Depuis l’avènement de l’ordinateur, il y a à peine soixante ans, d’énormes changements sont intervenus dans la pratique de la traduction. De toute évidence, il est aujourd’hui impensable de traduire sans l’utilisation d’outils informatiques : traitement de texte, correcteur orthographique, moteur de recherche, etc. Beaucoup de traducteurs utilisent même des logiciels spécialisés tels que mémoire de traduction, base de données terminologiques et autres outils d’aide à la traduction. Ce n’est pas seulement la façon de travailler qui a changé ; la nature même des textes à traduire s’est modifiée. Au cours de sa carrière, le traducteur sera appelé à traduire des pages Web, des documents multimédias et d’autres documents numériques de format divers. Il est donc nécessaire de préparer les futurs traducteurs à ce monde de plus en plus informatisé. Le titre, Translation and Technology, renseigne très peu sur le contenu exact du livre. En fait, ces deux termes sont tellement généraux qu’ils n’ont plus grand-chose à dire dans le domaine de la traductologie ; leur combinaison n’en dit guère plus. Un parcours rapide de l’ouvrage permet au lecteur de déduire que la traduction est envisagée dans un sens assez large et qu’une place de choix est réservée à la traduction technique, à la localisation et aux langages restreints (controlled language). Pour ce qui est de la technologie, elle se résume essentiellement aux outils d’aide à la traduction et à la traduction automatique. Cette remarque étant faite, Quah offre une très belle introduction à ce « sous-sujet », ce qui était d’ailleurs l’objectif du livre. L’ouvrage ne s’adresse pas explicitement à des développeurs informatiques, ni à des chercheurs. Il est présenté comme un manuel destiné à des étudiants en traduction et, dans une moindre mesure, à des professionnels (deux groupes de personnes souvent négligés par les auteurs abordant le sujet). Les détails de programmation et les équations mathématiques ont donc une présence minimale et sont faciles à comprendre. Les exemples et les illustrations sont abondants et aident grandement à la compréhension d’un sujet difficile à saisir. Cependant, malgré tous les efforts de l’auteure pour schématiser et simplifier la matière abordée, certains passages, principalement dans le chapitre 5, paraîtront ardus aux étudiants. Le livre est divisé en sept chapitres. Les six premiers sont relativement indépendants et se terminent par une liste de lectures suggérées qui guide l’étudiant désirant approfondir le sujet. Le dernier chapitre fait une synthèse et propose une nouvelle typologie des outils d’aide à la traduction. Enfin, une annexe présente de nombreux liens pointant vers des sites Web qui offrent des ressources linguistiques unilingues et multilingues dans près d’une centaine de langues. Le premier chapitre, Definition of Terms, contrairement à ce qu’il annonce, est avant tout une présentation générale du sujet. En se basant sur le schéma de Hutchins et Somers (1992), Quah positionne les technologies de la traduction sur un axe en fonction du niveau d’intervention humaine dans le processus. Ainsi, quatre types de traductions sont classés selon cette échelle : 1) la traduction automatique (machine translation), c’est-à-dire la traduction sans intervention humaine ; 2) la traduction mécanique assistée par l’humain (human-aided machine translation) qui comporte une part d’interactivité et qui est en grande partie dirigée par la machine ; 3) la traduction humaine assistée par l’ordinateur (machine-aided human translation), une traduction humaine aidée par des outils informatiques tels les mémoires de traduction, les dictionnaires électroniques, les concordanciers, les outils de localisation, etc. ; et enfin 4) la traduction humaine. (Ce continuum sera toutefois remis en question et réévalué au dernier chapitre.) De plus, dans ce chapitre, l’auteure …
Quah, C. K. (2006) : Translation and Technology, Basingstoke, Palgrave Macmillan, xix -221 p.[Notice]
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Sylvie Boudreau
Université de Montréal, Montréal, Canada