Le Routlege Handbook of Interpreting aborde l’interprétation professionnelle sous les quatre angles suivants : 1) perspective historique ; 2) modes et situations d’interprétation ; 3) cadres spatio-temporels ; et 4) problématiques et débats. Constitué de 12 pages préliminaires et de 456 pages de contenu, il a été rédigé par 31 contributeurs. Le volume explore les multiples facettes de la profession d’interprète, des points de vue théorique et pratique. Les chapitres se succèdent selon une même structure, soit un aperçu historique, un état actuel et une perspective d’avenir. Le volume procède selon un axe chronologique logique, de sorte que le lecteur se repère facilement dans un schéma évolutif graduel. La qualité de l’interprétation dans les divers cadres spatio-temporels qu’englobe la profession constitue la pierre angulaire de l’ouvrage. La première partie passe au crible le développement de la pratique interprétative depuis l’Égypte antique jusqu’à la Deuxième Guerre (Jesús Baigorri-Jalón) ; la participation, sur le plan professionnel, des organisations internationales et académiques dans la détermination des cadres de la profession (Julie Boéri) ; l’influence de la géopolitique internationale sur le développement de cette dernière (Sofia García-Beyaert) ; ainsi que le tournant pris par l’interprétation en matière de recherche axée sur les avantages et inconvénients de la technologie mise au service du domaine (Franz Pöchhacker). Les modes d’interprétation se réfèrent spécifiquement aux pratiques sur le terrain et les compétences nécessaires à la bonne maîtrise de chaque mode, soit : l’interprétation simultanée (Kilian Seeber et Debra Russell) et l’interprétation consécutive (Kayoto Takeda). La langue des signes, l’interprétation à vue (sight interpreting) ainsi que la transcription du discours parlé (spoken language interpreting, SLI) sont discutées respectivement par Karen Bontempo et Jemina Napier, Wallace Chen et Carmen Valero-Garcés. Les neuf chapitres de la troisième partie traitent des cadres spatio-temporels régissant l’interprétation, par exemple : le développement de l’interprétation de conférence (Ebru Diriker), thème faisant écho à l’article de Julie Boéri dans la première partie ; l’interprétation judiciaire et les questions éthiques s’y rapportant (Jieun Lee) ; la problématique des questions morales et éthiques dans les procédures de demande d’asile (Sonja Pöllabauer) ; l’interprétation communautaire (Marjory A. Bancroft) qui exige la médiation linguistique et culturelle de l’interprète ; l’interprétation se rapportant aux soins de santé et de santé mentale (Cynthia E. Roat et Hanneke Bot, respectivement) ainsi que les questions éthiques qu’elle soulève ; et l’interprétation dans les domaines de l’éducation et des médias (Melissa B. Smith et Pedro Castillo). Parmi ces nombreuses contributions, nous en retiendrons deux, celles de Barbara Moser-Mercer, Interpreting in conflict zones (p. 302-316), et celle de Uldis Ozolins, Ethics and the Role of the Interpreter (p. 319-336), pour leur manière intéressante d’aborder l’éthique. Le premier article décrit le rôle critique des interprètes en zone de conflit, ainsi que les défis auxquels ils font face, et le problème qui survient lorsque les organisations qui font appel à ces interprètes dits sur le terrain (p. 302) comprennent mal le métier de l’interprétation et embauchent des novices. L’article souligne surtout la complexité légale de la situation des interprètes en zone de conflit. La question qui revient souvent est celle de la protection spécifique des interprètes en zone de guerre. Ces derniers pourraient être considérés comme des civils (Bartolini 2009). Cette problématique existe surtout si l’on considère la distinction entre la zone de conflit et la zone post-conflit, le droit humanitaire international (DHI) ne s’appliquant pas sur cette dernière, soustrayant ainsi aux interprètes leur droit à la protection en tant que membres d’une catégorie spéciale de civils. Les documents de référence clé cités par l’article sont la Résolution du Conseil de sécurité de …
Parties annexes
Bibliographie
- Bartolini, Giulio (2009) : Principes généraux du droit / General principles of international humanitarian law and their application to interpreters serving in conflict situations.Association internationale des interprètes de conférence. Consultée le 18 mars 2017, http://aiic.net/page/3396/general-principles-of-international-humanitarian-law/lang/1.
- Chesterman, Andrew (2001) : Proposal for a Hieronymic Oath. The Translator. 7(2):139-154.
- Clifford, Andrew (2004) : Is Fidelity Ethical ? TTR. 17(2):98-114.
- Lor, Mailee (2012) : Effects of Client Trauma on Interpreters : An Exploratory Study of Vicarious Trauma. Mémoire de maîtrise. Saint Paul : St. Catherine University/University of St. Thomas.
- Meyer, Jared (2007) : Working in a War Zone. Military Contractors. New York : The Rosen Publishing Group.
- Tebble, Helen (2012) : Interpreting or interfering ? In : Claudio Baraldi et Laura Gavioli (dir.). Coordinating Participation in Dialogue Interpreting. Amsterdam/Philadelphie : Benjamins, 23-44.
- Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (1999) : Code de déontologie pour interprètes et traducteurs employés par le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie. Nations unies. Consultée le 18 mars 2017, http://www.icty.org/x/file/Legal%20Library/Miscellaneous/it144_codeofethicsinterpreters_en.pdf.
- van Hoof, Henri (1962) : Théorie et pratique de l’interprétation. Munich : Hueber.