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Weissbort, D. and A. Eysteinsson (eds.) (2006) : Translation – Theory and Practice : A Historical Reader, Oxford/New York, Oxford University Press, X + 649 p.[Notice]

  • Serge Marcoux

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  • Serge Marcoux
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Fidèles à leur image de marque, les Presses de l’Université d’Oxford nous offrent une anthologie de qualité qui, alliant présentation classique et approche novatrice, présente au lecteur l’histoire et l’apport de la traduction à la tradition littéraire de langue anglaise, de l’Antiquité à nos jours. Elle constitue ainsi le complément idéal de The Oxford Guide to Litterature in English Translation et de The Oxford Book of Verse in English Translation. Prenant comme thème central le texte source hébreu et la traduction grecque de la parabole biblique de la tour de Babel, les rédacteurs retraceront tout au cours des siècles les différentes traductions qu’en feront Aelfric (env. 1050) en anglais ancien, William Tyndale (1525) en anglais médiéval, Martin Luther (1534) en allemand, la King James’ Bible (commencée en 1604) en anglais classique et Everett Scott (1995) en anglais contemporain, illustrant en cours de route de quelle manière celles-ci reflétaient la conception que chaque époque se faisait de la traduction. Pour chaque traductrice ou traducteur retenu, les rédacteurs donnent un bref aperçu du contexte historique dans lequel elle ou il a vécu, résument sa carrière et citent divers passages où se révèle sa conception de la traduction. Dans la deuxième partie du livre, et plus particulièrement alors que nous nous rapprochons des années 1960 et que se développe une théorie de la traduction, les notes des rédacteurs se font plus brèves et laissent traductrices et traducteurs exposer dans leurs textes comment ils conçoivent leur travail. Le premier chapitre couvre une période d’environ 1500 ans, allant des traducteurs latins de l’époque classique, tels Cicéron et Pline le Jeune, aux traducteurs de l’Église primitive, période au cours de laquelle on traduit généralement du grec vers le latin. Déjà, à cette période, se manifeste l’opposition traditionnelle entre fidélité au texte source et fidélité à la pensée de l’auteur. À une époque où Rome devient maîtresse de la Méditerranée et cherche à affirmer son autonomie vis-à-vis de la culture grecque, il ne sera pas surprenant de voir Cicéron se faire le champion d’une approche plus littéraire que littérale de la traduction postulant que l’élève doit chercher à surpasser son maître et non à le copier. Au contraire, avec l’arrivée du christianisme et l’obligation de traduire la parole de Dieu, « une » à travers toutes les langues dans lesquelles elle s’exprime, saint Augustin ira jusqu’à préférer la traduction de la Septante, dont les auteurs, selon la tradition, auraient été guidés par l’Esprit saint lui-même, aux textes sources en hébreu et en araméen. Saint Jérôme, pour sa part, hésita longtemps entre l’esthétisme cicéronien et l’ascétisme chrétien, pour conclure, à tout le moins en ce qui concernait les saintes Écritures, que non seulement les mots devaient être traduits littéralement, mais que même leur ordre dans la phrase devait être respecté. Ce n’est qu’à partir du roi Alfred (871-899), que nous assistons aux premières traductions du latin vers le vieil anglais. Les traducteurs, travaillant dans les milieux ecclésiastiques, feront de la Bible et autres textes religieux le fondement de leur travail. Mais dans cette langue qui se crée et évolue rapidement, on assiste déjà, dans les quelque cinq cents ans qui séparent le roi Alfred de John of Trevisa (1326-1412), à une évolution considérable des traductions faites à partir d’un même texte, tant sur le plan de la langue que de la philosophie qui préside à l’approche traductrice. Le deuxième chapitre ne couvre qu’une période de deux siècles et demi (1550-1800). Cependant cette période, qui inclut à la fois la Réforme et la Renaissance, peut être considérée comme l’âge d’or de la traduction : si la Réforme continuera …

Parties annexes