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Journal des traducteurs
Translators’ Journal
Volume 58, numéro 3, décembre 2013
Sommaire (18 articles)
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Liste des relecteurs 2013
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In memoriam : Martha Cheung
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Éditorial
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Translation Skill-Sets in a Machine-Translation Age
Anthony Pym
p. 487–503
RésuméEN :
The integration of data from statistical machine translation into translation memory suites (giving a range of TM/MT technologies) can be expected to replace fully human translation in many spheres of activity. This should bring about changes in the skill sets required of translators. With increased processing done by area experts who are not trained translators, the translator’s function can be expected to shift to linguistic postediting, without requirements for extensive area knowledge and possibly with a reduced emphasis on foreign-language expertise. This reconfiguration of the translation space must also recognize the active input roles of TM/MT databases, such that there is no longer a binary organization around a “source” and a “target”: we now have a “start text” (ST) complemented by source materials that take the shape of authorized translation memories, glossaries, terminology bases, and machine-translation feeds. In order to identify the skills required for translation work in such a space, a minimalist and “negative” approach may be adopted: first locate the most important decision-making problems resulting from the use of TM/MT, and then identify the corresponding skills to be learned. A total of ten such skills can be identified, arranged under three heads: learning to learn, learning to trust and mistrust data, and learning to revise with enhanced attention to detail. The acquisition of these skills can be favored by a pedagogy with specific desiderata for the design of suitable classroom spaces, the transversal use of TM/MT, students’ self-analyses of translation processes, and collaborative projects with area experts.
FR :
L’intégration de la traduction automatique statistique (TA) aux logiciels de mémoire de traduction (MT) est en train de produire une gamme de technologies de MT/TA qui devraient remplacer dans de nombreux domaines la traduction entièrement humaine. Ce processus ouvre la voie à son tour à une transformation des compétences procédurales des traducteurs. Dans la mesure où les experts non traducteurs peuvent prendre en charge certaines tâches dans certains domaines, on s’attend à ce que les traducteurs s’occupent de plus en plus de la post-édition, sans avoir besoin de connaissances approfondies sur le contenu des textes, et éventuellement avec une insistance moindre sur la compétence dans la langue étrangère. Cette reconfiguration de l’espace traductif l’ouvre aussi aux fonctions productives des bases de données MT/TA, en sorte que l’on ne reconnaît plus l’organisation binaire autour du couple « source » et « cible » : nous avons affaire maintenant à un « texte de départ » accompagné de matériaux également de départ comme le sont les mémoires de traduction autorisées, les glossaires, les bases terminologiques et les propositions qui proviennent de la traduction automatique. Afin d’identifier les savoir-faire nécessaires pour travailler dans cet espace, on a recours ici à une approche « négative » et minimaliste : il faut tout d’abord identifier les problèmes de prise de décision qui résultent de l’emploi de des technologies MT/TA, pour ensuite essayer de décrire les compétences procédurales correspondantes. Nous proposons dix compétences de ce genre, organisées en trois groupes assez traditionnels : apprendre à apprendre, apprendre à accorder une confiance relative et raisonnée aux sources d’information, et apprendre à adapter la révision et la correction aux nécessités de la technologie. L’acquisition de ces compétences peut être favorisée par une pédagogie qui intègre les espaces adéquats pour le cours de traduction, l’emploi transversal des technologies MT/TA, l’autoanalyse des processus traductifs, ainsi que les projets collaboratifs qui font appel aux experts non traducteurs.
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“Prompt, at any time of the day…”: the Emerging Translatorial Habitus in the Late Habsburg Monarchy
Michaela Wolf
p. 504–521
RésuméEN :
As one of the key notions in French sociology, habitus has also lately conquered the field of translation studies, at least from the perspective of a sociologically-oriented view of translation. In this paper I will critically highlight the main factors responsible for the term’s potential for translation purposes. Within the discussion of its adoption in translation studies, I will test the enduring claim of the translator’s submissiveness allegedly related to the translatorial habitus. On the basis of a case study on the private (commercial) translation sector in the late Habsburg Monarchy, I will focus on three aspects to substantiate my assumption that towards the end of the nineteenth century, the commercial translators’ activity was already characterized by explicit emancipating processes, mostly driven by the struggle for recognition in the field: the initially weak structure of the field; the habitus as a product of the relation between its collective and individual history; the conditions triggering the dynamism of the translator’s habitus. I will attempt to develop a differentiated view on the habitus concept, challenging traditional discussions of its informative value.
FR :
Faisant partie des concepts clés de la sociologie française, la notion d’habitus a conquis le domaine de la traductologie, du moins dans le cadre de la sociologie de la traduction. Le présent article vise à mettre en évidence, de façon critique, les principaux facteurs expliquant le potentiel du concept d’habitus en traductologie. Discutant de son adoption au sein de la traductologie, notre objectif est remettre en question l’allégation constante de l’état de soumission du traducteur prétendument lié à l’habitus traductionnel. Se fondant sur une étude de cas portant sur la traduction en pratique privée (professionnelle) dans le contexte de la fin de la Monarchie des Habsbourg, notre étude se concentre sur trois aspects appuyant l’hypothèse selon laquelle, vers la fin du xixe siècle, la traduction professionnelle se caractérisait par un processus d’émancipation explicite, essentiellement motivé par un combat visant à la reconnaissance de cette activité : la faiblesse structurelle initiale du domaine ; l’habitus en tant que produit de la relation entre les histoires collective et individuelles ; les conditions stimulant le dynamisme de l’habitus du traducteur. Nous proposons une vision originale du concept d’habitus qui remet en cause les propos habituellement tenus sur sa valeur informative.
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Traduction et politique canadienne : quel est le rôle des journalistes entre 1942 et 1995 ?
Chantal Gagnon
p. 522–541
RésuméFR :
La présente étude tente de jeter un éclairage nouveau sur l’apport des journalistes à la question du bilinguisme. Plus précisément, l’article porte sur la traduction politique dans les médias écrits canadiens. À certains égards, les journalistes restructurent la relation entre le public et le gouvernement en mettant au jour certains des mécanismes qui régissent les processus gouvernementaux de communication. Cet état de fait montre notamment que les phénomènes du bilinguisme officiel et de la traduction institutionnelle ne sont pas nécessairement dissimulés à la collectivité, puisque les grands quotidiens y prêtent attention en situation de crise. Le corpus de travail rassemble des articles rédigés entre 1942 et 1995, à propos de discours politiques traduits. La traduction de ces discours a été commentée d’une façon ou d’une autre dans les médias écrits au Québec et au Canada. Les quotidiens suivants ont été consultés : La Presse, Le Devoir, The Gazette et The Globe and Mail. L’étude montre que les journalistes canadiens et québécois sont conscients des écarts entre les versions linguistiques des discours de leurs dirigeants. Trois rôles sont identifiés chez le journaliste : le journaliste-témoin du phénomène de la traduction, le journaliste-commentateur de la traduction et le journaliste-traducteur de discours politique.
EN :
This study will attempt to shed new light on the contribution of journalists to the issue of bilingualism. More specifically, the article will focus on the translation policy in Canadian print media. In some respects, journalists restructure the relationship between the public and the government in uncovering some of the mechanisms that govern the process of government communication. This shows in particular that the phenomena of bilingualism and institutional translation are not necessarily hidden from the community, since major newspapers pay attention to them in crisis situation. The research uses a corpus of articles written between 1942 and 1995, each article discussing issues about a translated political speech. It has been found that in one way or another, the translation of political speeches has been commented upon in the print media in Quebec and Canada. The following daily newspapers were used in the study: La Presse, Le Devoir, The Gazette and The Globe and Mail. It would appear that journalists in Quebec and Canada are aware of the differences between the language versions of their leaders’ speeches. Three roles are identified for journalists dealing with translation: the journalist-witness of the translation phenomenon, the journalist-commentator of the translation and the journalist-translator of political discourse.
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La liturgie eucharistique de l’Église orthodoxe et l’histoire de sa traduction en langue française
Felicia Dumas
p. 542–555
RésuméFR :
Nous nous proposons d’étudier l’histoire des différentes versions françaises du texte de la liturgie eucharistique de saint Jean Chrysostome, l’office central de l’Église orthodoxe. En principe, on peut parler de deux types de traductions qui ont circulé dans les différentes communautés orthodoxes qui sont établies en France et s’y sont développées. Nous ferons exclusivement référence à ce pays. D’une part, il y a eu des versions françaises qui accompagnaient le texte slavon surtout (mais aussi grec), qui était célébré dans des paroisses de tradition slave (ou grecque). Elles circulaient sous forme de brochures reliées, le plus souvent de façon artisanale. Leur rôle fondamental était d’accueillir linguistiquement les fidèles français qui ne parlaient pas les langues des communautés traditionnellement orthodoxes et qui participaient aux offices. D’autre part, il y a eu des versions françaises faites par des personnalités ecclésiastiques remarquables pour servir lors des célébrations dans des paroisses majoritairement francophones ou dans certaines communautés monastiques (toujours francophones). Dans ce cas, on peut parler d’un rôle liturgique-rituel par excellence de ces traductions, le texte de la divine liturgie ayant été traduit explicitement pour permettre sa célébration en français.
EN :
This paper purports to study the history of the various translations in the French language of the Eucharistic Liturgy of Saint John Chrysostomos, the main religious service in the Orthodox Church. Roughly speaking, there are two types of translations that circulated amongst the various Orthodox communities which settled and developed in France, because this paper will approach only the Metropolitan France. On the one hand, there used to be French translations accompanying the Slavonic (and also Greek) text, which lay at the basis of the religious service in the parishes of Slavic (or Greek) tradition. As a rule, these would circulate as hand-made stitch books and their main role was to accommodate linguistically the French-speaking parishioners who could not speak the languages of the traditionally Orthodox communities whose services they attended. On the other hand, there were also translations by outstanding members of the clergy to celebrate them in mostly French-speaking parishes or in certain (also French-speaking) monastic communities. In this case, we may speak about a liturgical-ritualistic role par excellence of these translations, the text of the Holy Liturgy being translated with the explicit purpose of its use in French.
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A Corpus-Based Study of Nominalization as a Feature of Translator’s Style (Based on the English Versions of Hong Lou Meng)
Yu Hou
p. 556–573
RésuméEN :
This article reports on a descriptive and explanatory study of nominalization as a feature of translators’ styles in two English versions of the Chinese novel Hong Lou Meng. This study follows Lees in defining English nominalization as a nominalized transformation of a finite verbal form, associated with the manifestation of implicitation in translation. It uses Mathesius’ complex condensation to describe English nominalization from the perspective of the sentence as adverbial, subject, and object, condensing finite clausal structures. Based on a combined quantitative and qualitative analysis, it is argued that nominalization is a feature of Joly’s formal style and a feature of Yang and Yang’s concise style. This article concludes by proposing possible interpretations of the translators’ different uses of nominalization.
FR :
Le présent article fait le résumé d’une étude descriptive et explicative sur la nominalisation comme caractéristique du style de traduction de deux versions anglaises du roman chinois Hong Lou Meng. Se basant sur le travail de Lees, l’étude définit la nominalisation en anglais comme la transformation, en forme nominale, d’une forme verbale finie associée à une implicitation apparaissant dans la traduction. L’étude fait appel à la condensation complexe de Mathesius pour décrire la nominalisation anglaise sous l’angle de la phrase comme structure de condensation propositionnelle finie (sujet, objet, adverbe). Se fondant sur la combinaison d’analyses quantitative et qualitative, l’auteur soutient que la nominalisation est une caractéristique du style formel de Joly et du style concis de Yang et Yang. En conclusion, il propose des interprétations possibles des différents usages de la nominalisation par les traducteurs.
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Les écueils de la traduction d’une langue littéraire traversée par l’écriture
Mercè Altimir
p. 574–588
RésuméFR :
Inspirée par les références de Jacques Lacan à la langue japonaise tout au long du Séminaire XVIII : D’un discours qui ne serait du semblant (1970-1971), nous avons tenté d’articuler certaines de ses idées relatives à la nature de la langue et de l’écriture avec notre expérience de la traduction d’un récit en japonais : Takekurabe (1895-1896) d’Ichiyô Higuchi. Au début des années 70, Lacan s’éloigne du modèle structural, caractéristique des premières années de son enseignement, et propose les notions de lettre et d’écrit. La référence largement privilégiée au signifiant est devenue insuffisante pour rendre compte de l’expérience de la psychanalyse et les nouvelles références à la littéralité visent à éviter au lecteur le piège de l’interprétation sans nuances, trop facile ou évidente. Pour le psychanalyste français, la littéralité – même quand il s’agit de la langue commune – devient la qualité la plus remarquable de la dimension du langage propre à l’homme. La langue japonaise, dans l’usage très particulier qu’elle fait de l’écriture chinoise, lui sert dans sa réflexion sur l’importance de l’écrit comme agent perturbateur de l’immédiateté trompeuse, fournie par la compréhension. L’écriture introduit alors la possibilité d’analyser la langue du texte au-delà de sa signification superficielle.
EN :
Jacques Lacan’s references to Japanese in the course of his Séminaire livre XVIII: D’un discours qui ne serait du semblant (1970-1971) have inspired me to relate some of the notions he develops (those dealing with the nature of language and writing) to my experience with the translation of a literary text written in Japanese: Takekurabe (1895-1896) by Ichiyô Higuchi. During this period Lacan distances himself from the structural model characterizing the first years of his teachings, and proposes the concepts of letter and writing. The recourse to the signifier no longer suffices to explain the experience of psychoanalysis, and the aim of the new literal references is to stop the reader from falling into the trap of an unnuanced, too-easy or obvious interpretation. In Lacan’s hands, literariness – even when dealing with everyday speech – has become the most relevant quality in the dimension of man’s language. Because of the very particular use that Japanese makes of Chinese script, he is able to use it as a basis for his reflections on the importance of writing as an element which disturbs the deceptive immediacy provided by understanding. Writing, then, offers the possibility of analyzing the language of the text beyond its superficial meaning.
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Le péritexte des traductions anglaises du Discours sur les Sciences et les Arts de Jean-Jacques Rousseau : la voix énarrative du traducteur
Guy Rooryck et Lieve Jooken
p. 589–606
RésuméFR :
Des échanges et des transferts entre les nations européennes naît au xviiie siècle la conceptualisation d’un monde nouveau où la traduction joue un rôle médiateur indispensable. Recourant à l’appareil critique genettien, cette étude tente spécifiquement de définir une typologie des fonctions assumées par la voix du traducteur qui laisse une trace explicite ou implicite dans le discours traduit. Cette voix assume, dans l’appropriation du texte original, une fonction herméneutique définie ici comme « énarrative ». Le cas étudié est celui du Discours sur les Sciences et les Arts (1751), qui a propulsé Rousseau sur l’avant-scène de la République des Lettres et qui a connu pas moins de quatre traductions anglaises du vivant de l’auteur. Séduits par l’éloquence qu’il s’agit d’égaler et par la hardiesse du propos, traducteurs et commentateurs expriment tantôt leur perplexité, tantôt leur fascination. Les traductions de Bowyer (1751), Wynne (1752), d’un auteur anonyme (1760) et de Kenrick (1767) contiennent dans leur appareil péritextuel de précieuses indications sur la réception des idées qu’elles propagent. Les traducteurs font ainsi entendre leur voix énarrative tant dans l’appareil titulaire que dans des préfaces originales en anglais, assumant ainsi les fonctions méta-discursive, évaluative, argumentative et extra-diégétique que cet article contribue à définir.
EN :
Building on a Genettian paratextual framework, this study explores a typology of the functions that define the Translator’s voice in eighteenth-century British translations of philosophical discourse. In appropriating the original text, this voice assumes a number of hermeneutic functions that underpin what will be identified as the translator’s “enarrative” mediation of the source text. The case analysed is the translation of Jean-Jacques Rousseau’s Discours sur les Sciences et les Arts (1751), the work that launched the author’s reputation in the Republic of Letters. Four English translations of the discourse – by Bowyer (1751), Wynne (1752), an anonymous author (1760) and Kenrick (1767) – were published in the course of the author’s lifetime. The functions of enarrative voice will be traced in two peritextual instances, viz. the title page and the translator’s preface, and will be categorized as meta-discursive, evaluative, argumentative and extra-diegetic. Trying to emulate the eloquence of the original, the translators oscillate between expressing their perplexity and their fascination towards its views, notably in their own prefaces, which qualify the univocality of the text the reader is about to read. Together the instances of Translator’s voice provide a discursive record of the contemporary reception of Rousseau’s ideas in Britain.
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Nonlinear Narratives: Paths of Indirect and Relay Translation
Kelly Washbourne
p. 607–625
RésuméEN :
Following Dollerup’s (2000) classification of indirect and relay translation (here “T2”), this study locates both practices as translation taboos disparaged or tolerated depending upon cultural variables, shows its codification in translation organizations, and traces part of its aura of substandard practice to the doctrine of untranslatability; compiles the main reasons the phenomena have occurred, including extralinguistic factors; outlines some subclasses in a typology of ‘second-hand’ or intermediate translations (factoring in abridgements, adaptations, modernizations, lost originals, pseudotranslations, self-translations, triangulations, and transcreations); proposes ‘translative’ and ‘terminal’ relay, and overt and covert possibilities within retranslation, interlinear translation, plagiarism by translation, and support translation; considers the special case of sacred texts; and weighs new and future directions for study. The key factors of oral intermediation (the role of informants and collaborative translation) and the ‘intuiting’ of source languages without a working knowledge of them are brought into the equation. The work attempts to contribute a descriptive study to an area of research that has attracted visceral rejections of anything but source-to-target direct translation without such studies making allowances for the socio-historical conditions of production surrounding intermediary translation.
FR :
Suivant la classification de Dollerup (2000) de la traduction relais et de la traduction indirecte (« T2 »), la présente étude situe ces deux pratiques comme des tabous de traduction dépréciés ou tolérés selon des variables culturelles diverses, expose leur codification au sein d’organismes de traduction, et lie en partie le fait qu’elles soient considérées comme de mauvaises pratiques à la doctrine de l’intraduisibilité. L’étude établit les causes principales de ces phénomènes, y compris des éléments extralinguistiques. Elle définit certaines sous-catégories d’une typologie des traductions dites « de seconde main » ou intermédiaires (par exemple, abrégements, adaptations, modernisations, traductions dont les originaux sont perdus, pseudo-traductions, auto-traductions, triangulations et transcréations). Elle envisage un relais « traductif » et « terminal » et des possibilités de retraduction directe et indirecte, la traduction interlinéaire, le plagiat par traduction et la traduction par assistance. Elle se penche sur le cas particulier des textes sacrés. Enfin, elle évalue de nouvelles orientations et des voies futures pour la recherche. Les éléments essentiels de l’intermédiation orale (le rôle des informateurs et de la traduction collaborative) et l’« intuition » des langues sources en dehors d’une connaissance fonctionnelle sont également pris en considération. L’article se veut une étude descriptive dans un domaine de recherche qui a entretenu un rejet viscéral de tout ce qui n’est pas traduction directe du texte source au texte cible sans que de telles études puissent faire la lumière sur les conditions socio-historiques de la production entourant la traduction intermédiaire.
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The Chinese-English Conference Interpreting Corpus: Uses and Limitations
Kaibao Hu et Qing Tao
p. 626–642
RésuméEN :
This paper presents an overview of the compilation of the Chinese-English Conference Interpreting Corpus followed by an outline of research findings based on data obtained from the corpus. It is argued that interpreting corpora, including the Chinese-English Conference Interpreting Corpus, are called to play an increasingly important role in the study of linguistic features of interpreted texts, interpreting norms and the cognitive process of interpreting. Research based on the Chinese-English Conference Interpreting Corpus suggests that the use of English passive construction, optional connective ‘that’ and the infinitive particle ‘to’ in interpreted texts is demonstrably more frequent than in the translated English texts of the Chinese government’s work reports and the non-translated English texts of press conferences. In a broader sense, interpreted texts exhibit greater tendency towards normalization and explicitation than written translated texts. This paper also touches on the limitations that have been observed while working with interpreting corpora. These limitations are in a large measure related to the difficulty in transcribing nonverbal aspects of the interpreting activity, including the speaker’s tone and facial expressions, as well as the audience’s facial expressions. These aspects have a clear effect on interpreter’s choice/use of interpreting strategies and methods, so they merit careful consideration in interpreting studies.
FR :
Le présent article offre un aperçu de la compilation du corpus constitué par les interprétations des conférences sino-anglophones (CECIC ; selon l’acronyme anglais), suivi d’un exposé des résultats des recherches basées sur les données de ce corpus. Les auteurs soutiennent que les corpus d’interprétations – y compris le CECIC – sont appelés à jouer un rôle croissant dans l’étude des caractéristiques linguistiques des textes interprétés, des normes en matière d’interprétation et des processus cognitifs entourant l’interprétation. Les recherches basées sur le corpus d’interprétations des conférences sino-anglophones montrent que l’emploi de la voix passive, de la conjonction optionnelle that et de la particule infinitive to propres à l’anglais est significativement plus fréquent dans les textes interprétés que dans les textes traduits à partir de rapports provenant du gouvernement chinois et les textes anglais non traduits des conférences de presse. Généralement, les textes interprétés tendent plus fortement vers une normalisation et une explicitation que les textes traduits par écrit. Le présent article aborde également certaines limites intrinsèques aux corpus d’interprétations. Celles-ci sont en grande partie reliées à la difficulté de transcrire les aspects non verbaux de l’acte interprétatif, y compris le ton et les expressions faciales de l’orateur, ainsi que la réaction de l’auditoire. Ces éléments ont un impact visible sur le choix et l’emploi de stratégies et de méthodes par l’interprète, d’où l’intérêt qu’ils représentent dans le cadre d’études sur l’interprétation.
Terminologie
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L’exportation du modèle terminologique québécois en Catalogne
Jean Quirion et Judit Freixa
p. 643–661
RésuméFR :
Dans les ensembles espagnol et canadien, la Catalogne et le Québec partagent plusieurs caractéristiques. Bénéficiant tous deux de pouvoirs politiques, économiques et linguistiques, ils ont mis à profit ces derniers pour les travaux d’aménagement linguistique et terminologique sur leurs territoires respectifs. En outre, les sociétés catalane et québécoise ont en commun que leur langue nationale est minoritaire au sein du pays, ce qui a engendré au fil du temps la mise en place de multiples mesures pour la préserver et la dynamiser. Le présent article retrace la forme qu’ont pris les nombreux échanges entre le Québec et la Catalogne depuis le milieu des années 1970, moment-clé pour l’affirmation linguistique des deux peuples. Les diverses facettes de l’apport du Québec à la Catalogne en ce qui touche l’aménagement linguistique sont plus particulièrement examinées. Ces échanges ont inspiré les Catalans dans la création de leur politique d’éducation et de normalisation terminologique, notamment ; citons entre autres l’Office québécois de la langue française qui trouve en Termcat un équivalent catalan depuis maintenant 25 ans. Également, en plus des idées, les autres formes des échanges québécois-catalans sont décrites. Un bilan des échanges Québec-Catalogne est ensuite dressé, notamment pour déterminer globalement l’impact qu’aura eu l’influence québécoise dans la discipline. La conclusion souligne que, depuis nombre d’années, la Catalogne rayonne fortement dans le domaine terminologique : elle est devenue elle-même un important lieu de diffusion vers d’autres communautés et constitue à son tour une source d’inspiration pour le Québec.
EN :
Within their respective countries, Catalonia and Quebec share many characteristics. Both have exercised their political, economic and linguistic powers to advance language planning and terminology planning in their region. Moreover, Catalan and Quebecois societies both have a language that is in the minority relative to the country to which they belong – a fact that, over time, has led to the implementation of multiple means of preserving and revitalizing these languages. This article outlines the numerous exchanges between Quebec and Catalonia since the mid-1970s, a key period in the linguistic assertion of both nations. Various aspects of the contribution Quebec has made to Catalonia are discussed with respect to language planning in particular. These exchanges inspired Catalans in the creation of their policy on education and terminology standardization: for example, the Office québécois de la langue française (i.e. the Quebec board of the French language) has, for the last 25 years, found its Catalan counterpart in Termcat. Furthermore, beyond the underlying ideas, the article describes the concrete manifestations of Catalan-Quebecois sharing. The exchanges between Quebec and Catalonia are then summarized, notably so that the overall impact that Quebec has had within the discipline can be determined. The conclusion emphasizes that, for many years, Catalonia has exerted a strong influence on the field of terminology: it has itself become an important hub for disseminating terminological information to other communities and thus now constitutes a source of inspiration for Quebec.
Documentation
Comptes rendus
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Dullion, Valérie (2007) : Traduire les lois. Un éclairage culturel. Cortil-Wodon : E.M.E., 300 p.
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Dimitriu-Panaitescu, Corina (2011) : Dicţionar de francofonie canadiană. Iaşi : Editura Universitătii Alexandru Ioan Cuza, 879 p., plus CD-ROM
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Vázquez y del árbol, Esther; Martínez Lillo, Rosa; Ortiz García, Javier (2011): Errores de reproducción y trasmisión de sentido en traducción general y especializada (inglés/árabe-español): la experiencia en el aula de la universidad. Granada: Universidad de Granada, 257 p.
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Şerban, Adriana et Jean-Marc Lavaur (éds) (2011) : Traduction et médias audiovisuels. Villeneuve d’Ascq : Les Presses Universitaires du Septentrion, 269 p.
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Berman, Antoine (2012). Jacques Amyot, traducteur français. Essai sur les origines de la traduction en France. Paris : Belin (collection L’Extrême Contemporain)