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Curran, Beverley, Sato-Rossberg, Nana et Tanabe, Kikuko, dir. (2015) : Multiple Translation Communities in Contemporary Japan. New York/Londres : Routledge, 224 p.[Notice]

  • Anna Joan Casademont

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  • Anna Joan Casademont
    Télé-université du Québec, Québec, Canada

Le livre comporte une introduction, dix articles rédigés par différents auteurs suivis d’une brève biographie de chacun ainsi que d’un index thématique. L’introduction, écrite par Beverly Curran, explique clairement le point de vue des éditrices en ce qui concerne le concept de « traduction », ce qui permet d’argumenter le choix des articles : « Translation is now a mode of engagement animated by multiple texts in a mix of media accessed and read/viewed/played in multiple orders by multiple communities of readers/viewers/players. Translation is not relegated to the afterlife of a linguistic event ; rather, it is now located among a number of cultural practices that “prolong worlds” in the networked present » (p. viii). Les idées de dynamisme, de mouvement et de carrefour (entre disciplines, entre médias, entre cultures, entre communautés, etc.) sont donc très présentes dans les réflexions présentées par les différents auteurs des articles. Cette image du carrefour explique précisément pourquoi, même si les éditrices avaient envisagé de diviser les dix chapitres du livre en trois grandes sections (manga, cinéma et théâtre ; genres, communautés queer et traductions croisées ; traduction littéraire), cette option n’a pas été retenue, puisque chaque article proposé combine de façon imbriquée plusieurs des axes thématiques mentionnés. Le premier article, intitulé « Death Note : Multilingual Manga and Multidimensional Translation » de Berverley Curran, porte sur les interactions entre le japonais et l’anglais dans un Japon multilingue et sur ce que signifie l’idée de langues nationales dans le contexte actuel d’échanges transnationaux continus. Pour cela, elle analyse la version originale japonaise du manga Death Note et sa traduction en anglais, ce qui lui permet de considérer l’usage des deux langues dans des situations différentes au long de l’histoire du manga en question, ainsi que d’observer le rapport que les personnages eux-mêmes ont avec le multilinguisme présent dans leur quotidien et comment ce rapport est reproduit ou présenté dans la version traduite précisément à l’anglais. Le deuxième texte, « Litterature and Theatre into Film : Shindô Kaneto’s Kuroneko » de Titanilla Mátrai, permet d’explorer la traduction entre différents genres et la traduction d’éléments propres à la culture traditionnelle et populaire japonaise à des époques plus actuelles. Spécifiquement, la recherche examine le film Yabu no naka no kuroneko (1968) de Shindô Kaneto et la façon dont le réalisateur combine des composantes propres au théâtre nô, au kabuki et à des légendes japonaises, avec le sous-genre de films pop d’horreur mettant en vedette des chats monstrueux très en vogue dans les années 1960. Toujours dans le contexte de la traduction entre genres, le troisième article, intitulé « Translating Kamui Gaiden : Intergeneric Translation from Manga to Live-Action Film » de Nana Sato-Rossberg), porte sur la reconstruction du concept du héros à partir du personnage principal du manga Kamui Gaiden des années 1960, créé par Shirato Sanpei, en le comparant avec l’adaptation filmique qui en a été faite 50 ans plus tard. L’exemple choisi permet d’observer comment les changements culturels entre les différentes générations réceptrices et du manga et du film jouent un rôle important dans la façon dont la transmission de l’idée du héros est émise et reçue. Quant aux théories féministes et la traduction, les articles « The Revolution Cannot Be Translated : Transfiguring Discourses of Women’s Liberation in 1970-1980s Japan » écrit par James Welker et « Catherine MacKinnon in Japanese : Toward a Radical Feminist Theory of Translation » de Caroline Norma explorent la traduction en tant qu’activité nécessitant dialogue et interaction (ix). Les deux études considèrent les traductions de textes féministes à différents moments de l’histoire du Japon et à quel point …