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Journal des traducteurs
Translators' Journal
Volume 49, numéro 4, décembre 2004
Sommaire (32 articles)
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Appel à communications/Pour une traductologie proactive
André Clas, Georges L. Bastin, Hélène Buzelin, Jeanne Dancette, Judith Lavoie, Egan Valentine et Sylvie Vandaele
p. 707–709
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Ethics, Aesthetics and Décision: Literary Translating in the Wars of the Yugoslav Succession
Francis R. Jones
p. 711–728
RésuméEN :
This is a participant-interpreter study of how issues of loyalty, ethics and ideology condition the action of a literary translator. A case-study is presented of the author’s socio-ethical dilemmas and decisions while translating Bosnian, Croatian and Serbian literature into English during the 1990s. This aims both to contribute to the socio-cultural historiography of that period and to illustrate how a literary translator might perform in settings of acute socio-cultural conflict. The case-study observations are then used to explore the nature of the literary translator as a textual and social actor. The “constrained autonomy” of the literary translator is seen as having several key implications. Among these are: that all translating acts have ethical and socio-political repercussions; that partiality informed by awareness of the demands of the wider social web may often be a more appropriate stance than neutrality; that the power structures within which the literary translator acts are more important than target language or translating strategy per se in determining source-culture representation, and that time/workload/chance factors may also play a role here; and that confronting Derrida’s indécidable is a defining feature of translator autonomy.
FR :
Cet article examine, du point de vue participant-interprète, comment les questions de loyauté, d’éthique et d’idéologie conditionnent l’action d’un traducteur littéraire. On y présente une étude de cas des dilemmes et décisions socio-éthiques de l’auteur lorsqu’il traduisait la littérature bosnienne, croate et serbe en anglais pendant les années 1990. Celle-ci vise à contribuer à l’historiographie socioculturelle de la période autant qu’à illustrer comment un traducteur littéraire pourrait agir dans un milieu de conflit socioculturel aigu. Ensuite les observations fournies par l’étude de cas sont utilisées pour explorer les caractéristiques du traducteur littéraire comme acteur textuel et social. On y voit plusieurs implications clés qui résultent de « l’autonomie contrainte » du traducteur littéraire. Celles-ci comprennent les considérations suivantes : chaque acte de traduction a des répercussions éthiques et sociopolitiques ; une partialité basée sur la conscience des exigences de la toile sociale élargie est souvent plus convenable que la neutralité ; les structures de pouvoir dans lesquelles le traducteur littéraire agit valent souvent plus que la langue cible ou la stratégie de traduction en soi pour déterminer les représentations de la culture source ; les facteurs de temps, de charge de travail et de hasard pourraient aussi y jouer un rôle ; et le besoin de faire face à l’indécidabilité de Derrida est une caractéristique qui définit l’autonomie du traducteur.
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La traductologie, l’ethnographie et la production des connaissances
Hélène Buzelin
p. 729–746
RésuméFR :
La traductologie s’est récemment enrichie d’un nouveau courant de recherche d’orientation postcoloniale. En ce qu’il remet en question les notions d’équivalence et de transfert sur lesquelles se fondaient les théories traditionnelles, ce courant jette les bases d’un questionnement épistémologique analogue à celui auquel les ethnographes ont procédé, il y a une quarantaine d’années. L’analogie entre la figure de l’ethnographe et celle du traducteur, leur rôle en tant qu’interprètes culturels et écrivains, a fait l’objet de plusieurs analyses. Cet article propose de creuser l’analogie en la resituant toutefois en amont. Il explore en quoi la réflexion des ethnographes sur leurs propres pratiques d’interprétation et sur la production des connaissances peut éclairer, aujourd’hui, celle des traductologues. L’hypothèse qui le sous-tend est la suivante : la perspective ethnographique, en particulier les travaux de Bruno Latour, nous invite à penser la traduction comme un processus de production qui fait appel à des intermédiaires opérant selon une logique de réseau. Dans ce cadre, la traduction-texte n’apparaît plus comme le « simple » reflet des normes d’une société donnée ou de la subjectivité d’un traducteur, mais bien plutôt comme l’expression des relations qui se sont tissées entre ces intermédiaires. Cette conclusion permet de valider les modèles traductologiques fondés sur les notions de dialectisme et d’hybridité, tout en évitant le biais textuel et littéraire qui les caractérise. Ce faisant, elle entraîne un élargissement du débat éthique et ouvre de nouvelles avenues de recherche pour le paradigme descriptif.
EN :
The field of translation studies has only recently opened itself to the postcolonial. Inasmuch as postcolonial translation theories question the notions of equivalence and transfer on which traditional theories of translation were founded, they initiate an epistemological debate resembling that which marked the field of anthropology about forty years ago. A number of studies have explored the analogy between the role of translators and ethnographers as cultural interpreters and writers. This article carries on the investigation by exploring how the reflection of ethnographers on their own (and others’) production of knowledge can enlighten that of contemporary translation theorists. The underlying hypothesis is the following: the ethnographic perspective, Bruno Latour’s work in particular, invites us to conceive translation as a production process that relies on intermediaries operating in networks. Hence, the translated text does no longer appear as the “simple” reflection of the norms of a given society or that of the subjectivity of the translator, but rather as the expression of the relations between the various intermediaries that have participated in its production. This conclusion validates theoretical models based on notions of dialectism and hybridity while avoiding the textual and literary bias that have so far characterized them. By doing so, it calls for a widening of the ethical debate and opens new research avenues in descriptive translation studies.
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Contribution à une épistémologie de la traduction : pour une explicitation des présupposés théoriques
Gaëtan Tröger
p. 747–767
RésuméFR :
En nous efforçant de penser les présupposés de la traduction, nous nous sommes efforcés de mettre en lumière les thématiques d’ordre idéologique qui conditionnent notre représentation de la traduction. Cette réflexion au sujet des limites de la traduction nous a conduit à remplacer les catégories opposées de « langue ordinaire » et « langue poétique » par les catégories de l’informatif et du poïétique. Ces catégories, qui instaurent une nouvelle répartition, c’est-à-dire une différence de degré plutôt que de nature, sont largement autant tributaire de la finalité du texte original que du regard interprétatif du lecteur-traducteur ; deux aspects qui ne peuvent être dissociés que pour des raisons méthodologiques. C’est le sens visé de l’original qui doit constituer le critère normatif de la procédure traductive.
EN :
In trying to reflect upon the presuppositions inherent to translation, we have tried to shed light on the ideological themes which condition our representation of translation. This reflection about the limits of translation has led us to replace the opposed categories of “ordinary language” and “poetic language” with the categories of the “informative” and the “poïetic.” The categories, which create a new repartition, i.e. a difference in degree rather than in nature, rely as largely on the aim of the original text as on the interpretative vision of the reader-translator. These two aspects can only be dissociated for methodological reasons. It is the meaning aimed at by the original text which must be the normative criterion of the translative procedure.
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Herméneutique et traduction : la question de « l’appropriation » ou le rapport du « propre » à « l’étranger »
Jane Elisabeth Wilhelm
p. 768–776
RésuméFR :
L’auteur examine les questions de « l’appropriation » et du rapport du « propre » à « l’étranger », qui traversent toute la tradition de l’herméneutique philosophique, de Friedrich Schleiermacher à Hans-Georg Gadamer et Paul Ricoeur, en rapport avec la traduction. Si l’herméneute est un traducteur pour les grands représentants de la tradition, il importe donc d’examiner comment la traduction est le modèle de l’interprétation. Le texte, en tant qu’écriture appelant la lecture, et donc l’acte d’interprétation, constitue la dimension essentielle de l’herméneutique et le point de rencontre de la réflexion herméneutique et de la traductologie. En s’attachant à décrire le processus de la compréhension et en posant la question du sens, l’herméneutique philosophique peut contribuer, selon l’auteur, aux fondements épistémologiques d’une théorie de la traduction.
EN :
The author examines the problematic of “appropriation” and the question of making “one’s own” what was “alien” in the tradition of hermeneutic philosophy in relation to translation, from Friedrich Schleiermacher to Hans-Georg Gadamer and Paul Ricoeur. If hermeneutics is translation, according to the great philosophers of the tradition, it is crucial to examine how translation can be the model of interpretation. The text as writing, requiring reading and therefore interpretation, is an essentiel dimension of hermeneutics and the point, according to the author, where hermeneutics and translation studies meet. In seeking to describe understanding and the concept of “meaning,” hermeneutic philosophy, for the author, can contribute to the epistemological foundation of translation studies.
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Translation Studies – The State of the Art
Wolfram Wilss
p. 777–785
RésuméEN :
Translation has spoken with growing impact and urgency to mankind for more than two millennia. Not only has it facilitated the understanding of sociocultural structures, economico-political systems, and technological/technical processes; it has also pushed forward our knowledge of the world (including our awareness of “otherness”) and widened our (inter-) linguistic and (inter-)cultural horizon.
FR :
La traduction est une nécessité première pour faire face à l’avenir et acquérir des connaissances nouvelles. Non seulement elle facilite la compréhension des structures socioculturelles, des systèmes économiques et politiques et de l’évolution technique et technologique, mais elle a aussi contribué à diffuser la connaissance du monde (incluant notre conscience de « l’Autre ») dans un ensemble d’interrelations sociales et culturelles et a élargi notre horizon (inter-)linguistique et (inter-)culturel.
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Expériences et théorisation de la traduction littéraire en Chine
Xu Jun et Liu Heping
p. 786–804
RésuméFR :
La traduction de la littérature étrangère a exercé une influence active et positive sur la littérature et la culture chinoises. Au cours du siècle passé, les traducteurs chinois ont accumulé de riches expériences et leurs réflexions sur leur activité ont ouvert une voie précieuse aux études théoriques de la traduction littéraire. Faisant le bilan de leurs expériences et réflexions sur la traduction littéraire, le présent article essaye de présenter brièvement des propos recueillis au cours de 18 entretiens avec 20 grands traducteurs, de dégager 10 problèmes fondamentaux relatifs à la traduction littéraire, d’en exploiter les valeurs théoriques et de fournir une possibilité de théorisation de la traduction littéraire.
EN :
The translation of foreign literature has exerted an active and positive influence on Chinese literature and culture. In the past century, Chinese translators have accumulated rich experience, and their reflections on their practice constitute a precious perspective on the theoretical study of literary translation. Summarizing their experience and reflections on literary translation, the present essay tries to present the gist of 18 dialogues with 20 well-known Chinese translators on ten fundamental problems of literary translation. The paper aims at revealing the theoretical value of the dialogues and to offer a possibility of theorizing literary translation.
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Moving In-Between: The Interpreter as Ethnographer and the Interpreting-Researcher as Anthropologist
Şebnem Bahadır
p. 805–821
RésuméEN :
My starting point in this article is the community interpreter who works in social, medical and legal settings, under specific conditions, confronting very delicate ethical problems. In search of a theoretical framework that accounts for the social roles and cultural identities of the community interpreter I began to re-read the German anthropologist and conference interpreter Heinz Göhring. His articles can be positioned between German Studies (‘Deutsch als Fremdsprache‘), intercultural communication studies (including cultural anthropology) and translation studies. I start out with his view of an ideal translator/ interpreter as cultural expert acting like a “mini-ethnographer” and try to go beyond Göhring by connecting his ideas to the concept of the critical ethnographer as model for a professional community interpreter. In this theoretical discussion I want to show how a synthesis of the framework proposed by Göhring and recent anthropological theories can be used for a new professional profile of the interpreter, not only in community settings but in general. Besides aspects concerning translation/ interpreting politics, I wish to foreground that a re-thinking of interpreter roles would/ should also affect translation/ interpreting pedagogy and research.
FR :
Dans les domaines du droit, de la santé et des services sociaux, l’interprète communautaire se voit confronté à des problèmes éthiques particulièrement délicats. Tout en recherchant un cadre théorique adéquat pouvant expliquer les rôles sociaux et les identités culturelles de l’interprétation communautaire, j’ai entrepris une re-lecture du sociologue et interprète de conférence allemand Heinz Göhring. Ses articles se situent entre les disciplines allemandes comme langue étrangère, les recherches interculturelles, incluant l’anthropologie culturelle, et la traductologie. Dans un premier temps, je décrirai sa perspective du traducteur/interprète idéal comme expert culturel. Ce dernier agit comme « mini-ethnologue ». Je tenterai d’aller plus loin que Göhring en liant sa pensée avec le concept de l’ethnologue critique en tant que modèle pour l’interprète communautaire professionnel. Je voudrais démontrer dans cette discussion théorique comment une synthèse du cadre proposé par Göhring peut être combinée avec des théories anthropologiques actuelles, non seulement dans le domaine communautaire, mais aussi en général. En plus des aspects concernant la politique de la traduction et de l’interprétation, je voudrai souligner que la révision des rôles de l’interprète doit également influencer la pédagogie et les recherches de la traduction et de l’interprétation.
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Towards a Model of Describing Humour Translation: A Case Study of the Greek Subtitled Versions of Airplane! and Naked Gun
Dimitris Asimakoulas
p. 822–842
RésuméEN :
Being rooted in a specific cultural and linguistic context, humour can pose significant problems to translation. This paper will discuss data collected from films in the light of a suggested framework based on script theory of humour initially proposed by Attardo and specifically adapted here for subtitling. The data include such categories as wordplay, where a more ‘semiotic’ approach is employed, comparisons, parody, disparagement and register humour. These data were culled from two films translated into Greek: Airplane! (1980), directed by David Zucker and Jim Abrahams and The Naked Gun: From the Files of the Police Squad (1988), directed by David Zucker, which exhibit a great concentration of verbal humorous sequences and inventive puns. It will be suggested that there was leeway to creatively solve linguistically/culturally based translation problems, although inconsistencies were to be observed.
FR :
Étant spécifique à un contexte et une culture, l’humour peut poser des problèmes majeurs à la traduction. Le présent article analyse les données tirées de films, dans le cadre d’une théorie de script initialement proposée par Attardo et adaptée dans cet article pour le sous-titrage. Les données comprennent des catégories comme le jeu de mots (une approche beaucoup plus sémiotique est utilisée dans ce cas-ci), les comparaisons, la parodie, l’humour bouffon, et le registre humour. Ces données sont tirées de deux films traduits en Grec : Airplane ! (1980) réalisé par David Zucker et Jim Abrahams et The Naked Gun : From the Files of the Police Squad (1988) réalisé par David Zucker. Les deux films font preuve d’une grande concentration de séquences d’humour verbal ainsi que des calembours inventifs. Même si des inconsistances sont notées, il sera montré qu’une liberté d’action est apparente dans la résolution des problèmes d’ordre linguistique et culturel.
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Discourse Markers in Audiovisual Translating
Frederic Chaume
p. 843–855
RésuméEN :
Discourse markers are mostly used for the production of coherent conversation and, especially, to make clear the speaker’s intentions and show what the speaker intends to do with words. In general, there is no one-to-one correspondence between two languages in the field of discourse markers: most of the time their correlates in the target language have not the same pragmatic meaning, constituting a usual pitfall in translation. In the domain of audiovisual translating these particles are often omitted for the sake of brevity or for the meaningful and stroking presence of the parallel image. In this article we will examine the translation from English into Spanish of the particles now, oh, you know, (you) see, look, and I mean, which appear in the cult movie Pulp Fiction and examine how their omission in the translation affects the balance between interpersonal meaning and semantic meaning.
FR :
Le rôle des marqueurs du discours est de rendre une conversation cohérente, et plus particulièrement de mettre en relief les intentions du locuteur, et ce qu’il essaie d’exprimer avec ces mots. De façon générale, il n’y a pas de correspondance mot à mot entre deux langues en ce qui concerne les marqueurs du discours. La plupart du temps, leurs équivalents dans la langue-cible n’ont pas le même sens pragmatique, ce qui constitue un risque au moment de les traduire. Dans le domaine de l’audiovisuel, leur traduction est souvent omise pour des raisons de concision ou parce que l’image parle d’elle-même. Le but de cet article est d’examiner la traduction de l’anglais à l’espagnol des particules now, oh, you know, (you) see, look et I mean, dans le désormais film-culte Pulp Fiction, et de s’intéresser à l’impact de leur omission sur l’équilibre entre le sens des relations entre les personnages et le sens de la sémantique.
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Le défi du procédé synecdoquien en traduction
Antin Fougner Rydning
p. 856–875
RésuméFR :
La première partie du présent article traite du principe synecdoquien, un concept universel central du discours, et par la même occasion de la traduction. Je propose de relier la synecdoque de Lederer (1976 ; 1981 : 1994) qui consiste à voir la formulation linguistique d’un énoncé comme une partie servant à désigner un tout : le sens, à la théorie cognitive de la métaphore et de la métonymie (TCMM) (Lakoff et Johnsen 1980, Langacker 1987, Lakoff et Turner 1989, Gibbs 1994, Panther et Radder 1999 ; Barcelona 2000), où les mots servent de tremplin aux constructions cognitives. Les synecdoques sont les retombées linguistiques de l’édification d’une configuration cognitive. Vu qu’une notion ou une situation est en général conceptualisée différemment dans deux langues différentes, les synecdoques qui servent à véhiculer le sens d’un énoncé discursif ne sont pas les mêmes dans les deux langues. La seconde partie de l’article s’efforce de faire ressortir dans quelle mesure les traducteurs professionnels sont conscients du besoin de recourir à des synecdoques autres que celles du texte de départ en vue de restituer les configurations cognitives qu’ils ont en tête suite à la saisie du sens de formulations aussi bien innovatives que figées. Du fait que les processus mentaux ne se prêtent pas à des observations directes, force est d’inférer ceux-ci à partir des données comportementales du traducteur. Sur la base d’une expérience conduite auprès de trois professionnels de la traduction – le comportement traductionnel desquels est observé à partir de données processuelles générées par deux méthodes in vivo : les protocoles de verbalisation et le logiciel Translog – je tente d’inférer les raisons les ayant incités à opter pour des créations discursives plutôt que pour des correspondances pré-assignées. Je tente enfin de classer leurs procédures de tranfert dans trois catégories : automatique, réfléchie ou explorative.
EN :
The first part of this paper discusses the synecdochial device, a key concept of a universal nature within discourse, and thus translation. I suggest linking Lederer’s view of the synecdoche (1976, 1981, 1994) –, according to which the linguistic formulation is but a part used to designate the whole, i.e. the sense of an utterance – to the cognitive theory of metaphor and metonymy (CTMM) (Lakoff et Johnsen 1980, Langacker 1987, Lakoff et Turner 1989, Gibbs 1994, Panther et Radder 1999, Barcelona 2000), where words are considered as cues for cognitive constructions. The synecdoches are the overt linguistic results of an individual’s ability to construct a cognitive configuration. Due to the fact that a notion or a situation is generally conceptualized differently in two different languages, the synecdoches used to convey the sense of an utterance in discourse will consequently not be the same in the two languages. The second part of this paper sets out to examine to what extent professional translators are aware of the need to resort to new synecdoches in their target text in order to convey the cognitive configurations they have in mind after having grasped the sense of both novel and entrenched linguistic expressions in the source text. As mental processes cannot be observed directly, they need to be inferred from the translator’s behavioural data. Drawing on experiential cases where the professional translators’ behaviour is observed on the basis of data gathered from two process-oriented on-line approaches: think-aloud-protocols and Translog keyboard logging, I attempt to infer the reasons for their choice of translation shifts versus pre-assigned correspondences. I finally suggest classifying their transferring procedures into three categories: automatic, reflected or explorative.
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L’empreinte culturelle des termes juridiques
Florence Terral
p. 876–890
RésuméFR :
La terminologie juridique se caractérise essentiellement par son aspect technique et par le fait que, le droit, en tant que science sociale, dispose d’un vocabulaire dont l’empreinte culturelle est omniprésente. Le problème de la technicité est commun à l’ensemble des langues spécialisées. En revanche, l’empreinte culturelle des termes juridiques est une caractéristique particulière – sans être exclusive – de la langue juridique en ce qu’elle a pour origine l’étroite relation existant entre la langue et les systèmes juridiques. Une étude plus approfondie de cette relation permet de dégager, d’une part, différentes situations d’utilisation de la traduction juridique et, d’autre part, différents types de difficultés résultant de l’empreinte culturelle des termes juridiques. La prise en compte de ces difficultés confirme la nécessité d’éviter, en traduction juridique, l’écueil d’un recours trop systématique aux correspondances terminologiques préétablies.
EN :
Legal terminology has two main characteristics: it is technical, because it uses a specialised vocabulary and it is culturally bound because law is above all a social science. The problem of technicality is common to all languages for special purposes. However, the culturally bound aspect of legal language is particular – though not exclusive – to the legal terminology because of the close relationship existing between legal language and the legal system. A more thorough study of this relationship will show, on the one hand, that different situations in which legal translation is used and, on the other hand, that several specific terminological difficulties of legal translation stem from the relationship between legal language and the legal system. The translator has to be particularly aware of these difficulties to avoid the pitfall of using too systematically predetermined terminological correspondences.
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A Tightrope with a Net
Claudia Monacelli
p. 891–909
RésuméEN :
This is a small-scale, corpus-based study on the effects of lexical repetition, as a cohesive device, on textual coherence. Following Hoey’s work on patterns of lexis (1991), we introduce categories of repetition to consider for ‘automatic’ processing using a concordancer program in order to produce summaries based on clusters of lexical repetition sequences, thus obtaining an outline of a text’s structure. The study’s findings are extended to the analysis of parallel texts: two professional translations of corpus text 1 are examined using the same procedure.
FR :
Basée sur un corpus limité, cette étude examine les effets de la répétition lexicale, comme instrument de cohésion, sur la cohérence textuelle. Suivant le modèle de cohésion lexicale de Hoey (1991), on utilise ses catégories de répétition qui s’adaptent à l’élaboration ‘automatique’ avec un concordancier pour en extraire des sommaires basées sur des groupes de séquences lexicales répétées, et obtenir ainsi la délinéation structurelle du texte. Les résultats sont étendus à l’analyse de textes parallèles: deux traductions professionnelles du texte n° 1 du corpus sont examinées suivant la même procédure.
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Dictionnaires, objets du patrimoine culturel : le vocabulaire du commerce dans différentes communautés linguistiques
Jeanne Dancette
p. 910–919
RésuméFR :
Les dictionnaires, comme les monuments, les églises ou les sites archéologiques, sont des lieux privilégiés de la mémoire. Ils constituent, à ce titre, des éléments du patrimoine culturel à léguer aux générations futures. Ouvrage centralisateur d’un savoir, le dictionnaire spécialisé a, lui aussi, non seulement une dimension d’usage mais aussi une dimension symbolique. Cet article discute cette idée en s’appuyant sur le Dictionnaire analytique de la distribution/Analytical Dictionary of Retailing. Dépositaire de la mémoire et annonciateur du futur, il rappelle les usages disparus ou en voie de disparition, et consigne les formes actuelles ou en devenir. Ainsi, les archaïsmes, les néologismes, les connotations nouvelles, les calques et emprunts de l’anglais sont-ils donnés à titre d’exemple pour illustrer notre propos, en français et en espagnol.
EN :
This article illustrates the well-known idea that dictionaries are depositories of cultural heritage in the same way as monuments, festivals or libraries. As symbolic objects, they are testimonies to historical and cultural realities that need to be perpetuated and transmitted. A contemporary dictionary of retailing is discussed here as encompassing today’s and yesterday’s realities in different parts of the world. More than just a depository of words, this dictionary accounts for habits, customs and usages described in full-fleged encyclopedic articles. Archaïsms and neologisms, new connotations and socio-linguistic factors penetrate and influence the language of trade, creating a tension between local and international usage, with the inevitable dominance of American English in modern retailing. Examples are given in French, English and Spanish.
Études terminologiques et linguistiques
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Translating Computer Abbreviations from English into Spanish: Main Types and Problems
José R. Belda Medina
p. 920–929
RésuméEN :
Many computer terms have entered the Spanish language in recent years. Some of them are widely adopted without any previous modification. The number of English computer abbreviations used in Spanish is constantly increasing. Some of them are well-established, e.g. RAM, ROM, PC, but others have appeared very recently, e.g. WWW, ISP, IRC, HTML. This paper is intended to classify the different types of English abbreviations most commonly used in computer terminology and to identify the most important problems for their translation into Spanish as well as provide some solutions for it.
FR :
L’espagnol a accueilli dernièrement une pléthore de termes informatiques provenant de l’anglais. Certains ont été acceptés sans aucune modification. Le nombre de termes informatiques anglais que l’on emploie en espagnol augmente constamment. Certains termes sont établis depuis longtemps, par exemple, RAM, ROM et PC, mais d’autres viennent d’apparaître, comme WWW, ISP, IRC et HTML. Le but de cet article est de classifier les abréviations anglaises les plus souvent utilisées dans la terminologie de l’informatique et d’identifier les problèmes les plus importants que l’on trouve dans la traduction de ces abréviations vers l’espagnol, en donnant aussi quelques solutions.
Documentation
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Bibliographie
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Lombez, C. (2003) : Transactions secrètes. Philippe Jaccottet, poète et traducteur de Rilke et Hölderlin, Arras, Artois Presses Université, 182 p.
Bloc-notes
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What Does It Take to Work in the Translation Profession in Canada in the 21st Century? Exploring a Database of Job Advertisements
Lynne Bowker
p. 960–972
RésuméEN :
This article contains an investigation into the translation profession in Canada in the 21st century. The aim of this study is to investigate translation from the perspective of those who employ translators by analyzing a database of job advertisements for a variety of translation-related positions that were collected between January 2000 and December 2002. Spurred on by the effects of globalization, the language industry is in a period of change. Based on empirical evidence collected from the database, this article attempts to evaluate the current state of the profession in Canada and to determine what employers are seeking.
FR :
Sous l’impulsion du mouvement de mondialisation qui caractérise le xxie siècle, les industries de la langue connaissent une véritable période de transition. Qu’en est-il de la profession de traducteur au Canada ? C’est la principale question à laquelle le présent article vise à répondre. L’étude dont les résultats sont ici exposés s’appuie sur l’analyse d’offres d’emploi diffusées entre janvier 2000 et décembre 2002 par des employeurs cherchant à pourvoir des postes variés dans le secteur de la traduction. Sur la base des données recueillies, nous brosserons un portrait de l’état actuel de la profession de traducteur au Canada et nous tenterons de déterminer quel est le profil type du traducteur recherché par les employeurs.
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What Do We Know About a Translator’s Day?
Louise Hébert-Malloch
p. 973–979
RésuméEN :
Little is known about a translator’s day. I therefore undertook to videotape a professional translator’s work for approximately 5 weeks. The tapes were then analyzed both at a macroscopic and a microscopic level. The first analysis produced information about general characteristics of his work whereas the second tried to uncover things such as strategies used in problem solving. This article is the summary of a Master’s Thesis defended in 1999 at Glendon College, York University.
FR :
Nous disposons de peu de renseignements au sujet de la journée de travail régulière d’un traducteur. Pour combler cette lacune, le travail d’un traducteur a été filmé pendant environ 5 semaines. Les enregistrements ont ensuite été analysés sur les plans macroscopique et microscopique. La première analyse a révélé des données d’ordre général alors que la deuxième tentait, entre autres, de mettre en lumière les stratégies utilisées dans le cadre de son travail. Cet article est le résumé d’une maîtrise en traduction soutenue en 1999 au Collège Glendon de l’University York.