Comme l’explique Henri Béjoint dans un bref avant-propos, le présent volume est tiré d’un colloque tenu les 28 et 29 septembre 2006 à l’Université Lumière Lyon 2 à l’initiative du Centre de recherche en terminologie et traduction ou CRTT. Il thématise en particulier les points de vue complémentaires du compilateur et de l’utilisateur des dictionnaires spécialisés, thème qui revient dans l’ensemble des contributions, mais qui n’est pas le seul. On peut signaler d’autres avancées méthodologiques, notamment du côté de la collocation, son identification, son traitement et sa caractérisation. S’agissant d’actes de colloque, toutefois, il n’échappe pas complètement au grand écueil de ce type de publication, à savoir la disparité des méthodologies et la dispersion thématique. Certains auteurs, en effet, ne problématisent pas le rôle du corpus dans les dicos spécialisés. John Jairo Giraldo et M. Teresa Cabré, dans « Traitement des sigles dans les principaux dictionnaires d’abrégement online : le cas d’Acronym Finder », abordent la question des différences qui existent entre les dictionnaires de sigles sous forme papier et les ressources équivalentes en ligne (on se demande à ce propos pourquoi l’anglicisme parfaitement inutile online est repris partout dans le texte). Il ressort de l’analyse, qui, contrairement à ce que la première partie du titre ne laisse entendre, ne concerne qu’Acronym Finder, que la nomenclature de ce dictionnaire en ligne est riche et relativement fiable, mais qu’il lui manque de nombreux éléments qu’une démarche lexicographique mâtinée de principes terminologiques aurait apportés. Les auteurs en proposent une sous la forme d’une interface qui présente les nombreuses catégories absentes, dont le type d’abrégement, le contexte, la prononciation, le genre, le nombre, les équivalences dans d’autres langues… Ces informations seraient certes très utiles, mais on peut se demander si ce traitement supplémentaire très onéreux ne représente pas un tel surcroît de travail de la part des concepteurs qu’ils l’excluraient par principe. Le regretté Henri Zinglé présente un article axé sur les outils, mais qui fait ressortir des catégories linguistiques tout à fait pertinentes pour le sujet de ce recueil. Dans « Extraction de termes complexes et d’unités phraséologiques à partir d’un corpus à l’aide de Ztools », il s’agit d’appareiller méthodes et outils en vue de l’extraction des deux catégories envisagées dans le titre. Pour les termes, c’est le terminologue qui retient ou qui rejette les séquences candidates, toutes composées de deux mots pleins, car celles qui en comportent davantage ne sont pas mentionnées ici. Les catégories postulées sont les suivantes : unités lexicales médicales, relevant le cas échéant de la spécialité étudiée, unités lexicales complexes de la langue générale et combinaisons en voie de lexicalisation. Une démarche similaire est adoptée pour les unités phraséologiques, les catégories retenues étant les structures modifiant un substantif, un adjectif, gouvernant un verbe ainsi que les verbes gouvernant un substantif. On peut regretter à ce propos l’absence de précision au niveau de l’analyse linguistique permettant cette catégorisation. Agnès Tutin, dans « L’apport des corpus pour l’élaboration d’une base de collocations de la langue scientifique générale », explore les possibilités de la gestion semi-automatique de cette tranche de lexique située entre celui de base commune et celui proprement disciplinaire ou terminologique. Elle est d’ailleurs envisagée dans plusieurs langues. La solution proposée comporte une modélisation lexicale sommaire intervenant avant traitement, inspirée du cadre sens-texte de Mel’čuk, tout en s’en écartant en ce qui concerne certains aspects. Du point de vue du traitement automatique de la langue, l’auteure passe en revue plusieurs outils qu’elle évalue par rapport à cette tâche. Malgré l’automatisation de certaines parties du travail, il s’avère que plusieurs étapes restent chronophages, et …
Maniez, François, Dury, Pascaline, Arlin, Nathalie et Rougemont, Claire, dir. (2008) : Corpus et dictionnaires de langues de spécialité, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, coll. « Travaux du CRTT », 306 p.[Notice]
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John Humbley
Université Paris 7 – Denis-Diderot, Paris, France