Notre présentation vise à explorer le rôle de la traduction dans la diffusion des savoirs ayant mené à l’établissement d’une nouvelle discipline : la psychiatrie. Celle-ci apparaît en Europe durant la seconde moitié du xviiie siècle lorsqu’une corrélation commence à s’établir entre la maladie mentale et certains phénomènes biologiques. Plusieurs savants européens proposent alors des idées novatrices aujourd’hui considérées comme fondatrices du domaine. Associé à la notion de traitement moral, le Français Philippe Pinel est généralement reconnu comme le fondateur de la psychiatrie moderne ; son disciple, Jean-Étienne Dominique Esquirol (1772-1840), est principalement reconnu pour sa thèse sur les passions dirigée par Pinel. On doit à Johann Christian Reil (1759-1813) le terme allemand Psychiatrie (vers 1808). Enfin, Thomas Arnold (1742-1816) est l’auteur du premier texte de psychiatrie en Angleterre et Alexander Crichton (1763-1856), son compatriote, s’est penché sur la psychopathologie des passions et ses relations avec les maladies mentales. Ces auteurs, qui ont écrit en français (Pinel et Esquirol), en allemand (Reil) et en anglais (Arnold et Crichton), ont tous été traduits vers au moins l’une ou l’autre de ces trois langues. Notre hypothèse de travail est que les mouvements de traduction se sont révélés essentiels à la fondation de la psychiatrie. Dans le cadre de cette présentation, nous présentons la première étape de notre projet, qui vise à caractériser les principaux écrits de ces auteurs ainsi que leurs traductions : où et quand les textes et les traductions ont été publiés, à partir de quelles langues et vers quelles langues ils sont traduits, qui en sont les auteurs et les traducteurs et quelle a été la réception des originaux et des traductions.
Histoire de la psychiatrie en traduction : contextes et mouvements de traduction[Notice]
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Mariane Gingras Harvey
Université de Montréal, Montréal, Canada
m.gingras.harvey@umontreal.ca