite. Partant des travaux de Polanyi et de Piaget, les auteurs proposent de substituer la notion de connaissance en acte à celle de connaissance tacite. Dans un second temps, ils rendent compte des apports en ergonomie et en psychologie autour de la conception d’outils à même de rendre compte de la logique de l’action en pratique. La dimension « tacite » en est l’une des caractéristiques, révélatrice d’un niveau de conscience spécifique : le pré-réfléchi. Des outils radicalement distincts de l’entretien sociologique permettent d’approcher cette connaissance non conscientisée de l’expliciter et de la formaliser. Jean-Louis Ermine propose une contribution intitulée « Une chaîne de valeur de la connaissance ». Selon la définition proposée par l’auteur, une chaîne de valeur de la connaissance permet de gérer les processus de transformation impliquant la connaissance dans une entreprise, afin d’en obtenir la meilleure performance possible. Cette définition est basée sur la célèbre hiérarchie DIKW (Data, Information, Knowledge, Wisdom), composée de tâches intellectuelles de base. La valeur ajoutée par chaque tâche est expliquée et discutée. La chaîne de valeur de la connaissance est ainsi interprétée comme un continuum de processus cognitifs à mettre en oeuvre pour enrichir progressivement le capital de connaissances de l’entreprise et générer de la valeur ajoutée. L’article de Luciana Castro Gonçalves intitulé « Les dynamiques d’apprentissage à travers les frontières du contexte SI : une mise en perspective structurationniste pour le management des connaissances » questionne la manière dont les organisations apprennent dans des contextes de systèmes d’informations. L’accent est mis sur les relations entre projets, les communautés de pratiques et leur contexte organisationnel. L’auteur adopte un cadre théorique combinant la littérature de l’apprentissage social (Lave 1991; Wenger 1998, Orlikowski 2002) et une approche structurelle (Giddens 1984) afin d’examiner …