La revue fête cette année ses cinquante ans d’existence. On l’aura remarqué avec le numéro UN de ce volume CINQUANTE qui portait sur l’ENSEIGNEMENT de la traduction dans le monde, numéro piloté par Christian Balliu, spécialiste universaliste fort sagace du domaine. Avec sa compétence habituelle, il a su motiver un nombre remarquable d’experts du secteur qui ont présenté, avec chacun leur ample dose d’expérience tirant origine dans plus de quatorze pays, les aspects les plus variés de la pédagogie la plus active. C’est sans nul doute une bonne façon de fêter un anniversaire que de fournir aux lecteurs quatre numéros spéciaux sur des sujets fondamentaux, comme il se devait, META étant une revue internationale « de recherche et de transfert ». Je m’aperçois qu’au fond et sans le vouloir et surtout toute modestie gardée, nous avons ainsi reproduit le classement des livres de la bibliothèque impériale de Chine de l’an 6 avant J.-C. qui, tout en comptant sept catégories de divisions, rangeait les ouvrages nécessaires à l’éducation dans la première rangée et, dans la deuxième, les écrits des autres philosophes ou savants selon la répartition en écoles. Nous sommes donc tout aussi fier de présenter le numéro DEUX de ce volume du CINQUANTENAIRE, deuxième numéro spécial placé sous la direction de Hannelore Lee-Jahnke, spécialiste universaliste fort subtile du domaine, qui, elle aussi, avec autant de brio, a réussi à tirer des experts, théoriciens et praticiens, les visées qui synthétisent le mieux les préoccupations traductologiques. C’est un truisme que de dire que la traduction a beaucoup évolué et qu’elle n’est plus uniquement ou encore systématiquement liée à des textes écrits et conformes à tous égards à certaines normes presque immuables à travers les âges. Aujourd’hui, le mandat traductionnel s’est singulièrement transformé et élargi, tous azimuts. Et les nouvelles perspectives ont gagné d’amples ramifications et s’étendent partout en englobant tout. Il semble bien que la généralisation des multimédias et l’utilisation de plus en plus marquée partout d’Internet ainsi que les modèles représentés de site et les façons de les présenter ont influencé certains types d’écriture et ainsi transgressé et transformé les perspectives habituelles, tout comme la variété et le nombre de langues actives ont multiplié les dimensions pratiques mais aussi théoriques, tant dans les délimitations et les variations des espaces culturels qui se sont trouvés démocratiquement submergés, que dans les données linguistiques qui, elles, se sont imbibées d’apports fort particuliers et bien colorés et aussi d’orientations moins traditionnelles. L’ensemble est devenu extrêmement diversifié dans ses approches et dans ses méthodologies, tout comme dans ses théorisations, et cherche à incorporer les données d’autres secteurs des sciences humaines en grignotant certains aspects de la philosophie, de l’anthropologie, de la sociologie, de la morale, de la géopolitique pour déboucher sur des fragments cognitifs de l’herméneutique, de la sémiologie, de la sémiotique, de la psychanalyse, de l’histoire et du postcolonialisme, par exemple. Le tout est une tentative saine et normale de redéfinir, de façon aussi précise et extensive que possible, les concepts essentiels de traduction et de traductologie, mais peut-être également de culture, d’influence, de transfert, d’adaptation et d’équivalent. On cherche également à se reconnaître à nouveau et à se retrouver dans une nouvelle poursuite d’identité et à redéfinir cette visée autonomiste de la traduction. Aucun secteur d’activités humaines ne peut rester immobile et s’abriter derrière une tradition trop établie. S’il en est ainsi, il faut néanmoins refaire le processus de justification et non le décréter. La perte de la remise en question est synonyme de stagnation qui définit la fin de toute chose. La traduction, on le sait, s’appuie en gros sur trois …
Éditorial[Notice]
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André Clas, msrc
Université de Montréal, Montréal, Canada