Résumés
Mots-clés :
- archives,
- auteurs,
- éditeurs,
- traducteurs,
- interdisciplinarité
Keywords:
- archives,
- authors,
- publishers,
- translators,
- interdisciplinarity
Palabras clave:
- archivos,
- autores,
- editores,
- traductores,
- interdisciplinaridad
Plusieurs rencontres qui se sont tenues à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), à l’automne 2019, nous ont permis de préparer cet entretien à deux voix. Albert Dichy et Marjorie Delabarre ont ensuite répondu aux questions par écrit, entre décembre 2019 et janvier 2020. Albert Dichy, directeur littéraire de l’IMEC, s’occupe du développement et de la valorisation des archives ; en tant que spécialiste de Jean Genet, il a édité ses textes posthumes, codirigé l’édition de son Théâtre complet dans la Pléiade et publié, en 2020, aux Éditions de l’IMEC, le catalogue de l’exposition Les valises de Jean Genet. Nous avons tenu à évoquer avec lui la genèse de l’IMEC et la conception de l’archive qui a guidé une telle entreprise, puis la place de la traduction dans la construction, la conservation et la valorisation de ce riche patrimoine culturel. Avec Marjorie Delabarre, archiviste qui s’occupe de la bibliothèque et de l’accueil des chercheurs, nous avons voulu évoquer le fonctionnement quotidien de cette institution archivistique, d’abord savoir comment sont traités et classés les fonds de traducteurs, puis quels sont les outils de recherche mis en ligne, les collections ou catalogues à explorer, enfin les démarches à suivre par les chercheurs souhaitant se rendre à l’IMEC. Le paradoxe est que ce retour s’accomplissait à une époque charnière qui n’était pas encore tout à fait perceptible au moment de l’ouverture de l’Institut : celui de la dématérialisation de l’archive et du manuscrit, produite par la révolution numérique. D’une certaine façon, l’IMEC naît au moment où la disparition du manuscrit apparaît à l’horizon, en tout cas sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Mais il arrive souvent qu’une science se constitue sur la disparition de son objet, ne serait-ce que pour sauvegarder ses traces et pour accompagner sa transformation. Sur un plan plus intellectuel, il y avait aussi le désir de ne pas sectoriser les champs. Il s’agissait de promouvoir une pensée de l’archive qui tenait compte du profond remaniement interdisciplinaire accompli dans la seconde partie du 20e siècle. Nous avons donc décidé de décloisonner l’accueil des archives et de traiter, sans les séparer, maisons d’édition, revues et auteurs, qu’ils soient écrivains, intellectuels, scientifiques, artistes, graphistes ou traducteurs, avec l’idée que l’ensemble permettait de restituer le tissu culturel de notre temps, d’accompagner le présent, de diminuer la distance entre l’archive et la création en mettant l’accent sur la connexion entre tous les domaines. Il s’agissait d’une approche résolument moderne, où les fonds ne sont plus appréhendés en fonction du support ou de la discipline, et qui reflétait la traversée des genres propres aux auteurs de la seconde moitié du 20e siècle. Qui penserait aujourd’hui à séparer les activités littéraires et cinématographiques de Marguerite Duras ou d’Alain Robbe-Grillet ? Ou les travaux de traduction ou d’écriture de certains auteurs ? Ou encore à circonscrire dans le strict secteur philosophique des figures comme Foucault, Barthes ou Derrida sans voir que, précisément, leurs travaux sur l’écriture ont contribué à rendre caduque la distinction entre écrivain et philosophe ? À partir de là, nous avons porté une attention accrue, au moment de la collecte des fonds, aussi bien aux relations contractuelles et épistolaires entre écrivain et éditeur qu’à celles que ces derniers ont entretenues avec leurs traducteurs. La correspondance, par exemple, entre Jean Genet et ses éditeurs, Marc Barbezat, Paul Morihien ou Gallimard, est un élément essentiel pour comprendre l’histoire de ses textes, mais celle qu’il a échangée avec son traducteur américain, également agent littéraire, Bernard Frechtmann ne l’est pas moins. Et, pour prendre un autre exemple, dans les archives du dramaturge Michel …